Burkina Faso : les tradipraticiens de santé de la région du Sud-Ouest à l’école de la surveillance communautaire de la Covid-19
La Covid-19 a fait sa première apparition au Burkina Faso le 09 mars 2020 à Ouagadougou. La Région du Sud-Ouest a enregistré son premier cas le 29 mars 2020 dans le district sanitaire de Dano. A la date du 18 octobre 2020, la région totalisait 64 cas confirmés enregistrés majoritairement de sexe masculin (73 %). Au regard du rôle joué par les tradipraticiens dans l’information sanitaire et les soins de santé communautaire, la Direction régionale de la santé du Sud-Ouest avec l’appui technique et financier de l’Organisation mondiale de la santé, sur financement de la protection civile et de l’Aide humanitaire de l’Union européenne (Fonds Echo), a tenu une journée d’échange avec les tradipraticiens de la région. L’objectif de cette journée d’échange était de mieux faire connaitre la maladie aux tradipraticiens et de solliciter leur appui dans le cadre de la surveillance communautaire de cette maladie.
La Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle (MT) pour 2014-2023 encourage les Etats à mettre à profit la contribution potentielle de la MT à la santé, au bien-être et aux soins de santé centrés sur la personne et à favoriser un usage sûr et efficace de la MT au moyen de la réglementation, de la recherche et de l’intégration des produits, pratiques et praticiens de MT dans les systèmes de santé.
Avec l’apparition de la Covid-19, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC-Afrique) ont mis en place un protocole devant régir les essais cliniques des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle utilisés pour le traitement de la COVID-19. Ils ont créé un comité consultatif régional regroupant des experts de tout le continent afin de superviser l’étude sur le COVID-Organics produit par la République de Madagascar et sur d’autres remèdes potentiels.
Le Burkina Faso a souscrit à des déclarations, résolutions et initiatives en faveur de ce secteur. Ainsi, des actions telles que la création d’une direction de la médecine traditionnelle, l’institutionnalisation de la médecine traditionnelle, la mise en place d’un cadre règlementaire, l’adoption d’une stratégie nationale, la codification des conditions d’exercice, la réglementation de la vente des médicaments ont été réalisées. La médecine traditionnelle fait partie du code de santé publique depuis 1994.
Après les districts sanitaires de Diébougou, Dano, Kampti, Batié, c’est celui de Gaoua qui a tenu, ce 14 octobre 2020, sa rencontre avec les tradipraticiens de santé, dans un contexte de relâchement des gestes barrières observé un peu partout. Au cours de ces échanges, les tradipraticiens ont eu droit à des exposés sur l’épidémiologie et des généralités sur la covid-19, la prévention de la maladie, les gestes barrières et à la démonstration du port de masque et du lavage des mains. Ce temps d’échange fut également un moment de plaidoyer. En effet, le responsable de promotion de la santé du district de Gaoua a, au nom du Directeur Régional de la santé du Sud-Ouest, exhorté les tradipraticiens à « se protéger et à protéger leurs patients à travers le respect des gestes barrières sur les sites où ils reçoivent les malades ». Il a en outre encouragé les tradipraticiens de ne pas hésiter à référer les cas suspects aux centres de santé.
Le point focal OMS en appui dans la région, Dr Appolinaire Kima, a rappelé aux tradipraticiens « que l’assouplissement des mesures barrières ne signifie pas abandon des gestes barrières ». Il a encouragé les tradipraticiens présents à la rencontre d’échange à être les portes paroles de l’équipe de riposte auprès de leurs pairs pour véhiculer les bonnes informations et les bonnes pratiques en faveur de la lutte contre la Covid-19.
Les tradipraticiens ont, par la voix de leur représentant, remercié l’OMS et la Direction régionale de la santé du Sud -Ouest pour la tenue de cette journée d’échange, Pour ce dernier, les échanges leur ont permis de mieux comprendre la Covid-19. Ils ont pris, séance tenante, l’engagement de suivre non seulement les conseils sanitaires, mais de mieux s’organiser au sein de leurs associations respectives pour la lutte contre la Covid-19.
Ce fut également l’occasion de briefer les tradipraticiens de santé de la région sur la surveillance communautaire en vue d’améliorer la détection précoce des cas de PFA et autres évènements inhabituels de santé publique.