Contre la résurgence de la poliomyélite, Madagascar lance une riposte à travers une campagne nationale de vaccination
Antsohihy - « Je lance un appel à tous les parents d’accepter la vaccination et d’amener leurs enfants pour les faire vacciner », sensibilise Volahaingo Marie-Thérèse, Députée de Bealanana, en marge de la campagne de vaccination contre la poliomyélite. « Les parents doivent sensibiliser leurs voisins et amis pour qu’ils acceptent de recevoir les équipes de vaccination à leurs domiciles ».
La députée a appelé à l’implication de tous et de chacun lors de cette campagne de vaccination. « C’est très difficile pour un parent de s’imaginer que son enfant qui se mettait débout ou qui marchait ne puisse plus le faire à cause de la poliomyélite qui est une maladie paralysante alors qu’elle peut facilement être évitée par la vaccination », explique-t-elle à l’attention de la population présente à Antsohihy dans la région de Sofia, choisie pour la cérémonie de lancement de cette campagne.
Un autre site dans la région de Menabe a eu la visite du Ministre de la Santé publique accompagné du Représentant résident de l’OMS à Madagascar, qui se sont rendus dans un Centre de santé de base 2 (CSB2) de Miandrivazo, pour s’assurer du bon déroulement de la campagne. « C’était une belle occasion pour soutenir et encourager le personnel de santé qui se dédie entièrement à améliorer la santé de la population », a déclaré le Professeur Zely Arivelo Randriamanantany, Ministre de la Santé Publique. « Chaque enfant doit être vacciné où qu’il se trouve sur le territoire national car c’est son droit. Avec le Ministère de la Santé Publique nous avons la capacité d’y arriver pour arrêter définitivement cette épidémie qui n’a que trop duré », a renchéri Dr Laurent Musango.
Cet appel intervient alors que la maladie rode encore dans le pays. Madagascar fait face à une résurgence des flambées épidémiques liées au poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDV1) circulant depuis septembre 2020 et qui a déjà fait un total de 115 isolats positifs de l’ensemble de toutes les formes de surveillance confondues (20 Paralysie flasque aiguë (PFA), 13 contacts, 20 enfants communautaires et 62 échantillons environnementaux) dans 21 districts répartis dans 8 régions. En 2021, deux journées locales de vaccination ont été organisées en juin et en août dans 85 districts à haut risque avec respectivement des couvertures vaccinales de 96 % et 98 %. « Malgré ces campagnes de riposte, ces flambées épidémiques de PVDV1 qui ont déjà causé 20 cas de PFA chez les enfants ont continué », souligne Yasmina Lydia, Secrétaire Générale du Ministère de la santé.
Ceci a donc amené le Ministère de la Santé Publique à élaborer un plan d’urgence avec pour objectif d’interrompre la transmission, en améliorant rapidement l’immunité de la population en vue de réduire le risque de la circulation continue et d’éviter la propagation aussi bien aux autres districts du pays non encore touchés qu’aux pays voisins. Ce plan d’urgence a 10 axes stratégiques opérationnels parmi lesquels, la mise en œuvre de deux tours de journées nationales de vaccination de haute qualité telle que cette campagne dans laquelle s’impliquent toutes les autorités du pays. « Je prends l’engagement de soutenir cette campagne afin que chaque enfant soit vacciné », promet le Général Lylison René de Rolland, Gouverneur de la région de Sofia.
L’OMS Madagascar appuie la mise en œuvre du plan national d’urgence du Ministère de la Santé Publique pour l’interruption de l’épidémie de PVDV1 en cours avec le déploiement de 15 consultants nationaux dans les 15 districts sanitaires prioritaires de 8 régions. Avant le lancement de la campagne de vaccination, présidée par Dr Laurent Musango, Représentant pays de l’OMS, une formation a été donnée au préalable à ces ‘‘vaillants soldats’’ de l’OMS pour la campagne. « Leur mission est de renforcer la surveillance épidémiologique des PFA et des autres maladies évitables par la vaccination de routine et d’atteindre tous les enfants où qu’ils se trouvent pour des campagnes de haute qualité », a précisé Dr Laurent Musango.