Kagera, Tanzanie ‒ Domitina Kahira, une résidente du district de Biharamulo dans la région de Kagera, au nord-est de la Tanzanie, suit un chemin difficile vers la guérison après avoir perdu son mari à cause de la maladie à virus de Marburg début janvier 2025.

Étant en contact étroit avec une personne infectée par le virus, elle a été admise dans un centre d'isolement de Marburg pendant 21 jours pour surveiller son état de santé et éviter toute nouvelle transmission possible à domicile. Kahira a été libérée et a retrouvé sa famille. Mais le chagrin causé par la mort de son mari et l’adaptation à la vie qui a suivi ont eu des conséquences néfastes sur sa santé mentale.

« J’étais inquiète pour ma grossesse, mes enfants à la maison et notre avenir », dit-elle à propos de son séjour au centre d’isolement. « Comment allais-je m’occuper d’eux toute seule ? Comment la communauté allait-elle m’accueillir ? Il se passait beaucoup de choses dans ma tête.

Les problèmes de santé mentale sont exacerbés lors des situations d’urgence sanitaire, les patients guéris, les membres de la communauté et les agents de santé étant confrontés à des vulnérabilités. Pour aider à résoudre ces problèmes de santé mentale, un expert de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en collaboration avec un psychiatre, des agents de protection sociale du ministère de la Santé et l’UNICEF, a fourni des conseils et un soutien psychosocial à environ 280 personnes, dont Kahira, qui ont été libérées des centres d’isolement et de traitement. 110 autres agents de santé, membres de la communauté et autres personnes touchées par l’épidémie ont également bénéficié de services similaires.

« Les nuits blanches que j’ai passées ont considérablement diminué par rapport aux jours précédents », explique Kahira. « Je suis également soulagée de retrouver mes enfants. »

Les séances de conseil régulières utilisent une approche de « premiers secours psychologiques », une intervention de soutien conçue pour aider les personnes immédiatement après une crise ou un événement traumatisant. Son objectif principal est de réduire le stress et de diminuer le risque de problèmes psychologiques à long terme.

« Étant en première ligne de la réponse, l'OMS a constaté à quel point les services de santé mentale et de soutien psychosocial sont essentiels pour reconstruire la résilience des populations pendant et après les situations d'urgence », déclare Jerry Mlembwa, responsable de la communication des risques et de l'engagement communautaire de l'OMS en Tanzanie. « L’OMS continuera de collaborer avec le gouvernement tanzanien et ses partenaires pour renforcer les systèmes de santé mentale afin d’offrir une gamme de services de soins de base et cliniques pour contribuer au redressement socio-économique. »

Les séances de conseil portent sur la réunification avec la famille, les soins personnels, la gestion du stress et l’orientation vers des médicaments psychiatriques, le cas échéant. Les conseillers fournissent également aux familles des kits de réunification, composés d’articles ménagers, de produits de santé et d’alimentation, ainsi que des kits de développement de la petite enfance pour les enfants, les encourageant à faire face à l’impact du décès par le jeu et l’apprentissage.

Kahira, comme d’autres, a également reçu du soutien pour se réintégrer dans sa communauté. « J’avais peur que les gens de ma communauté me regardent froidement à mon retour chez moi », se souvient-elle. « Mais ça s’est passé différemment. Je suis heureux d'être accueilli de nouveau dans mon village natal avec beaucoup d'amour et de dignité après tout ce que j'ai traversé.

« Ce soutien psychosocial a rapproché les familles », explique Rebecca Gwambasa, responsable régionale de la protection sociale. « Les épidémies laissent des traces dans les communautés, et grâce à l’OMS, nous reconstruisons une communauté heureuse. »