Dr Alassani Issifou : « prendre en compte les déterminants environnementaux dans la gestion de la santé »
Le Dr Issifou Alassani s’est découvert une véritable passion pour la médecine dès son plus jeune âge, alors qu’il aidait son père thérapeute traditionnel à soigner les gens. Il a rejoint le bureau pays de l’OMS au Togo en 2018, en tant que consultant pour la surveillance des maladies évitables par la vaccination. Il est actuellement responsable de la gestion des risques liés aux situations d’urgence et dirige le programme de santé environnementale. Comment est née l’idée du programme de surveillance de la qualité de l’air au Togo ? Un matin, la ville de Lomé était couverte d’une épaisse couche de brouillard. L’air était infesté de polluants. Ce même jour, j’ai rencontré par hasard un collègue du ministère de l’Environnement et nous avons abordé la question de la pollution de l’air à Lomé. C’est ainsi qu’il m’est venu l’idée de me pencher sur la question. Cela s’est concrétisé lorsque le bureau de pays de l’OMS s’est engagé à soutenir le ministère de l’Environnement dans la mise en œuvre de stratégies de lutte contre les déterminants environnementaux de la santé. En tant que point focal pour la santé environnementale, j’ai participé à l’élaboration du programme de surveillance de la qualité de l’air au Togo. Nous avons intégré le volet « déterminants environnementaux » dans notre plan biennal 2022-2023 afin de continuer à soutenir la mise en œuvre du programme. Pourquoi est-il important d’établir un lien entre la santé et l’environnement ? Il est désormais clairement démontré, sur la base de données scientifiques, que les facteurs environnementaux sont un important déterminant de la santé. Des épidémies de choléra se sont déclarées dans le sud du Togo en 2020 et en 2021. Il ressort de l’analyse de la situation que ces épidémies sont attribuables à des conditions d’hygiène et d’assainissement précaires, associées à une mauvaise gestion de l’environnement (décharges sauvages, défécation à l’air libre, etc.) et à l’absence d’eau potable dans certains quartiers de Lomé. Ajoutons, comme autre exemple de l’impact de l’environnement sur la santé, l’utilisation abusive et intempestive d’insecticides qui a rendu les moustiques résistants, ce qui complique la lutte contre le vecteur du paludisme. Le risque est celui d’une vulnérabilité accrue de la population au paludisme. Comment le changement climatique affecte-t-il la santé ? Le changement climatique modifie le profil épidémiologique du pays. Les inondations, en partie attribuables à une pluviométrie excessive, peuvent par exemple conduire à des épidémies de choléra. L’harmattan, ce vent sec et chaud qui balayait autrefois le nord du pays, souffle désormais en direction du sud, et s’accompagne d’un risque d’épidémie de méningite. De plus, les saisons sèches sont de plus en plus longues et se traduisent par une baisse de la productivité agricole, notamment dans les régions déjà défavorisées, ce qui conduit à la malnutrition chez les enfants et à l’aggravation de ce phénomène. Il s’agit d’exemples concrets de dérèglements climatiques qui ont des répercussions directes sur la santé de la population togolaise. Il est désormais nécessaire de prendre en compte les déterminants environnementaux dans la gestion de la santé, de mieux gérer les ressources environnementales et d’impliquer les communautés dans ces efforts. |
Chargée de communication
Bureau régional pour l'Afrique
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Chargée de communication
OMS Togo
Email : fiatya [at] who.int (fiatya[at]who[dot]int)