Au Niger, une survivante du cancer fait renaître l’espoir
Niamey – Pour avoir combattu et vaincu le cancer, Fatchima Abdou Sambo ne connaît que trop bien la réalité de la maladie. Diagnostiquée du cancer du sein en 2012, Fatchima a lutté pendant 7 ans avant d’en guérir. Aujourd’hui, elle a dédié sa vie à cette lutte. « Depuis que je suis guérie, ma mission est maintenant d’aider les personnes malades à surmonter leur cancer comme je l’ai fait », explique-t-elle.
391 nouveaux cas de cancer sont officiellement enregistrés en moyenne chaque année dans le pays selon les statistiques de 2021 du Registre de Cancer du Niger. Les plus fréquents sont les cancers du sein (20 %) du col de l’utérus (9 %) et de la prostate (3 %). Parmi les obstacles majeurs dans la lutte contre le cancer figurent entre autres la méconnaissance de la maladie, les consultations tardives, le non-suivi du traitement par les patients. Le manque d’informations et de plateformes d’échanges est aussi à noter.
Pour y remédier, un Centre d’écoute et d’échanges sur le cancer a été installé au Centre National de Lutte contre le Cancer (CNLC) en février 2022. Il a vu le jour grâce à l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et vise à offrir aux personnes atteintes des services d’information et de sensibilisation, ainsi qu’une plateforme de partage d’expériences avec les personnes guéries de la maladie. Pour assurer le bon fonctionnement du Centre, l’OMS prend en charge le renforcement des capacités des animateurs et de l’équipe médicale, et fournit notamment les outils y afférent. L’organisation mobilise par ailleurs les ressources et appuie la tenue des séances de sensibilisation, d’information et de formation des patients.
Forte de son expérience, Fatchima s’est portée volontaire pour apporter un soutien moral et psychologique aux malades de cancer à travers l’animation du Centre. Elle anime des discussions individuelles et de groupe, des exposés, témoignages, documentaires et films sur le cancer. Ces activités aident les malades à rompre avec l’isolement, à diminuer le stress engendré par la maladie et les soins et à valoriser l’estime de soi face aux effets secondaires des traitements.
Grâce au Centre, l’information passe de mieux en mieux. Du 4 février au 30 avril 2022, l’équipe composée de 6 personnels a organisé 27 séances d’information et de sensibilisation au bénéfice de 141 patients dont 123 femmes souffrant de différents types de cancers, ainsi que de leurs accompagnateurs. Ensemble, ils abordent divers sujets liés aux cancers : les causes, la durée et les possibilités de traitement, les méthodes pour gérer les effets secondaires, l'évolution des soins, …
Roukéya, 37 ans et atteinte du cancer du sein, a bénéficié des services du centre. Elle qualifie de renaissance le moment qui a suivi la causerie débat à laquelle elle a assisté :« Quand j’ai su que j’avais le cancer, mon esprit est resté figé sur la maladie qui me rongeait. Je me suis mise à l’écart de ma famille et de la société. J’ai finalement été orientée vers ce centre par mon médecin, car il a compris que j’avais perdu tout espoir. Lorsque j’ai suivi la discussion et que j’ai échangé avec l’équipe, j’ai repris goût à la vie. J’ai rencontré ceux qui ont vécu la même chose que moi, et ils m’ont redonné espoir. »
En soutenant la mise en place de ce centre d’écoute, l’OMS veut faire passer un message. « Le cancer n’est point une fatalité. C’est une maladie curable si le dépistage est fait très tôt, et si le patient est encouragé face aux difficultés du traitement », estime Dr Blanche Anya, représentante de l’OMS au Niger. « Le centre d’écoute a pour vocation de soutenir les malades et leurs familles. Lors des discussions, ils puisent la force nécessaire pour se battre contre la maladie en s’appuyant sur les témoignages des patients guéris et l’accompagnement des professionnels de santé ».
Parmi les obstacles majeurs au dépistage précoce du cancer et aux soins sont les idées reçues répandues dans les communautés. C’est le cas particulièrement pour le cancer du sein. Près de 70% des patients référés aux centre d’écoute sont atteints de ce cancer et beaucoup ont été exposés aux fausses informations liées à la maladie : « Il est dit par exemple que le cancer du sein entraîne nécessairement l’amputation du sein, ce qui causerait ensuite le décès de la personne. Les fausses informations conduisent une grande partie des malades à privilégier les traitements traditionnels pendant que la maladie gagne du terrain, ce qui minimise les chances de guérison », explique Fatchima. « C’est contre tout cela que nous nous battons. Souvent, les fausses informations causent plus de tort que le cancer lui-même », déplore-t-elle.
Fatchima est engagée à partager son expérience de la maladie afin de montrer que le cancer découvert et traité à temps n’est point une fatalité et qu’il est guérissable. Elle a relaté son expérience dans un livret de témoignage intitulé « Mon Cancer du Sein », œuvre qu’elle souhaite « mettre à la disposition de [ses] sœurs d’Afrique et d’ailleurs, susceptibles d’être affectées par cette maladie afin qu’elles soient mieux informées et sensibilisées sur la nécessité d’un dépistage précoce et d’un traitement adéquat du cancer ».
C’est tout le sens de son combat qui trouve un écho positif auprès de ses sœurs. Désormais, Roukéya fréquente régulièrement le centre et suit sereinement son traitement contre le cancer. « C’est un bon cadre où nous discutons avec des professionnels et avec des survivants. Grâce à leur appui, je suis désormais déterminée à m’en sortir, à vaincre cette maladie. »
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