Madagascar : Tout mettre en œuvre pour une couverture vaccinale optimale
Mahabibo - « Nous sommes confrontés à de multiples refus de la vaccination en raison des croyances religieuses et des rumeurs autour des vaccins », se désole Malala Nirina Randrianjanaharay, la responsable du Programme Élargi de Vaccination (PEV) du Centre de santé intégré (CSI) de Mahabibo, dans le district de Mahajanga 1, au Nord-Ouest de Madagascar. Cette sage-femme de profession s’est lancé le défi d’atteindre une couverture vaccinale de 100 % durant la campagne de vaccination qui s’est déroulée du 09 au 12 juillet 2024 dans le pays et elle n’est pas à sa première tentative.
Depuis une quinzaine d’année Malala s’investit corps et âme pour de meilleurs taux de vaccination dans sa zone de couverture. Non seulement la mère de deux enfants accompagne les femmes enceintes et les assiste lors de l’accouchement, elle sensibilise et mobilise aussi les mères pour la vaccination de leurs enfants. « Dans notre contexte, il est essentiel de sensibiliser sans cesse et de localiser les enfants zéro dose et ceux sous-vaccinés afin de réduire les risques d’épidémies. Aussi, le risque de perdre de vue ces enfants demeure constant », relève Malala. La mission du personnel de santé est compliquée. « Identifier ces enfants revêt d’une importance capitale pour garantir une couverture vaccinale optimale. »
Pour arriver à atteindre ses objectifs, elle met en place différence stratégies pour rattraper les enfants zéro dose et sous vaccinés. Elle commence la sensibilisation à la vaccination depuis les premières consultations prénatales. « Je leur fais comprendre que la vaccination est cruciale et représente l’ultime solution pour sauver leurs enfants face à toutes les maladies qui sont seulement évitables par la vaccination », explique -t-elle. Elle a aussi tissé son réseau avec les agents de santé communautaires (ASC). « Je travaille en étroite collaboration avec des ASC dont l’engagement joue un rôle crucial pour changer la donne. Les ASC parcourent quotidiennement toutes les zones d’intervention du CSI pour repérer les enfants non encore vaccinés ou nécessitant un rappel. Nous planifions les dates et les lieux de vaccination en fonction de leurs informations », dévoile Malala.
La championne de la vaccination, comme on la surnomme, dispose également d’un répertoire téléphonique des mères à qui elle envoie des SMS de rappel la veille de la date prévue pour la vaccination de leurs enfants.
« J’ai connu Malala en 2014 grâce à une cousine qu’elle avait assistée pendant la grossesse et l’accouchement. Quand elle me la recommandait j’avais déjà 2 enfants qui n’ont jamais été vaccinés. En 2018, elle m’a assisté pour mon petit dernier. Grâce à ses sages conseils, elle a réussi à me convaincre sur l’efficacité des vaccins », témoigne Volana, 32ans, mère de 3 enfants. « Aujourd’hui tous mes enfants sont vaccinés et bien portants contrairement aux rumeurs qui racontent que les vaccins affaiblissent le corps des enfants pour ainsi les exposer à plusieurs autres maladies. ».
Toujours avec le sourire, Malala a réussi à former une forte communauté avec d’autres mères de famille engagées. « Le meilleur cadeau à leur offrir, c'est de veiller à ce que leur grossesse se passe bien, et que chacun de leurs enfants soit en bonne santé avec tous ses vaccins à jour », déclare celle que ses patientes appellent affectueusement ‘’Malala tsikitsiky’’ qui signifie en français ‘’Malala la souriante’’.
« Malala est une valeur sure pour le Ministère de la santé publique en générale, et pour le PEV en particulier. Notre ambition d'atteindre une couverture vaccinale de 100 % cette année est en de bonne voie grâce à son appui indéfectible », a indiqué Dr Hyacinthe Randrianjafy, Médecin Inspecteur de Mahajanga 1. « C’est une brave femme à encourager et à féliciter. Son efficacité, sa compétence, sa bonne moralité et sa détermination font d’elle un maillon fort pour la vaccination. »
Dans le cadre de l’engagement communautaire, le ministère de la Santé bénéficie de l’appui de ses partenaires dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour des plaidoyers auprès des autorités locales, coutumières et religieuses. Le dévouement de Malala n’est pas reconnu que dans les milieux de la santé. « Notre collaboration est excellente, surtout lors des campagnes de vaccination où les sensibilisations s'étendent jusque dans les églises », témoigne Simon M’bola, pasteur à Mahabibo.
Malala vaccine en moyenne 50 enfants par jour dans son CSI. En quatre jours lors de la campagne de vaccination au mois de juillet dernier, la sage-femme et son équipe ont vacciné plus de 350 enfants. Déterminés à atteindre chaque enfant, ils sont allés dans des marchés vaccinant des enfants venus d'autres localités. Ces enfants, qui se déplacent avec leurs mères pour des raisons commerciales, auraient pu rater leur vaccin si l'équipe coordonnée par Malala n'était pas allée vers eux. Au terme de cette campagne, le taux de vaccination dans sa zone de couverture est de 112 %. « Je garde l’espoir de faire mieux à chaque campagne », lâche-t-elle. « C’est un bonheur pour moi de contribuer au bien-être de tous ces enfants qui ont le droit d’être en bonne santé. »