La Côte d’Ivoire lance une campagne de vaccination localisées pour faire barrage à une épidémie de poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale de type2

La Côte d’Ivoire lance une campagne de vaccination localisées pour faire barrage à une épidémie de poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale de type2

La Côte d’Ivoire a lancé la première phase des Journées Locales de Vaccination (JLV) contre la poliomyélite, le 17 juin 2022, à Abidjan. Ces JLV visent à vacciner environ 2 millions d’enfants de zéro à cinq ans, dans 32 districts sanitaires identifiés comme étant à haut risque, contre poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale de type 2 (PVDVc2).

Le Ministre de la santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, Pierre N’Gou DIMBA, qui a lancé la campagne dans la commune de Treichville, en présence des partenaires, à savoir l’OMS, l’UNICEF et le Rotary International, a exhorté les mamans à présenter leurs enfants aux équipes de vaccination.

« La vaccination reste et demeure la seule arme efficace pour bouter la polio hors de notre pays. Si nous aimons nos enfants, nous devons les amener à la vaccination. Les bons résultats obtenus dans le cadre de la lutte contre la poliomyélite sont le fruit de vos engagements et adhésions à la politique de vaccination de notre pays », a-t-il dit à l’endroit des parents et surtout des mamans venues nombreux avec leurs enfants, sur le site de la cérémonie officielle de lancement de la campagne.

Contexte épidémiologique marqué par la survenue des poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale de type 2

La Côte d’Ivoire a été déclarée « libre de poliovirus sauvage » en novembre 2015 par l’OMS. La commission régionale de certification de l’éradication de la poliomyélite pour l’Afrique (CRCA) a déclaré la région africaine libre du poliovirus sauvage le 25 août 2020. Ces grandes victoires après tant d’années d’efforts n’ont pas été suffisantes pour mettre la Côte d’Ivoire à l’abri d’autres flambées de poliomyélite, car, malheureusement, il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager au sein des communautés, à savoir le poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale, ou PVDVc.

Bien que les PVDVc soient rares, ils sont devenus plus fréquents au cours des dernières années en raison des faibles couvertures vaccinales au sein de certaines communautés. Les poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale de type 2 (PVDVc2) sont les plus répandus, 959 cas ayant été confirmés dans le monde en 2020.

Depuis le premier trimestre 2022, deux cas de poliovirus dérivés de souche vaccinale circulant de type 2 (PVDVc2) ont été isolés en Côte d’Ivoire dans les sites de surveillance environnementale de Jacob et de l’Indénié situés dans le district sanitaire d’Adjamé-Plateau-Attécoubé, région sanitaire d’Abidjan 2. Les JLV dont la première phase a été lancée le 17 juin et qui va se poursuivre jusqu’au 20 juin 2022, sont une réponse à cette situation épidémiologique du pays. Près de 2 millions (1 994 049 exactement) d’enfants de 0 à 5 ans dans les 32 districts sanitaires de 9 régions, identifiés comme à risque, recevront des doses du vaccin nVPO2.

Impact de la COVID-19 sur les taux de vaccination dans certains districts sanitaires

Le contexte actuel marqué par la survenue de la maladie à coronavirus a contribué à une baisse du taux de fréquentation des formations sanitaires par les populations et par conséquent une faible utilisation des services de vaccination.

Prenant la parole au nom des partenaires, le Représentant de l’OMS en Côte d’Ivoire, Dr Jean Marie Vianny YAMEOGO, a rappelé les résultats de deux sondages sur la vaccination réalisés en avril et juin 2020 à travers la plate-forme U-Report développée par l’UNICEF. « Ils révèlent que seulement 48% des parents ont continué à faire vacciner leurs enfants en avril et 56% en juin. Cela signifie que plus d’un tiers des enfants éligibles à la vaccination de routine n’ont pas reçu les vaccins nécessaires ».

Mesures à entreprendre afin de maintenir les acquis et éviter l’apparition des cas de polio au sein de nos communautés

« Les actions qui doivent être entreprises pour relever rapidement le niveau d’immunité chez les enfants et les protéger contre la paralysie due à la poliomyélite sont, entre autres, le renforcement de la vaccination systématique en routine de tous les enfants de 0 à 23 mois, la vaccination de tous les enfants cibles lors des campagnes de vaccination de masse, la surveillance des maladies évitables par la vaccination et particulièrement les Paralysies Flasques Aigues, c’est-à-dire toute faiblesse musculaire ou la réduction du tonus musculaire chez un enfant, sans aucune autre cause évidente, une bonne coordination de toutes les activités de vaccination et la sensibilisation des parents pour le respect du calendrier vaccinal », a souligné le Représentant de l’OMS. 

Il a conclu son intervention en appelant à une mobilisation de tous afin que tous les ménages soient sensibilisés sur l’importance de la vaccination et s’engagent à faire vacciner régulièrement les enfants.

Pour rappel, le présent passage des JLV aura lieu du 17 au 20 juin 2022. Il couvrira 32 districts sanitaires. Exactement 1 994 049 de 0 à 5 ans sont visés. Le vaccin utilisé est le nVPO2.

Notes

Comment les poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale surviennent-ils ?

Le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) qui a permis de parvenir à la quasi-éradication du poliovirus sauvage présente de nombreux avantages : le virus vaccin vivant atténué (affaibli) offre une meilleure immunité dans les intestins, où se reproduit le poliovirus. Le virus vaccin est également excrété dans les selles et peut se propager d’une personne à une autre et de ce fait contribuer à protéger la communauté.

Toutefois, dans les communautés où les couvertures vaccinales sont faibles, ces virus survivent longtemps, se reproduisent, changent et échangent du matériel génétique avec d’autres entérovirus, au fur et à mesure qu’ils se propagent dans la communauté. Sur une longue période (souvent pendant 12 à 18 mois environ), ils peuvent muter et acquérir à nouveau une neuro-virulence. Ces virus sont appelés poliovirus circulants dérivés de vaccins (PVDVc) ,pouvant entraîner une paralysie tout comme le poliovirus sauvage.

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Kone Souleymane

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