Un an après, quel bilan pour la Déclaration de Yaoundé sur le paludisme ?
Yaoundé - Le 6 mars 2024 - Le Cameroun, aux côtés de dix autres pays d’Afrique lourdement touchés par le paludisme à savoir : Burkina Faso, Ghana, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, République Démocratique du Congo, Soudan, Ouganda et la Tanzanie, s’engageait fermement dans la lutte contre la maladie à travers la Déclaration de Yaoundé. Douze mois après cet acte politique majeur, où en est le pays dans la mise en œuvre de ses engagements ? Tour d’horizon des progrès réalisés et des défis à relever.
Une gouvernance renforcée pour une coordination plus efficace
Le Cameroun a amorcé une réforme structurelle de sa gouvernance en matière de lutte contre le paludisme. L’une des principales avancées est la création, le 12 décembre 2024, d’un Comité interministériel chargé de coordonner et suivre la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de la Déclaration de Yaoundé avec l’appui de l’OMS et d’autres partenaires techniques et financiers.
Des efforts soutenus pour élargir l’accès à la prévention
En matière de prévention, des campagnes massives de distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA) ont été menées dans huit des dix régions du pays. Le taux de couverture des ménages est passé de 65 % en 2023 à 80 % en 2024. Les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, cibles prioritaires, continuent de recevoir des MILDA gratuitement lors des consultations prénatales et des campagnes de vaccination.
Par ailleurs, la couverture du Traitement Préventif Intermittent chez la femme enceinte (TPIg) s’est améliorée, atteignant 51,8 % en 2024. Dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord, la Chimio-prévention du Paludisme Saisonnier (CPS) a touché plus de 2,1 millions d’enfants, avec une couverture impressionnante de 97,2 %.
Cependant, la Chimio-prévention du Paludisme Pérenne (CPP), destinée aux nourrissons lors des consultations prénatales, reste en deçà des objectifs, avec seulement 272 891 enfants protégés en 2024.
À noter également, le lancement de la vaccination contre le paludisme dans 42 districts de santé : 35 614 enfants ont reçu leur troisième dose (VAP3), avec une couverture de 56 %. Ce dispositif semble déjà porter ses fruits : une baisse significative des cas de paludisme a été enregistrée chez les moins de cinq ans – 266 917 cas en 2024 contre 333 805 en 2023. Cameroun : des enfants en meilleure santé un an après l’introduction du vaccin contre le paludisme | OMS | Bureau régional pour l'Afrique
Amélioration de la prise en charge et accès aux soins
Grâce à la disponibilité accrue des tests de diagnostic rapide (TDR) et des traitements gratuits, la prise en charge du paludisme s’est améliorée, y compris dans les zones rurales. L’introduction progressive de la Couverture Santé Universelle (CSU) permet désormais d’élargir la gratuité des soins à une plus grande partie de la population.
Des efforts financiers encore à renforcer
L’engagement du gouvernement et des partenaires internationaux (OMS, Fonds mondial, UNICEF) a permis d’augmenter les ressources allouées à la lutte contre le paludisme. Les parlementaires ont également apporté leur soutien à travers des actions de plaidoyer. Toutefois, le financement demeure inférieur aux besoins, mettant en péril certaines interventions essentielles.
Défis à surmonter
La lutte reste confrontée à plusieurs défis :
- Renforcer la distribution régulière des MILDA et mettre en œuvre la pulvérisation intra-domiciliaire,
- Assurer un approvisionnement constant en TDR et médicaments dans toutes les formations sanitaires
- Consolider la collaboration intersectorielle pour une approche globale ;
- Intensifier l’engagement communautaire, notamment dans les districts à haut risque ;
- Trouver de nouveaux financements face au désengagement progressif de certains bailleurs de fonds.
Une dynamique prometteuse, à consolider
La Déclaration de Yaoundé a jeté les bases d’une réponse nationale plus robuste au paludisme. Si les progrès sont notables, leur pérennisation dépendra de l’intensification des efforts, d’un engagement communautaire fort, et d’une mobilisation accrue des ressources, tant au niveau national qu’international. La lutte contre le paludisme, au Cameroun comme ailleurs, reste un combat de longue haleine.