L’OMS apporte une assistance médicale aux habitants des sites de déplacés de Gatumba en partenariat avec l’ONG Global Peace Chain sur le financement du Gouvernement du Japon.
« Les conditions dans lesquelles nous vivons ici sont très difficiles. Nous sommes exposés à plusieurs maladies. Nous n’avons pas suffisamment à manger. Avec les mauvaises conditions de logement et le niveau élevé de l’insécurité alimentaire, les enfants sont faibles et tombent souvent malades ». Dame Manirambona Evelyne, 35 ans et mère de 5 enfants, décrit ainsi son quotidien depuis 3 ans qu’elle a élu domicile sur le site des déplacés de Sobel à Maramvya, localité située à une vingtaine de kilomètres de Bujumbura. Cette banlieue de la capitale burundaise abrite depuis plus de trois ans des déplacés victimes des inondations survenues en 2021-2022 à Gatumba. La précarité de la vie sur ce site rend très vulnérables les hommes, les femmes et les enfants qui y vivent. « Mon enfant a eu des difficultés à la naissance, ce qui a affecté son développement normal. Il ne peut pas marcher, ni manger tout seul. Je dois le porter tout le temps, ce qui m’empêche de vaquer à d’autres occupations pour subvenir aux besoins de mes 4 autres enfants », se lamente dame Vyizigiro Eliane, 32 ans, dont la maison a été détruite suite aux inondations à Gatumba.
En effet, Gatumba, située à quelques encablures de Bujumbura, est l’une des zones les plus touchées par des catastrophes naturelles et autres aléas climatiques. Ces trois dernières années, des maisons y ont été détruites, des écoles, des centres de santé et des cultures ont été inondés. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), environ 40 000 personnes ont été affectées par les inondations dans cette zone et parmi elles, 13 000 ont dû quitter leurs maisons. Elles se sont installées, entre autres, dans des sites de déplacés. Les inondations de 2023 se sont produites alors que plus de 5 000 personnes vivaient encore dans des camps après avoir perdu leur maison lors des inondations de 2022. Cette augmentation du nombre de déplacés installés a rendu difficiles les conditions sur ce site où les habitants sont sujettes à des problèmes d’insalubrité, de malnutrition et de santé.
Pour soulager la souffrance de ces populations, l’ONG Global Peace Chain (GPC), en collaboration avec le Ministère de la santé publique et de la lutte contre le Sida (MSLPS), le Ministère de la solidarité et l’OMS, sur le financement du Gouvernement du Japon, a initié un projet intégré pour porter assistance aux habitants de ces sites, à travers des séances de sensibilisation, de consultations prénatale et postnatale, de planification familiale, de santé de la reproduction, de protection contre les maladies liées aux mains sales et le paludisme.
Le lancement officiel dudit projet a eu lieu le 06 septembre 2023 sur le site de déplacés de Sobel, en présence des délégués du MSPLS, du Représentant de l’OMS, du Directeur pays de l’ONG Global Peace Chain, des communautés vivant sur le site et des autorités administratives locales. Le représentant du MSPLS s’est réjoui de cette initiative en faveur de la santé et du mieux-être des populations déplacées. « Au nom du MSPLS, je voudrais louer le travail qui se fait ici sur ce site à travers l’assistance médicale apportée aux habitants de ce camp. Toutes mes félicitations et encouragements à tous les partenaires qui appuient le Ministère de la santé dans l’amélioration de la santé de la population. C’est une importante initiative qui vient à point nommé, vu les besoins de cette population », a déclaré Dr. Emmanuel Ngabireyimana.
Le Directeur Pays de l'ONG Global Peace Chain Burundi, a rappelé que son équipe est présente sur les camps de déplacés de Sobel et Kinyinya 2 depuis le 29 août 2023 où plus de 680 patients ont été gratuitement consultés, avec une prise en charge médicamenteuse gracieuse. « Nous avons réalisé gratuitement des examens pour plus de 100 patients au laboratoire, et plus de 100 femmes enceintes ont bénéficié d'examens d'échographie gratuits. Aujourd'hui, nous sommes venus avec nos partenaires pour soutenir les 315 familles du camp de déplacés de Sobel, ainsi que les 315 familles situées à Gatumba, en leur fournissant des kits de dignité et d'hygiène. Cela vise à lutter contre leur vulnérabilité et à améliorer leurs conditions d'hygiène dans les camps », a souligné Dr. Dr VOUOFO Brondon Niguel.
Après avoir exprimé sa gratitude aux autorités burundaises pour les efforts consentis en vue de reloger les sinistrés et permettre à la communauté humanitaire d'apporter son soutien, le Représentant de l’OMS au Burundi, Dr. Xavier CRESPIN, a remercié le Gouvernement du Japon pour sa contribution au secteur de la santé. Il en a aussi appelé à d'autres partenaires de se joindre à l'effort en faveur de cette population victime de catastrophes naturelles.
Cette campagne d’assistance médicale gratuite et de sensibilisation est prévue pour s’étendre sur une période d’un mois avec des offres de services comprenant des consultations médicales, des échographies pour les femmes enceintes, des tests de dépistage du paludisme, du VIH/SIDA, de grossesse, des consultations prénatales, la prise en charge médicamenteuse, la distribution de kits d’hygiène, des séances de sensibilisation et la prise en charge des enfants présentant des signes de malnutrition.
« Je suis très contente de cette initiative. Car avec nos conditions de vie ici, les enfants sont souvent malades. J’ai pu les amener voir le médecin, et on nous a donné des médicaments. Moi-même j’ai pu faire une échographie, car je suis enceinte de mon sixième enfant. J’ai pu avoir des médicaments pour traiter une infection que j’ai attrapée à cause des sanitaires mal entretenues », s’est réjoui dame Manirambona Evelyne. Tout comme dame Nayigihugu Pascasie, qui vit sur le camp depuis 2 ans dans ce camp de déplacés avec mon mari. « Je suis venue me faire soigner contre des maux de tête et on a trouvé que je souffrais de la malaria. J’ai pu avoir des médicaments et aussi on m’a prodigué des conseils sur comment utiliser efficacement la moustiquaire et observer une bonne hygiène autour de notre abri afin d’éviter la prolifération des moustiques », a-t-elle témoigné.
A travers ce projet intégré, GPC, avec les partenaires dont l’OMS et le Gouvernement du Japon, veut contribuer à la réduction de la mortalité maternelle, néonatale, et infantile ; et la morbimortalité liée au paludisme et maladies liées aux mains sales dans les camps de déplacés. Au total, 2.000 personnes sont ciblées pour être sensibilisées sur le Choléra, le Paludisme, la planification familiale, la santé de la reproduction, les consultations prénatales et les violences basées sur le genre. De même, il est envisagé que 5.000 personnes déplacées (femmes, filles, hommes, personnes âgées, femmes enceintes et handicapés) bénéficient, de la période du 29 août au 29 septembre 2023, des services gratuits de la Clinique Mobile de l’ONG Global Peace Chain pour leur santé et leur mieux-être.