Vaccination : Le Burundi engagé à ne laisser aucun enfant derrière !
« Je suis très heureuse de venir dans ce centre de santé aujourd’hui pour faire vacciner mon dernier né, comme je le fais depuis que j’ai eu mon premier enfant », confie dame Kwizera Esperance, la trentaine révolue, résidant au quartier Kinama, Bujumbura. « La vaccination est très importante, car elle protège les enfants contre les maladies et leur permet d’être en bonne santé », affirme cette mère de 3 enfants qui explique son respect scrupuleux du calendrier vaccinal de ses enfants par le fait que, grâce à la vaccination, ils grandissent bien et sont bien portants.
La vaccination est la meilleure arme pour se protéger contre les maladies graves et certains cancers. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), entre 4 à 5 millions de vies sont sauvées chaque année grâce à cet acte simple de prévention et de protection.
Conscientes du fort pouvoir de la vaccination, qui permet d’être à l’abri de certaines maladies, les autorités politiques et médicales burundaises s’évertuent à doter le pays d’un système vaccinal efficace et performant à travers le Programme Elargi de Vaccination (PEV), qui fête ses 44 années d’existence dans le pays. « Le PEV a débuté ses activités au Burundi en 1980 avec des vaccins contre uniquement six maladies. Aujourd’hui nous en sommes à 12 maladies évitables par la vaccination », indique Dr Jean-Claude Bizimana, le directeur du PEV. « Nous avons enregistré des progrès. Nous ne rencontrons plus de cas de coqueluche et de diphtérie. Nous enregistrons de moins en moins des cas d’enfants victimes de handicaps dus à la poliomyélite. Nous en sommes presque à la phase d’éradication. Au vu de tous ces bénéfices de la vaccination, il est clair qu’on ne peut s’en passer », relève-t-il.
Dr Bizimana explique ces avancées par le fait que le pays dispose des services de santé dans un rayon n’excédant pas 5 km, dans plus de 80 % du territoire où les services de vaccination sont disponibles.
Malgré ces dispositifs mis en place pour permettre à tous d’avoir accès aux vaccins, plusieurs défis restent à relever par le PEV pour arriver à une couverture vaccinale effective en vue de tendre vers la Couverture sanitaire universelle et la réalisation des Objectifs du développement durable (ODD).
Parmi ces défis se trouvent l’augmentation du nombre d’enfants zéro dose et d’enfants insuffisamment vaccinés, c’est-à-dire qui reçoivent juste la première dose du vaccin ayant cinq antigènes (Penta1) ne retournent plus dans les centres de santé pour être à jour de leur vaccination. D’autres défis concernent les communautés ou les personnes réfractaires à la vaccination.
Face à ces défis, le Gouvernement s’investit dans la sensibilisation intensive. « Nous nous basons essentiellement sur la sensibilisation des populations à travers plusieurs canaux de communication. Nous utilisons les médias, les réseaux sociaux et nos méthodes traditionnelles de mobilisation sociale avec l’implication active des communautés », explique Dr Jean-Claude Bizimana. « Par cette stratégie de communication qui fait intervenir tous les acteurs clés, nous parvenons à convaincre progressivement les uns et les autres. J’en veux pour preuve la récente campagne de riposte contre la polio en 2023. Au départ, on avait eu beaucoup de réticences, mais lors des deux derniers passages, les hésitations ont été dissipées, parce que nous avons mis à contribution tout le monde. » A l’issue de cette campagne de vaccination contre la polio, le taux de couverture vaccinale était de 110% et le pays maintient son statut exempt de poliovirus sauvage.
Cette approche communautaire s’avère payante et permet d’élargir la couverture vaccinale du pays. En effet, selon l’enquête de couverture vaccinale de 2022, le taux d’enfants ayant reçu tous les vaccins avant leur premier anniversaire était estimé à 88,6 %.
Cette performance louable est due aux actions clés entreprises, estime Dr Hilaire Ninteretse, point focal chargé de la vaccination au bureau de l’OMS au Burundi. « L’intégration de l’administration de la vitamine A et du déparasitage dans la vaccination de routine a joué un rôle essentiel dans l’amélioration de la couverture vaccinale. La lutte contre les épidémies de rougeole et de poliomyélite a également beaucoup contribué à la réussite de la vaccination », indique-t-il.
Aussi, au nombre des initiatives prises pour améliorer davantage la couverture vaccinale figurent notamment avec la mise en place de stratégies de rattrapage des enfants zéro doses et insuffisamment vaccinés, et le renforcement de la surveillance des maladies évitables par la vaccination pour réduire les risques d’épidémies.
Le pays bénéficie ainsi de l’appui de l’OMS et d’autres partenaires qui permet de mettre à la disposition du PEV des experts, d’organiser des activités de surveillance, ainsi que de différentes évaluations, sans oublier le renforcement des capacités à tous les niveaux avec le transfert des compétences.
Tous les efforts du Gouvernement et des partenaires permettent de gagner progressivement l’adhésion de tous à la vaccination et faire profiter la population de ses bienfaits. Comme le rappelle dame Odette Ndikuriyo, mariée et mère de 4 enfants. « Quand on suit bien le calendrier vaccinal, les enfants grandissent mieux et ont une excellente santé », affirme-t-elle. « Avec la vaccination, les enfants ne tombent pas malades fréquemment. Ce qui donne le temps à nous parents de vaquer à nos occupations pour entretenir la famille. »