République du Congo : les populations autochtones du département du Niari se font vacciner contre la COVID-19
« Quand j’ai pris la décision de me faire vacciner contre la COVID-19, les membres de ma famille étaient réticents et pensaient que je commettais une grave erreur, certains disaient même que j’allais mourir sur le champ », explique Aloïse Mboungou, à l’entrée de son habitation de branches et de terre. « Quand je suis revenu de ma vaccination, ma communauté venait me toucher et me poser des questions pour s’assurer que j’étais toujours le même. »
Dans le village de Tsimba, comme dans toutes les localités du département du Niari, dans l’Est de la République du Congo où vivent les populations autochtones, la résistance à la vaccination contre la COVID-19 était très forte. Une campagne de vaccination menée en octobre à l’attention de toutes les populations, couplée à des efforts de sensibilisation auprès des communautés par les autorités sanitaires avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a toutefois permis de vaincre les réticences et de vacciner une partie de la population, dont 80 % de la population est autochtone.
Dans tout le département du Niari, on comptait 51 cas confirmés de COVID-19, dont 4 décès et 47 guérisons. Fin octobre, 6017 personnes avaient reçu deux doses du vaccin Sinopharm et 2285 personnes le vaccin Janssen & Janssen, d’après les comptes réalisés par le Dr Joseph Moutou, Directeur des soins et services du départemental du Niari
Avant même que le vaccin soit déployé, les chefs de villages et les leaders communautaires ont servi de relais d’informations et de sensibilisations aux mesures de prévention édictées par les autorités pour freiner la propagation de la COVID-19.
Formant une minorité nationale, les populations autochtones respectent des traditions et des coutumes ancestrales, en relatif isolement. Elles sont exposées à l’extrême pauvreté et aux discriminations politiques, socioéconomiques et culturelles, ce qui les rend vulnérable à la COVID-19. Leur éloignement rend aussi le déploiement du vaccin particulièrement difficile.
« Dès l’arrivée des vaccins, les autorités ont utilisé les mêmes canaux de communication pour préparer la population », explique Justin Missié, sous-préfet du district de Mountamba. « Par exemple, dans les villages éloignés où les gens disposent de peu d’informations, nous avons montré des photos des différentes personnes vaccinées, y compris les autorités locales vaccinées dont je fais partie, pour convaincre les communautés que les vaccins sont sans danger et bénéfiques pour notre santé. Nous voulions servir d’exemple pour montrer l’importance et l’utilité des vaccins. Le même vaccin qui est utilisé pour tout le monde. »
A Tsimba, l’un des villages concernés par la vaccination, Aloïse Mboungou, learder des populations autochtones, confirme : « J’ai décidé de me faire vacciner quand le sous-préfet et les chefs du village nous ont expliqué que le vaccin est arrivé et qu’il réduirait le risque d’être gravement malade. »
Dans le village de Titi, où 256 des 6280 habitants ont été vaccinés, Ngoulou Mbengo, père de quatre enfants, raconte à son tour : « Les autorités nous ont parlé de la gravité de la maladie et nous ont expliqué que le vaccin peut nous protéger et réduire les formes sévères de la maladie. Depuis la prise de mon vaccin, je me porte très bien et j’encourage mes frères et sœurs populations autochtones et Bantou à se faire vacciner comme moi. »
« Les vaccins sont conservés dans le village de Moutamba, à 30 km de Titi, et à chaque besoin, nous allons chercher les vaccins à pied. Le village de Titi est très reculé et l’accès au centre de santé pour prendre le vaccin reste difficile », explique Dorice Mabiala, infirmier au CSI de Titi. « Mais les populations sont désormais disposées à se faire vacciner, si les autorités pouvaient faciliter le déploiement des vaccins d’un village à un autre. »
Depuis le début de la pandémie et la détection des premiers cas en République du Congo, le gouvernement, soutenu par l’OMS, s’est beaucoup impliqué, que ce soit sur la prise en charge des malades, la formation des agents de santé, l’approvisionnement des Centres de santé intégrée (CSI), les hôpitaux et des districts en médicaments, en tests de diagnostic rapide ainsi qu’en masques, gels désinfectants et en ressources humaines.
« La mise en œuvre de la stratégie opérationnelle a soutenu les efforts des autorités administratives et les élus locaux dans la revitalisation des districts sanitaires pour améliorer l’utilisation des soins et services de santé de base pour la population, ce qui permet aujourd’hui de déployer le vaccin contre la COVID-19 partout sur le territoire national, y compris dans les zones les plus reculées », déclare le Dr Alexis Lucien Manga, Représentant de l’OMS en République du Congo.
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