Aux Comores, tous les enfants nés de mère séropositive sont sains
Moroni – Nadja* a appris sa séropositivité il y a deux ans, alors qu’elle préparait son mariage. « J’ai eu du mal à le croire au début », raconte-elle. Huit mois après les noces, la jeune dame tombe enceinte, mais la joie cède la place à l’angoisse. « Je craignais pour le bébé. Il n’avait rien fait mais il risquait quand même, par ma faute, de naître séropositif. Cette idée me rendait de plus en plus inquiète », poursuit la trentenaire.
Comme l’ensemble des femmes enceintes séropositives aux Comores, Nadja bénéficie d’un accompagnement dans le cadre d’un programme de prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME). Ce suivi médical et psychologique permet de protéger les enfants nés de mères séropositives d’une éventuelle contamination lors de la grossesse ou de l’accouchement.
Aux Comores, la PTME est un axe prioritaire de la politique nationale de lutte contre le VIH/sida. Selon le plan stratégique national de lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et le VIH/sida pour la période 2021-2025, élaboré en avril 2021, la prévalence du VIH chez les femmes enceintes est 0,03 % dans le pays.
Dans le document, le ministère de la Santé s’est assigné entre autres objectifs d’éliminer toute transmission de la mère à l’enfant. Pour atteindre cet objectif, les travailleurs de la santé intervenant dans le suivi de la grossesse jusqu’à l’accouchement ont été formés à la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH).
« Nous avons été outillés pour bien sensibiliser les femmes enceintes lors de leur première consultation prénatale. En effet, toute la stratégie de la PTME se repose sur l’acceptation des femmes à connaitre leur statut sérologique », explique Ichata Hassani, sage-femme à la maternité du centre hospitalier national El’maarouf de Moroni, qui fait partie des soignants formés avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Au début cela n’a pas été facile à cause de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH », reconnait-elle.
Après le dépistage, la prise en charge se met en place automatiquement pour celles déclarées positives. « Toutes les femmes enceintes séropositives sont mises sous traitement, et toutes donnent naissance à des enfants sains », se félicite-t-elle. « Les résultats positifs obtenus nous ont beaucoup aidé. »
Grâce au succès de cette stratégie de prévention de la transmission, les femmes enceintes acceptent de se faire dépister facilement.
« Une fois le cas détecté, la femme est envoyée chez le médecin référent qui fait un suivi des bilans, la met sous traitement et l’accompagne jusqu’à la naissance de l’enfant. Le nouveau-né est ensuite pris en charge et mis sous traitement pendant un mois », détaille Souef Anima, Responsable de la PTME et de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH à la Direction de lutte contre le Sida (DLS). « Lorsque le nouveau-né a un mois, nous faisons un test, qui est généralement négatif. »
Aux Comores, en 2021, 100 % des femmes enceintes séropositives ont été mises sous ARV et ont bénéficié de la PTME et 100 % des nouveau-nés ont été testés négatifs. D’ici à 2025, les Comores veulent atteindre l’objectif zéro nouvelle infection chez les nourrissons nés de mère séropositive, 75 % de femmes enceintes doivent connaitre leur statut sérologique et 75 % de réduction du nombre de nouvelles infections par rapport à celui de 2020.
Les Comores sont en bonne voie d’éliminer le Sida comme problème de santé publique. Selon les données de la DLS, le pays compte à ce jour 85 PVVIH, toutes sous traitement antirétroviral. Pour Souef Anima, la réussite du programme tient à la disponibilité du traitement, à l’efficacité des mesures de prévention, au renforcement du dépistage chez les jeunes et au dépistage précoce chez les femmes enceintes.
« Le succès de la stratégie des Comores visant à lutter contre la transmission du VIH de la mère à l'enfant repose sur un engagement fort des autorités sanitaires et devrait permettre au pays d'atteindre prochainement les objectifs d'élimination de la maladie », relève Dr Nassuri Ahamada, Responsable de la lutte contre le VIH/Sida à OMS Comores. « Arrêter la transmission du VIH est le plus gros défi de l’OMS. »
Sept mois après la naissance de son enfant, Nadja est rassurée. Elle est résolue à se battre contre ce virus afin de voir son enfant grandir, se développer et s’épanouir en bonne santé. « Grâce à mon traitement, que je continue à suivre, ma charge virale est indétectable. La prise en charge m’a vraiment redonnée l’espoir. Je peux dire aujourd’hui que je suis heureuse avec mon enfant bien portant dans les bras. »
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