Les communautés assurent la surveillance contre le ver de Guinée en RDC

Les communautés assurent la surveillance contre le ver de Guinée en RDC

Businga – Salomon Kosoma, pêcheur et agriculteur dans le nord-ouest de la République Démocratique du Congo (RDC), est aussi un relais communautaire très engagé dans la lutte contre le ver de Guinée. Cet homme, la cinquantaine, a décidé de s’impliquer dans cette lutte quand il a mesuré les conséquences néfastes sur la santé de cette maladie tropicale négligée encore appelée la dracunculose. « J’ai entendu pour la première fois parler de cette maladie lors d’une campagne de vaccination contre la poliomyélite. C’était en 2016 », relate Salomon. Dans le district de Businga comme partout en RDC, la lutte contre le ver de Guinée est intégrée dans les activités de santé communautaire. 

Après ces premières informations reçues sur la maladie, Salomon a été davantage édifié à travers des émissions radiophoniques sur les symptômes, tels que le gonflement des pieds et la manière d’extraire le ver, qui peut atteindre un mètre de long. Intrigué et inquiet, Salomon décida de s'impliquer dans la recherche active de cas au sein de sa communauté, après avoir suivi une formation de relais communautaire.

Dans son travail quotidien de relais communautaire, un jour, il trouva un homme avec une jambe gonflée et le conduisit immédiatement au centre de santé. Après examen, il s'avéra que c’était un cas d'éléphantiasis. « Ce n’était pas le ver de Guinée. Grâce à un traitement, il a pu reprendre sa vie de pêcheur. J'étais très fier de l’avoir aidé. »

En RDC, l'élimination de la dracunculose représente une avancée majeure dans la lutte contre les maladies tropicales négligées. En 2022, le pays a obtenu le statut d'élimination de la maladie comme problème de santé publique, attribué par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), marquant un pas important vers les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030. 

La RDC demeure cependant vulnérable à une résurgence de cette maladie parasitaire en raison des mouvements fréquents de populations à travers ses frontières avec des pays où la transmission est toujours active et passée d’humaine à animale. Face à cette vulnérabilité, l’OMS, avec l’appui de ses partenaires dont le Centre Carter et CDC Atlanta, a soutenu le pays en renforçant les activités post-éradication qui nécessitaient une surveillance active et notamment une surveillance à base communautaire.

Pour briser définitivement le cycle, le Ministère de la santé, soutenu par l’OMS, a formé plus de 500 relais communautaires pour détecter les symptômes et sensibiliser les populations. Des milliers d'affiches ont été postées dans les hôpitaux et centres de santé, tandis que les radios locales continuent de diffuser des messages pour atteindre les populations isolées. 

Milekana Maboki Bébé, mobilisatrice sociale depuis dix ans à Businga, travaille avec Salomon. « Chaque jour avec l’appui des relais communautaires, je fais de la sensibilisation dans les zones à risque sur les bonnes pratiques d’hygiène », indique-t-elle.  « L’implication de la communauté dans la recherche de cas et l’adoption de gestes simples, comme éviter de se baigner dans de l’eau contaminée, m’encourage énormément. »

Surnommée "Mpika" (hameçon), "Mutchopi" (ver de terre) ou "Nkusu ya Mulayi" (asticot), selon les communautés, la dracunculose touche principalement les populations rurales utilisant de l'eau stagnante contaminée par des puces d'eau porteuses de larves de ver de Guinée. Elle provoque des plaies douloureuses et une inflammation des articulations, pouvant entraîner des incapacités. Son pic de transmission coïncide avec la saison agricole, ce qui entraîne également des répercussions sur la production alimentaire.

Afin de stimuler la notification des cas, en 2016 une prime de 400 dollars américains a été instaurée en cas de confirmation d'un cas suspect. Cette prime qui sera portée à 1000 $ en 2021 est répartie comme suit : 250 $ pour l'informateur, 250 $ pour l'infirmier, 250 $ pour la zone de santé et 250 $ pour la division provinciale de la santé (DPS). Depuis l’instauration de cette prime, des signalements fréquents de cas suspects sont enregistrés au sein de la communauté. Aucun de ces cas signalés n’a été confirmé positif en laboratoire.

« L’engagement de Salomon et d’autres relais communautaires témoigne de l’efficacité de cette prime incitative », affirme la Dre Renée Nsamba, épidémiologiste en charge des maladies tropicales négligées au bureau de l'OMS en RDC. « Avec le signalement rapide des cas suspects, nous sommes convaincus de pouvoir répondre rapidement face à un cas positif. » Parmi les stratégies mises en œuvre par la RDC pour maintenir son statut de pays exempt de la dracunculose, figure en bonne place l’approche intégrée. « La surveillance intégrée, mise en œuvre lors des campagnes de vaccination contre la poliomyélite permet de toucher un large public tout en abordant des problématiques de santé publique, tels que la recherche active des cas de dracunculose », ajoute la Dre Nsamba. « L’implication des communautés reste capitale. Elle permet des initiatives pérennes. » 

En complément de la surveillance communautaire, la mise en place d'initiatives durables en matière d'eau, d’hygiène et d’assainissement, ainsi que le renforcement de la surveillance transfrontalière, ont été cruciaux. « Toutes les stratégies sont bonnes pour préserver notre statut d'élimination », déclare le Dr Nkoy Mbilo Serge, Directeur du programme national d’éradication de la dracunculose (PNED). « Si une source d'eau potable est suspectée comme contaminée, elle doit être immédiatement traitée », détaille-t-il. « De plus, nous continuons à mettre un point d’honneur sur l’intersectorialité, l’intégration avec d’autres programmes et le renforcement de l’approche "une seule santé". » 

A Businga, Salomon poursuit ses activités de surveillance communautaire, avec la même détermination. « Je vais continuer à rechercher des cas partout dans ma province. En participant à cette lutte, je me protège, protège mon entourage et mon environnement. » 

 

 

 

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