Le Bénin en bonne voie pour l’élimination des hépatites virales d’ici à l’horizon 2030
Les hépatites virales sont considérées comme des maladies prioritaires et prises en compte dans le Plan national de développement sanitaire 2018-2022. Selon les statistiques nationales, la prévalence nationale chez les donneurs de sang en 2013 est de 9,3 % pour l’hépatite B et de 1,3% pour l’hépatite C. Depuis 2017, le Bénin s’est résolument engagé à éliminer les hépatites virales ces « tueuses silencieuses » d’ici l’horizon 2030. Le dépistage et la vaccination des personnes à risque constituent la clé de la riposte notamment au profit du personnel de santé et des femmes enceintes.
Renforcer la protection des soins à travers le dépistage du personnel de santé
« En tant qu’agent de santé exerçant ou en formation, nous sommes exposés plus que la majorité du fait de risques élevés de contact avec les liquides biologiques émanant des patients infectés par les hépatites virales » explique Sandoto Yambo étudiant en troisième année à l’Institut National Médico-Sanitaire (INMeS) de l'Université d'Abomey Calavi.
Tout comme le jeune étudiant Sandoto, ils ont été des milliers à se faire dépister des hépatites B et C dans le cadre de la campagne nationale lancée par le Ministère de la Santé à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les hépatites au Bénin. Ce 28 Juillet 2022, le Bénin vient de faire un pas de plus vers l’atteinte de l’objectif d’élimination de l’hépatite virale d’ici 2030 en permettant à tous les agents de santé de connaître leur statut sérologique.
En effet, il s’agit d’une cible particulièrement à risque. « Dans les établissements de soins (hôpitaux ou cliniques), il existe un risque élevé que le personnel de santé à savoir les médecins, infirmiers, aides-soignant(e)s, techniciens de laboratoires, agents d’entretien…) soit en contact avec des patients atteints de maladies infectieuses ou manipuler des produits potentiellement dangereux notamment les liquides biologiques » explique Dr Ulrich VODOUHE, Vice doyen de l’Unité de formation et recherche de la Faculté des Sciences de la Santé (FSS) de l’Université d’Abomey Calavi. Dans ces cas, une transmission au patient par le personnel soignant est possible lors d’actes à haut risque d’exposition au sang au cours desquels le soignant peut entrer en contact avec des instruments tranchants, des pointes d’aiguilles ou de lésions cutanées par lesquels le sang du soignant entre en contact direct avec la plaie chirurgicale.
Une situation qui a motivé le vote de la loi N° 2017.28 du 1er décembre 2017 portant prévention, prise en charge et contrôle des hépatites B et C en République du Bénin qui stipule que la vaccination contre l'hépatite B est obligatoire à l'embauche des personnels de santé, des militaires et paramilitaires et des enseignants.
« Pour chaque agent de santé qu’il soit en formation ou en exercice, il est demandé un bilan minimal de santé qui inclut le contrôle sérologique afin de dépister les hépatites virales mais malheureusement le coût élevé ce diagnostic reste un facteur de blocage » a expliqué Pr. Lisette ODOULAMI, Directrice de l’Institut National Médico-Sanitaire du Bénin (INMeS).
Ainsi le personnel de santé sain est orienté vers l’immunisation à travers la vaccination contre les hépatites B tandis que le patient infecté est pris en charge afin de réduire sa charge virale. A ce jour la prise en charge est gratuite pour le personnel de santé. « Le gouvernement du Bénin ne lésinera sur aucun effort pour assurer à moyen terme le contrôle des hépatites virales afin que le pays se rapproche de l’objectif d’élimination des hépatites virales à l’horizon 2030 » a rassuré le Prof Benjamin HOUNKPATIN, Ministre de la Santé lors de la campagne de dépistage des agents.
Rompre la chaîne de transmission dès la naissance pour une génération « Zéro Hépatites »
Le Bénin s’est également engagé à éliminer les hépatites virales ces « tueuses silencieuses » d’ici l’horizon 2030 à travers la protection des nouveau-nés dès les premières 24 heures de vie. Depuis Octobre 2020, le Bénin a introduit le vaccin contre l'hépatite B dans le Programme Elargi de vaccination (PEV) afin de rompre la chaîne de transmission. Aujourd'hui, mieux qu'hier, les appréhensions des professionnels de la santé devant un nouveau-né dont le statut de la mère par rapport à l'hépatite est inconnu sont définitivement levées.
Comme le confirme Dr Rodrigue CAKPO ZANOU, Médecin coordonnateur de la Zone sanitaire Cotonou VI, « Chaque nouveau-né reçoit systématiquement une dose de vaccin contre l’hépatite B afin de le protéger contre la transmission du virus au cas où l’un des parents est séropositifs afin de rompre la chaîne de transmission entre la mère et l'enfant ».
Un véritable soulagement pour les nouvelles mamans. « Dès la sortie du bébé la sage-femme m’a expliqué qu’il va se faire administrer le vaccin contre l’hépatite B et ceci gratuitement. Connaissant les ravages que cette maladie a occasionnés dans mon entourage, je suis contente que mon enfant soit protégé dès ses premières heures de vie afin qu’il n’y ait aucun risque dans le futur. Le traitement contre cette maladie est particulièrement coûteux et mon époux et moi n’avons pas les moyens d’y faire face » confie Amegnadji Kayi Victoire qui a accouché quelques heures plus tôt au centre de santé de Houenoussou à Cotonou.
« En 2019, le Bénin était à environ 20% de couverture vaccinale des naissances vivantes contre l’hépatite B mais depuis lors avec l’engagement du gouvernement, le pays enregistre les meilleurs taux de couverture vaccinale. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que le pays a atteint 100% des naissances dans un centre de santé ou déclarées bénéficient gratuitement de doses de vaccins contre l’hépatite B dans les 24 heures de vie. » explique le Médecin coordonnateur de la Zone sanitaire Cotonou VI. Pour y arriver les conditions ont été créées par le Programme National de Lutte contre les hépatites (PNLH) afin que toutes les maternités des centres de santé soient approvisionnées régulièrement en vaccins contre l’hépatite B afin que dès la salle d’accouchement, le nouveau-né puisse bénéficier de sa dose de protection.
Par ailleurs, grâce aux orientations politiques et aux programmes de formation mis à disposition par l’Organisation mondiale de la Santé, les sages-femmes ont pu renforcer leur capacité en matière de suivi des registres de vaccination contre l’hépatite B, ainsi que la sensibilisation menée auprès des mères qui accouchent à domicile. « Dès les consultations prénatales, nous sensibilisons les femmes enceintes sur l’importance des vaccins de routine y compris celui contre l’hépatite B essentiel pour protéger leurs enfants des risques de contamination et la nécessité d’accoucher dans les centres de santé afin de faire bénéficier leurs enfants des vaccins gratuits » explique Mme Kouveglo Françoise, sage-femme au centre de santé de Houenoussou à Cotonou. Par ailleurs, le dépistage de l’hépatite B est obligatoire pour les femmes enceintes ou plus tard au sixième mois de grossesse. Une précaution qui permet de détecter le virus et de protéger le nouveau-né. Cependant, depuis 2009, année où l’OMS a recommandé l’administration d’une dose de vaccin anti-hépatite B à la naissance, seuls 14 pays de la Région ont effectivement introduit ce vaccin dans leurs programmes de vaccination systématique.
Représentante Résidente p.i de l'OMS au Bénin
Email: bissoumaledjout [at] who.int (bissoumaledjout[at]who[dot]int)
Chargée de Communication
OMS Bénin
Email: akomatsria [at] who.int (akomatsria[at]who[dot]int)