Grippe au Congo : d’une alerte scolaire à une révolution sanitaire silencieuce
Le message semblait banal, presque anodin. Le 10 décembre 2024, une note d'information circule parmi les parents d’élèves d’un établissement scolaire à Brazzaville. Le ton est prudent, mais le contenu inquiète : plusieurs cas de grippe ont été signalés chez les élèves, avec une fréquence inhabituelle, quatre à cinq nouveaux cas par jour. Fièvre élevée, douleurs musculaires, douleurs des articulations, accompagnés de symptômes respiratoires modérés. L’alerte, bien que destinée aux parents d’élèves, avait pour source le Centre Médico-Social (CMS) de l’Ambassade de France, qui faisait état de plus de cinquante patients présentant un tableau clinique similaire. Cette situation attire rapidement l’attention des autorités sanitaires.
En réponse, la Direction de l’Épidémiologie et de la Lutte contre la Maladie (DELM), en collaboration avec l’OMS et le CDC Afrique, dépêche une mission conjointe de vérification au Lycée et au CMS de l’Ambassade de France. L’investigation est élargie à d’autres structures sanitaires du pays avec un constat préoccupant. Il ne s’agit plus d’un événement isolé, tout le pays est confronté à un signal d’alerte épidémiologique sérieux.
Cette situation survient dans un contexte d’absence de données virologiques précises et d’un dispositif de surveillance structuré pour les virus respiratoires, notamment la grippe. Pour palier à cette insuffisance, le Bureau de l’OMS en République du Congo engage une série de discussions techniques avec le Ministère de la Santé et de la Population (MSP). Un consensus émerge : il est impératif de mettre en place une surveillance sentinelle de la grippe, fiable et régulière, pour suivre les tendances, identifier les virus en circulation et anticiper les flambées épidémiques.
Suite au plaidoyer de l’OMS, le MSP décide d’établir un réseau de sites de surveillance sentinelle de la grippe, capables de remonter des données épidémiologiques, de collecter et d’acheminer des échantillons vers le laboratoire national de santé publique pour sérotypage.
Avec l’appui technique de l’OMS et le soutien du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique (OMS AFRO), une série de missions conjointes est organisée entre février et mars 2024 pour identifier les sites les plus pertinents. Les départements de Brazzaville et Pointe-Noire sont retenus, en raison de leur densité démographique, de l’historique documentée des syndromes respiratoires, de l’accessibilité et des capacités de prélèvement existantes.
En parallèle, le laboratoire national est renforcé : dotation en réactifs, acquisition de petits équipements, et fourniture d’outils standardisés pour la collecte, le transport et l’analyse des échantillons. Ce dispositif vise à garantir la qualité et la régularité de la surveillance virologique dans le respect des normes internationales.
« C'est un plaisir et un véritable satisfaction de constater que le soutien de l'OMS reste constant et permanent. Cette dotation est d'une importance capitale pour notre pays car elle va contribuer à renforcer le système de laboratoire et nous permettre de renouer avec la surveillance de la grippe saisonnière » a indiqué le Pr Fabien Roch NIAMA, directeur général du Laboratoire national de santé publique.
Dans un avenir proche, les sites sentinelles seront opérationnels. Des données hebdomadaires seront collectées, analysées et partagées avec les plateformes nationales et internationales, notamment le réseau mondial de surveillance de la grippe (GISRS).
« L’engagement du pays dans le réseau de surveillance sentinelle de la grippe est très utile pour le renforcement de la sécuritaire sanitaire au Congo et à l’international. Avec la décision du gouvernement, le Congo devient le vingt-neuvième pays du GISRS », a déclaré Vincent Dossou SODJINOU, représentant résident de l’OMS au Congo.
OMS Congo
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