Renforcement de la qualité des campagnes de vaccination contre la polio à Madagascar

Renforcement de la qualité des campagnes de vaccination contre la polio à Madagascar

Antananarivo – Anja Mandimbisoa, enquêtrice chargée de l'assurance qualité, arrive sur un site choisi au hasard, jette son stylo en l'air et la maison vers laquelle il est dirigé au moment où il atterrit est la prochaine sur sa liste d'évaluation. Avec le consentement des familles, elle vérifie si les enfants du foyer portent sur leur petit doigt, la marque confirmant qu'ils ont été vaccinés contre la poliomyélite.

« Le fait qu'il s'agisse d'une sélection au hasard donne une image fidèle de la couverture vaccinale au niveau du district », explique Anja, une des 16 enquêteurs externes LQAS (Échantillonnage par lots pour l'assurance de la qualité), formés par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans la région d'Analamanga, à Madagascar, afin d'identifier les enfants non vaccinés.

Alors que le pays arrive au terme de son troisième tour de vaccination contre la polio cette année, la réponse témoigne du fait que le travail d'éradication de la polio ne s'achève pas à la fin d'un tour de vaccination. Ce sont plutôt les actions menées entre les campagnes qui font toute la différence.

Grâce à des évaluations complètes après la campagne, Madagascar a réussi à améliorer la qualité de la vaccination, qui est passée de 63 % lors du premier tour de vaccination en mai 2023, à 86 % lors du deuxième (juillet 2023), et à 88 % lors du troisième tour en septembre.

Cette amélioration permet d'espérer la maîtrise de l'épidémie du variant du poliovirus qui a débuté en septembre 2020. Depuis lors, 49 personnes au total ont été paralysées et 226 échantillons ont été testés positifs pour la circulation du variant du poliovirus de type 1. Fait unique, deux des cas signalés en 2023 sont des adultes âgés de 32 et 29 ans.

Dirigée par le Ministère de la santé de Madagascar, avec le soutien de l'OMS et des partenaires de l'Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite (IMEP), la dernière campagne nationale de vaccination a permis d’administrer plus de 18 millions de doses de vaccin entre le 5 et le 8 septembre 2023. Les équipes sur le terrain ont vacciné près de 19 millions de personnes susceptibles de contracter ce virus handicapant, qui peut entraîner la paralysie et même la mort en quelques jours.

L'OMS ne prend pas seulement en compte les données quantitatives, mais aussi les indicateurs qualitatifs. Les évaluations LQAS, un outil mis en place dans les années 1920 comme méthode de contrôle de la qualité dans le secteur manufacturier, s'avèrent aujourd'hui utiles dans le contexte de la santé publique. 

Les activités de vaccination supplémentaires sont essentielles pour l'éradication de la poliomyélite. Elles sont destinées à compléter, et non à remplacer, la vaccination de routine et visent à rompre la circulation du poliovirus en administrant à chaque enfant de moins de cinq ans deux doses de vaccin antipoliomyélitique oral, indépendamment de toute vaccination antérieure.

Le suivi régulier des données après une campagne de vaccination peut s'avérer peu fiable, par exemple en montrant des niveaux de couverture élevés dans pratiquement toutes les zones, y compris celles où le virus pourrait circuler. Pour relever ce défi, l'OMS a introduit le LQAS numérique en 2009.

Cette méthode d'enquête évalue les preuves de la qualité de la campagne à la suite d'activités de vaccination supplémentaires dans des zones prédéfinies (appelées sites), à l'aide d'un échantillon de petite taille. L'enquête identifie les sites ne présentant pas de preuves suffisantes d'une couverture vaccinale élevée sur la base des résultats d'un échantillon de 60 enfants situés dans six sites sélectionnés de manière aléatoire (quartiers, villages, zones, régions, etc.). Pour que la couverture vaccinale soit considérée comme acceptable, au moins 57 des 60 enfants doivent porter la marque de vaccination sur le petit doigt de la main gauche.

« Le secret consiste à préparer correctement le prochain tour de vaccination dès que le tour actuel se termine, en évaluant les risques, les enseignements tirés et en convenant rapidement de la prochaine commande de vaccins pour mettre fin à la transmission de la poliomyélite à Madagascar. Les indicateurs clés, tels que les LQAS, sont essentiels pour identifier les domaines sur lesquels nous devons nous concentrer afin de mieux soutenir le pays, techniquement et financièrement », explique le Dr Laurent Musango, Représentant de l'OMS à Madagascar.

Une fois que les enquêteurs ont terminé leur travail dans un district, les résultats sont archivés et partagés via l'outil électronique Open Data Kit, ce qui permet de soumettre les données au niveau central en temps opportun.

La Dre Yvonne Kabenga, épidémiologiste à l'OMS, présente à Madagascar pour superviser l'activité et observer les résultats de la dernière campagne de vaccination à Analamanga, dans le centre du pays, indique qu'elle s'est rendue compte, lors de la phase d'évaluation que l'encre des marqueurs s'effaçait très rapidement.

« C'est soit parce que la qualité des marqueurs n'était pas idéale, soit parce que les vaccinateurs ne marquaient pas les enfants correctement. Nous en avons pris note pour le prochain tour, afin de nous assurer que nous nous procurons de meilleurs marqueurs et que nous donnons de meilleures instructions aux équipes de vaccination », explique-t-elle.

Les observateurs indépendants soutiennent également les efforts d'évaluation au cours de la campagne et, grâce à ces données détaillées, Madagascar a rapidement mis en œuvre les enseignements tirés des précédentes campagnes de vaccination, en se concentrant sur les zones prioritaires où la propagation de la poliomyélite constitue un risque.

En définitive, le système de coordination a été renforcé aux niveaux central, régional, du district et de la communauté. Les autorités sanitaires nationales, avec le soutien de l'OMS, ont également renforcé la surveillance active et environnementale afin d'identifier les cas potentiels. L'OMS envisage maintenant d'ouvrir de nouveaux sites de surveillance environnementale afin de collecter des échantillons supplémentaires d'eaux usées dans les endroits où le virus pourrait circuler.

En plus, les équipes identifient désormais les personnes remplissant les conditions requises pour être vaccinées avant les campagnes de porte-à-porte, et les sensibilisent par des réunions d'information et la diffusion de messages clés. Ce travail est fait en collaboration avec les responsables politiques, religieux et traditionnels afin de lutter contre la désinformation qui pourrait conduire au refus de la vaccination.

Le Dr Ndoutabe Modjirom, responsable des équipes d'intervention rapide contre la polio au Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique, confirme que Madagascar doit poursuivre ses efforts en vue « d’atteindre les enfants et les adultes sous-vaccinés et de les protéger contre tous les antigènes, et pas seulement contre la polio, pour éviter une résurgence à l'avenir ».

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Monge Marta Villa

Communications Officer
Polio Eradication Programme
WHO Regional Office for Africa
Email: mongem [at] who.int (mongem[at]who[dot]int)  
Tel: + 34 636 04 76 79

Flora Dominique ATTA

Chargée de communication
Bureau pays OMS Madagascar
Tél. : 00261 32 11 463 63

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