Au Togo, le programme de prévention et de contrôle des infections améliore la qualité des soins

Au Togo, le programme de prévention et de contrôle des infections améliore la qualité des soins

Lomé – Holali Adjaka, un patient souffrant d'une maladie chronique suivi au centre hospitalier régional (CHR) de Tsévié depuis 2017, se rappelle des conditions d'hygiène précaires de l’hôpital avant l'intervention du programme national de prévention et de contrôle des infections (PNPCI). « Le centre était vraiment en mauvais état, avec des déchets qui traînaient sur le sol », se souvient-il. « Il y avait peu de poubelles et des ordures s'accumulaient derrière les salles d’hospitalisation. C’était démoralisant, on avait l’impression que venir ici faisait plus de mal que de bien. »

Au Togo, en 2020, les maladies infectieuses et parasitaires représentaient 20 % de la morbidité et absorbaient 58 % des dépenses de santé, une situation aggravée par des maladies transmissibles comme les fièvres hémorragiques virales, la méningite, le choléra, la COVID-19 et la dengue. La même année, le score PCI du pays n'était que de 20/100, mettant en évidence des lacunes majeures dans la gestion des infections.

« Tout le monde ne se sentait pas concerné par la PCI. C’était vu comme de la responsabilité du service d’hygiène et d’assainissement, sans que beaucoup ne réalisent que leurs gestes contribuaient à la propagation des infections nosocomiales », explique le médecin lieutenant-colonel Yawo Apélété Agbobli, Directeur général du CHU Sylvanus Olympio. « Le manque d’hygiène des mains, la mauvaise gestion des déchets et les lacunes dans le bio-nettoyage étaient problématiques. »

Depuis 2023, le Ministère de la santé et de l'hygiène publique (MSHP), avec le soutien de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), a mis en place le programme national de prévention et de contrôle des infections dans 31 districts sanitaires pilotes, dont le district de Zio qui abrite le CHR de Tsévié et celui du Golfe qui abrite le CHU Sylvanus Olympio. Ce programme vise à améliorer la qualité des soins et des infrastructures hospitalières pour mieux lutter contre les infections associées aux soins et services, qui augmentent la morbidité et la mortalité et alourdissent les coûts de traitement.

Grâce à l’appui de l’OMS, 100 membres du personnel de santé ont été formés en PCI et du matériel essentiel, comme des étuves et des équipements de protection individuelle, ont été fournis à 12 établissements de santé. De plus, 16 unités de production d'eau de Javel ont été installées pour soutenir les efforts d'hygiène. 48 équipes PCI ont également été mises en place dans les centres de santé, réunissant des représentants de tous les services (médecins, paramédicaux, personnel de garde, etc.), chargées d'identifier les problèmes liés aux infections et de proposer des solutions.

« Le personnel a compris que la PCI ne protège pas seulement les patients, mais aussi eux-mêmes », affirme le médecin lieutenant-colonel Awèréou Kotosso, infectiologue et coordonnateur du programme national de PCI. « En suivant les bonnes pratiques d'hygiène et en respectant les protocoles de PCI, ils réduisent leur propre exposition aux infections nosocomiales, tout en améliorant la qualité des soins pour les patients. Cette double protection renforce l'importance de l'adhésion à ces pratiques dans le milieu hospitalier. »

Des incinérateurs de déchets médicaux ont été construits dans des centres qui n’en disposaient pas, des agents de nettoyage ont été recrutés et des agents des municipalités ont été impliqués dans la propreté des formations sanitaires.

Les résultats du programme sont déjà évidents, avec une réduction notable des infections du site opératoire de 1,7 %, passant de 0,99% en 2022 à 0,83% en 2023.

L'implication des usagers est essentielle au succès du programme, notamment à travers une sensibilisation renforcée des patients et visiteurs aux bonnes pratiques d'hygiène, contribuant ainsi à limiter la propagation des infections.

« L’hôpital est maintenant beaucoup plus propre et accueillant. Il n’y a plus d’ordures qui trainent au sol », reconnait Florence Awaté, une patiente qui fréquente le centre de santé. « Il y a des dispositifs de lavage des mains à l’entrée de l’hôpital, des poubelles partout et de nouvelles latrines. Ce que j’apprécie le plus, ce sont les nouveaux panneaux d'indication. Ils nous aident à trouver les services plus facilement, sans risquer de se perdre et de répandre nos microbes. »

« Sur le plan de l'hygiène, les changements constatés sont la construction de latrines pour les patients, l’installation des poubelles, le recrutement d'agents d'entretien, l’aménagement de l'espace vert et la clôture du lieu d'incinération des déchets médicaux », renchérit Holali.

En 2023, les scores de PCI des formations sanitaires concernées ont augmenté en moyenne de 6,44 points, avec 14,6% des établissements quittant la zone rouge pour rejoindre la zone jaune et 12,5% de la zone jaune à la zone verte. Dans l’ensemble, c’est 70,8% des établissements qui ont vu leur score augmenter en un an.

« Il était essentiel d'accompagner le pays dans la lutte contre les infections nosocomiales », souligne le Dr Ibrahima Barry, consultant en charge de la PCI au bureau de l’OMS au Togo. « Pour pérenniser les acquis, nous visons à soutenir l’élaboration d’une politique nationale de formation en PCI et à promouvoir une véritable culture de la PCI. »

Depuis la mise en œuvre du programme PCI au CHR de Tsévié, Holali se sent plus en sécurité dans ce centre de santé. « En tant que patient régulier, ça change vraiment tout. Il y a maintenant des bancs, des fleurs et du gazon bien entretenus, ce qui rend l'expérience un peu moins pénible quand on doit venir souvent », conclut Holali. « On se sent enfin dans un environnement sain et propre, où tout le monde est protégé. »

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