Eswatini : Prévenir le cancer du col de l’utérus et sauver des vies grâce à une stratégie à volets multiples

Eswatini : Prévenir le cancer du col de l’utérus et sauver des vies grâce à une stratégie à volets multiples

Mbabane - Lorsqu’on a diagnostiqué à Simangele Dlamini une lésion précancéreuse du col de l’utérus, la seule chose à laquelle cette mère de 50 ans, originaire de Mankayane en Eswatini, avait pensé était le bien-être de ses enfants. « Mon mari est décédé en 2017 et je m’inquiétais de savoir qui s’occuperait d’eux si je décédais », confie-t-elle.

Simangele a pu bénéficier de la stratégie à plusieurs volets mise en œuvre par le Gouvernement de l’Eswatini, pour lutter contre les cancers touchant les femmes. La prévalence du cancer du col de l’utérus dans le pays, qui est de 84,5 pour 100 000 femmes, est la plus élevée au monde et est aggravée par la forte prévalence du VIH dans le pays.

Simangele a été diagnostiquée grâce à l’approche du pays consistant à offrir un dépistage systématique du cancer du col de l’utérus aux femmes vivant avec le VIH afin de détecter précocement les lésions précancéreuses. Il est conseillé aux femmes séronégatives de procéder au dépistage du cancer du col de l’utérus une fois tous les deux ans et aux femmes séropositives une fois par an, par la méthode de l’inspection visuelle à l’acide ascétique, comme première étape du dépistage. Sans ces services de dépistage à proposés par le du prestataire, Simangele affirme qu’elle n’aurait jamais su qu’elle avait une lésion qui aurait évolué pour devenir un cancer du col de l’utérus.

L’ablation de la lésion de Simangele a été réalisée au moyen de l’électrorésection à l’anse diathermique, une technique particulièrement efficace, qui reste peu accessible dans les pays en développement en raison, entre autres, de la nécessité de disposer d’un personnel qualifié pour la réaliser.

Nokwethu Mkhumane, infirmière sage-femme et l’une des premières infirmières d’Eswatini à avoir reçu une formation sur l’électrorésection à l’anse diathermique, affirme que les nouvelles compétences qu’elle a acquises contribuent à améliorer l’accès aux services pour les femmes qui en ont besoin. Nokwethu a été formée en 2023 dans un centre hospitalier universitaire (CHU) de la Zambie grâce au soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de la Fondation Bristol Myers Squibb.

« Au cours de ma formation, j’ai réalisé 20 électrorésection à l’anse diathermique. Au départ, je pensais qu’il s’agissait d’une technique simple, mais je me suis rendu compte qu’elle était complexe et qu’elle nécessitait des compétences spécifiques et de l’attention », explique Nokwethu. « La formation a renforcé mes compétences et ma vigilance dans la réalisation des dépistages, afin de détecter toutes les lésions », ajoute-t-elle.

En plus, l’OMS a déployé Dr Samson Chisele, spécialiste en électrorésection à l’anse diathermique d’un CHU en Zambie, en Eswatini en 2023 pour former 20 professionnels locaux de la santé à l’ablation de lésions précancéreuses, une procédure qui n’était jusqu’alors pratiquée qu’à l’hôpital public de Mbabane, dans la capitale du pays.

« C’est motivant de pouvoir aider les femmes. Ce que j’apprécie dans le dépistage du cancer du col de l’utérus, c’est qu’en tant qu’infirmière, je peux prendre en charge la patiente du début à la fin. Si je constate une anomalie, je peux intervenir en retirant la lésion, aidant ainsi la femme à recouvrer la santé », explique Nokwethu.

À la suite de ces formations, les services d’électrorésection à l’anse diathermique ont été décentralisés d’un hôpital vers six autres sites, y compris des centres de santé. Il est également prévu d’ajouter un centre supplémentaire. L’accès aux traitements et aux options de soins pour les cancers touchant les femmes, notamment les cancers du col de l’utérus et du sein, s’est nettement amélioré avec l’ouverture, en 2023, de l’hôpital d’oncologie de Manzini.

La vaccination contre le papillomavirus humain (PVH) constitue une mesure supplémentaire de protection contre le cancer du col de l’utérus pour les jeunes filles du pays. L’Eswatini, avec l’appui de l’OMS, a lancé en juin 2023 la toute première campagne de vaccination contre le PVH, qui a déjà touché 73 % des jeunes filles âgées de 9 à 14 ans. Le vaccin contre le PVH peut prévenir la plupart des cas de cancer du col de l’utérus s’il est administré avant que les filles ou les femmes ne soient exposées au virus.

L’OMS a élaboré le plan d’introduction du vaccin, la micro-planification, la conception de lignes directrices à l’intention des professionnels de la santé et des outils de suivi, notamment une évaluation de l’état de préparation à l’introduction du vaccin contre le PVH et une supervision de soutien. L’OMS appuie également le ministère dans l’élaboration d’un Plan d’action national budgétisé pour l’élimination du cancer du col de l’utérus pour la période 2024 ‒ 2030.  Le Ministère de la santé de l’Eswatini s’est engagé à atteindre les objectifs mondiaux 90-70-90 pour l’élimination du cancer du col de l’utérus d’ici à 2030, mettant le pays sur la voie pour la réalisation de ces objectifs vu qu’il s’agit d’un problème de santé publique.

« Les cancers qui touchent les femmes ont un impact dévastateur sur les futures générations, car les enfants qui perdent leur mère à la suite d’un cancer connaissent des troubles de la santé et des problèmes d’éducation tout au long de leur vie. Nous, à l’OMS, sommes fiers d’avoir joué un rôle aussi important dans la protection et le traitement des femmes et des jeunes filles d’Eswatini, et dans la préservation de l’intégrité des familles », déclare Dre Susan Tembo, représentante de l’OMS en Eswatini.

La famille de Simangele est un exemple typique. « Si mon infirmière ne m’avait pas proposé les services de dépistage, je n’aurais probablement découvert la lésion qu’à un stade trop avancé. Je me sens profondément soulagée d’être hors de danger et de savoir que mes enfants ont encore leur mère pour s’occuper d’eux », conclut Simangele.

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