Le Sénégal en quête d’une certification internationale pour son équipe médicale d’urgence

Le Sénégal en quête d’une certification internationale pour son équipe médicale d’urgence
WHO/Ben Sock-Baas house PR
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Le Sénégal en quête d’une certification internationale pour son équipe médicale d’urgence

Thiès – Dans le bloc opératoire, le bip régulier des machines confirme la bonne nouvelle : la patiente, testée positive à la COVID-19 et qui vient de subir une césarienne en urgence, va bien. Tout le monde peut souffler, l’exercice de simulation est un succès. La fausse patiente se redresse, le médecin fait le point avec l’assemblée, les observateurs rangent leurs formulaires d’évaluation.

Du 11 au 13 mai, le service de santé des armées du Sénégal a effectué un exercice inédit en Afrique : une simulation de déploiement d’une équipe médicale d’urgence (EMU) dans le cadre d’une crise sanitaire liée à une épidémie. L’objectif est de tester et d’accroitre les capacités de prise en charge clinique des patients atteints de COVID-19 par l’équipe sénégalaise. L’exercice, organisé par les services médicaux militaires avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), constitue aussi une étape clé dans le processus de certification d’EMU internationale de type 2. Celle-ci implique d’être en mesure de mobiliser et d’installer en moins de 72 heures un hôpital de campagne doté d’au moins 30 lits, dont des lits pour la réanimation médicale et chirurgicale pour les patients graves, et d’une capacité énergétique de 100 kWa permettant d’alimenter un bloc chirurgical. L’EMU doit aussi pouvoir prendre en charge au moins 2500 patients en quatre semaines.

A l’issue du processus, qui devrait prendre encore un ou deux ans, le Sénégal deviendrait le premier pays africain à disposer d’une certification internationale pour son EMU. Le pays possède déjà une longue expérience en matière d’urgence médicale. Son équipe a été déployée en République démocratique du Congo lors d’une épidémie d’Ebola en 2018, puis en Sierra Leone en 2021, après l’explosion d’une citerne-essence qui avait fait 115 morts et des centaines de blessés. 

« Nous avons déjà ce savoir-faire, les capacités de déploiement et les ressources humaines », relève le dentiste Colonel Amady Barro Mbodj, Officier adjoint au directeur du service de santé des armées et évaluateur principal de l’exercice. « Ce que nous voulons avoir, ce sont des compétences qui nous permettent de nous déplacer partout, en respectant les standards internationaux les plus élevés. »

Au total,  59 membres du service de santé des armées du Sénégal ont été mobilisés, parmi lesquels des médecins, du personnel infirmier et des logisticiens. Neuf containers ont été nécessaires pour transporter le matériel jusqu’à la base militaire de Thiès, à 70 km de la capitale Dakar, y compris les réserves nécessaires pour bénéficier d’une semaine d’autonomie en eau.

« La logistique est la base de tout », souligne le Sergent Ibrahim Ba, en charge de la logistique. « Nous avons dû d’abord procéder au terrassement pour niveler totalement le terrain et, à cause de la COVID-19, nous avons adapté la distance entre les différentes structures pour éviter les contaminations. Au final, nous avons réussi l’installation de l’hôpital en 48 heures. D’habitude on le faisait en 72 heures ou plus », se félicite le militaire. 

L’équipe a ensuite été soumise à plusieurs scénarios d’urgence médicale visant à tester sa capacité à fournir des services de santé en situation d’urgence sanitaire et d’épidémie. Trois éléments en particulier ont été soumis à évaluation : la capacité de déploiement de l’EMU en moins de 72 heures, la fonctionnalité des équipements médicaux et chirurgicaux, et la gestion de pathologies chirurgicales lors d’une situation de crise grave, telle que la pandémie de COVID-19.

Il reste encore à l’EMU du Sénégal à franchir plusieurs étapes avant d’obtenir la certification, en particulier la conformité avec des normes correspondant aux différents types d’urgence. Les rapports des observateurs extérieurs et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) permettront de fixer une feuille de route. D’autres exercices de simulation de déploiement seront nécessaires avant qu’une évaluation indépendante certifie l’EMU.

« Ce que nous avons observé pendant ces trois jours est très satisfaisant, d’autant plus que dans la Région africaine, 80 % des urgences de santé publique sont des épidémies, par exemple de choléra, d’Ebola, de la Fièvre Lassa, et maintenant de la COVID-19. Préparer les équipes médicales à pouvoir réagir à ces maladies épidémiques est donc très important », explique Dr Thierno Baldé, Responsable des opérations de réponse à la COVID-19 au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, présent sur place. « Nous voulons faire des EMU un outil de gestion et d’accroissement des capacités de prise en charge clinique dans le cadre des épidémies sur le continent. »

Des représentants de cinq pays africains – Cameroun, Éthiopie, Guinée, Congo et République démocratique du Congo – ont été invités à observer l’exercice. « Nous sommes venus nous inspirer de l’EMT sénégalaise, qui fait figure de modèle en Afrique de l’Ouest, afin de mettre en place une équipe médicale d’urgence chez nous, en Guinée, au moins au niveau national », explique le Médecin Capitaine Salifou Mariétou Sylla.

Depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19, l’OMS a ainsi soutenu le déploiement de 18 EMU internationales dans 16 pays de la Région et a les appuyé dans la formation du personnel de santé à la prise en charge des patients atteints de COVID-19. L’OMS collabore également avec 10 pays (Botswana, Éthiopie, Namibie, Mauritanie, Niger, Nigéria, Ouganda, Sénégal, Togo et Zimbabwe) pour l’établissement d’EMU nationales.

« Cet exercice de simulation effectué par le Sénégal doit montrer aux autres pays africains que disposer d’équipes médicales d’urgence est possible et aide à renforcer la capacité nationale de gestion des urgences », souligne le Dr Thierno Baldé.
 

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