Urgence choléra à Kinshasa : Dr Matshidiso Moeti engage l’expertise renforcée de l’OMS au plus proche des zones touchées pour contrôler l’épidémie
Avec une progression rapide de l’épidémie touchant désormais 23 zones de santé de la Ville-Province de Kinshasa, sur un total de 35 toujours à haut risque, l’OMS va redéployer ses experts au plus proche des zones touchées pour appuyer la Division provinciale de la santé (DPS) de Kinshasa afin d’interrompre rapidement la chaîne de transmission.
Kinshasa, 15 Janvier 2018 - En visite de travail de 24 heures dans la capitale de la RDC, fortement touchée par l’épidémie de choléra, le Dr Matshidiso MOETI, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique a annoncé au Ministre de la Santé Publique, le Dr Oly ILUNGA le lundi 15 janvier la mise en place d’un mécanisme d’appui d’urgence renforcé mettant tous les experts du Bureau Pays et ceux en déploiement en RDC (épidémiologistes, logisticiens, gestionnaires des données, spécialistes en communication sur les risques, la mobilisation sociale et l’engagement des communautés etc.) à la disposition de la DPS pour renforcer la réponse contre le choléra.
‘‘L’objectif est de nous rapprocher autant que possible des structures de coordination, d’analyse et de prise de décision que sont les provinces et les zones de santé’’, a indiqué le Dr MOETI, ajoutant que la stratégie proposée par l’OMS consiste à mettre en place une grosse équipe dédiée totalement à la lutte contre le choléra. ‘‘Nos experts, à commencer par ceux du Bureau Pays, vont être directement basés au niveau provincial (DPS) pour renforcer certains domaines tels que la formation pour la prise en charge des cas, le contrôle de l’infection, l’assainissement, le contrôle de la qualité de l’eau des sources aménagées dans les zones faiblement couvertes par l’adduction en eau potable, avec un suivi et une supervision accrus sur le terrain pour identifier les ‘hotspots’ et anticiper les interventions multisectorielles sur le terrain,’’ a ajouté le Dr MOETI.
Dans la perspective du redéploiement et de la mise à disposition du personnel de l’OMS dans cette lutte contre le choléra, la Directrice régionale de l’OMS a appelé l’ensemble des experts du Bureau Pays ‘‘à se mettre en première ligne, afin de donner notre contribution collective et individuelle pour stopper la progression rapide du choléra à Kinshasa.’’
‘‘Le suivi au quotidien de la situation du choléra à Kinshasa demeure crucial’’, a insisté de son côté le Dr Michel YAO, gestionnaire des opérations d’urgence au Bureau régional et membre de la délégation de la Directrice régionale à Kinshasa. Il a souligné la ‘‘nécessité pour les deux Clusters - Santé et Eau, Hygiène et Assainissement (WASH) de travailler ensemble et d’avoir une coordination unique pour mieux analyser la situation et orienter les activités de lutte sur le terrain avec efficacité, entre autres l’identification des facteurs des risques et les moyens de contamination.’’
Le Dr ILUNGA a pour sa part sollicité l’expertise de l’OMS pour la mise à jour du ‘Plan de réponse d’urgence 'robuste et chiffré' pour la ville-province de Kinshasa afin que le choléra n’y devienne pas endémique’. ‘‘Ceci nous éviterait le scénario catastrophe dans une ville de plus de 10 millions d’habitants en proie à une forte promiscuité dans certaines zones densément peuplées,’’ a-t-il souligné.
Il y a lieu de rappeler que les récentes inondations survenues à Kinshasa - dans la nuit du 4 au 5, puis du 7 janvier 2018 à la suite des pluies diluviennes - avaient causé la mort d’une quarantaine de personnes et des dizaines de blessés dans la capitale de la RDC, ‘‘aggravant également la propagation du choléra à un rythme inquiétant’’, selon le Ministre de la Santé.
Lors de cette rencontre au Ministère de la Santé Publique, l’utilisation des vaccins anticholériques oraux (OCV) a été évoquée entre le Dr ILUNGA et le Dr MOETI comme un outil efficace pour contrôler l’épidémie de choléra ‘‘dans 9 zones de santé prioritaires à risque de la ville de Kinshasa’’. L’OMS va appuyer la requête du Ministère de la Santé auprès du Groupe de coordination internationale (ICG) qui comprend MSF, la Fédération Internationale de la Croix Rouge, l'UNICEF. Après le Ministère de la Santé Publique, le Dr MOETI a remis 11 tonnes de médicaments et intrants de lutte contre le choléra au Ministère de la Santé pré positionnés au Bureau de l’OMS à Kinshasa, pour une meilleure prise en charge des cas de choléra.
Une cérémonie de remise de médicaments qui a permis également à la Directrice régionale de répondre aux questions de la presse locale et internationale arrivée bien avant pour couvrir l’événement.
Pour renforcer le plaidoyer auprès des autres membres du système des Nations unies en vue de la mobilisation des ressources additionnelles contre le choléra, la Directrice régionale a également rencontré Mme Kim Bolduc, Coordinatrice Humanitaire en RDC.
Les échanges avec Mme Bolduc ont été notamment centrés sur l’initiative commune à mettre en place par le système des Nations unies pour l’encadrement des jeunes des grandes agglomérations telles que Kinshasa afin de mettre leur énergie à contribution dans le cadre des travaux d’assainissement et de nettoyage des égouts. ‘‘Ceci aura sans doute un impact positif sur la santé publique et l’environnement général de la capitale de la RDC pouvant permettre une réduction des épidémies en cours - le choléra et les autres maladies diarrhéiques,’’ a indiqué Mme Bolduc.
Depuis le début de l’épidémie de choléra en novembre 2017, 554 cas avec 32 décès (taux de létalité: 5,77%) ont été notifiés à Kinshasa. Mais depuis la 1ère semaine épidémiologique de 2018, 346 cas avec 11 décès (létalité: 3,17%) ont été rapportés dans 21 zones de santé sur les 35 que compte la ville-province de Kinshasa. Au cours de l’année 2017, la RDC a notifié un total cumulé de 55.000 cas avec 1190 décès (létalité : 2,1%) dans le pays, selon les données du système national de surveillance.