La Journée mondiale de la vue, célébrée chaque deuxième jeudi du mois d’octobre, nous offre l’occasion de plaider en faveur de l’amélioration de la santé oculaire pour tous et partout.
Le thème retenu pour l’édition de cette année : « la vue d’abord », vise à rendre les services de soins oculaires plus disponibles dans les communautés.
Dans la Région africaine de l’OMS, plus de 26 millions de personnes présentent une déficience visuelle. Sur ce total, environ 5,9 millions de personnes sont aveugles. À l’échelle mondiale, 89 % des personnes atteintes de déficience visuelle vivent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et les femmes représentent 55 % des cas de déficience modérée à sévère.
Dans quatre cas sur cinq, la perte de vision peut être évitée ou soignée. Cependant, malgré l’existence d’interventions peu onéreuses, les soins oculaires ne sont pas encore largement accessibles dans les pays de la Région faute de personnels de santé qualifiés.
Afin d’inverser cette tendance, l’OMS travaille avec les pays pour renforcer les effectifs des professionnels de la santé oculaire. Cette année, nous avons publié un document d’orientation en vue d’accompagner les pays dans l’élaboration de programmes de formation axés sur les compétences et de renforcer la planification et la gestion des effectifs.
Nous avons également conçu un manuel de formation en soins oculaires primaires, le but étant de faire en sorte que les soins oculaires soient intégrés dans les soins de santé primaires. À ce jour, des formateurs spécialisés issus du Ghana, du Kenya et du Rwanda ont formé plus de 10 000 agents de santé, dont les compétences ont été améliorées en matière de fourniture des soins oculaires.
Les données scientifiques doivent impérativement éclairer la prise de décisions. À ce titre, je me réjouis d’annoncer que, pour la première fois en 2019, des statistiques concernant la situation de la santé oculaire en Afrique sont disponibles au niveau de l’Observatoire africain de la santé, grâce aux données fournies par 18 États Membres.
Ces données illustrent les progrès accomplis dans la réduction des complications ophtalmologiques de la rougeole et des cas de cécité évitables causés par des maladies tropicales négligées telles que le trachome et l’onchocercose.
En 2018, le Ghana est devenu le premier pays de la Région à éliminer le trachome, et l’Érythrée est en passe d’éliminer cette maladie qui cause la cécité. Les pays de la Région sont aussi à pied d’œuvre pour atteindre l’objectif régional de l’élimination de l’onchocercose d’ici à 2025, grâce à la promotion de la santé et à l’administration massive de médicaments.
Dans le même temps, la prévalence des affections oculaires chroniques liées à l’âge, telles que la cataracte, le glaucome et la rétinopathie diabétique est en hausse, tout comme les cas d’erreur de réfraction chez l’enfant.
Face à ces problèmes émergents, nous devons organiser une riposte fondée sur les systèmes de santé. C’est dans ce sens que l’OMS œuvre avec les pays pour prévenir et traiter la rétinopathie diabétique grâce à un outil d’évaluation, en veillant notamment à la mise en place de dispositions de référence des patients diabétiques vers les services ophtalmologiques. La Mauritanie et le Sénégal ont amélioré leurs systèmes d’orientation-recours grâce aux résultats obtenus par cet outil.
Nous devons par ailleurs tirer le meilleur parti de l’innovation dans le domaine de la santé. Au Bénin par exemple, l’intelligence artificielle est utilisée pour reconnaître les signes précurseurs de la rétinopathie diabétique.
Nous pouvons réduire la charge due aux maladies oculaires chez les enfants, grâce à une sensibilisation accrue et à des interventions précoces. En collaboration avec les pays, l’OMS étudie même la possibilité d’introduire la santé oculaire dans les programmes scolaires.
Les progrès en cours sont encourageants en ce qui concerne l’amélioration de la santé oculaire en Afrique. En vue de consolider les progrès réalisés à ce jour et de relever les défis émergents, j’exhorte les gouvernements, avec le concours des partenaires, à intensifier les actions pour éliminer la cécité évitable et à veiller à l’intégration des soins oculaires dans les services de soins de santé primaires.
Ensemble, nous pouvons garantir une meilleure santé oculaire pour tous, dans le cadre de l’effort collectif que nous faisons pour parvenir à la couverture sanitaire universelle.
Lectures complémentaires :