RCA : contenir l’épidémie de rougeole et sauver des vies

RCA : contenir l’épidémie de rougeole et sauver des vies

Bangassou – Nabila Lucie, 67 ans, l’air pensive est assis dans la cour de l’hôpital de district de Bangassou, à 750 km de Bangui. Depuis six jours, elle est au chevet de ses petites filles Linda, 20 mois, et Silvie, 24 mois. Hospitalisées à cause d’une forte fièvre, des éruptions cutanées et de la conjonctivite, les deux fillettes ont été diagnostiquées positives à la rougeole.

La rougeole est une maladie virale très contagieuse qui se transmet par voie aérienne. Elle entraîne de graves complications et même la mort. Les jeunes enfants non protégés par la vaccination sont plus à risque.

Depuis le début de l’année, la République Centrafricaine (RCA) fait face à une flambée des cas de rougeole.14 districts sanitaires sur 35 sont touchés, parmi lesquels Bangassou, l’un des foyers de la maladie qui enregistre 742 cas. Sur le plan national, le pays compte 1524 cas et les enfants de moins de 10 ans représentent 82 % des cas. De plus, 7 % des enfants de 0 à 11 mois ne sont pas encore vaccinés contre la rougeole, selon les données dynamiques de la vaccination de routine de janvier à octobre 2023.

Cette épidémie intervient dans un contexte socio-économique difficile à cause du conflit armé que connait la RCA, accentuant la pression sur le système de santé déjà fragile.

Pour une riposte coordonnée, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres partenaires appuient le Ministère de la santé et de la population à travers l’approvisionnement en médicaments et consommables médicaux. Les activités de riposte contre l’épidémie de rougeole sont axées essentiellement sur le renforcement de la surveillance épidémiologique par la recherche active des cas dans les formations sanitaires. 

Le système de surveillance épidémiologique à base communautaire est renforcé par une surveillance électronique assurée par 70 relais communautaires formés et dotés de smartphones équipés d’une application de détection « auto-visuelle » AVADAR (Auto-visual AFP Detection and Reporting), développée par l’OMS Afrique avec le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates et de la Banque Mondiale. Ce mode de surveillance permet d’orienter les cas détectés vers les centres de traitement. 

En raison du risque de contamination, l’hôpital de district de Bangassou a modifié le circuit des patients au niveau du triage. Des patients présentant des signes de rougeole sont envoyés directement en isolement et les cas confirmés sont mis sous traitement. La gratuité de la prise en charge des malades est facilitée grâce à l’appui des partenaires notamment l’OMS sur financement du gouvernement allemand et du fonds pour les situations d’urgence CFE. 

« Depuis notre arrivée ici, mes deux petites-filles sont suivies de jour comme de nuit. Le traitement et les médicaments sont gratuits et cela nous soulagent beaucoup », relève la grand-mère Nabila.

A l’autre extrémité du site, renchérit Josué Komadame, dont les jumeaux d’un an sont atteints de la rougeole. « Si c’était payant, j’allais perdre mes enfants. Heureusement, les infirmiers nous offrent les médicaments et tout gratuitement. »

Le Dr Vianey Ludovic Gounouman, médecin-chef de l’hôpital régional et universitaire de Bangassou reconnait l’impact de l’appui des partenaires. « Cet appui est vraiment capital dans la prise en charge des cas. Les kits de rougeole offerts par l’OMS, composés entre autres d’antibiotiques et d’autres médicaments essentiels, en plus des équipements de protection individuelle nous aident beaucoup et sont gérés de manière rationnelle. »

En plus de la surveillance, du référencement et la prise en charge médicale, la sensibilisation communautaire ainsi que la vaccination constituent les grands axes de la riposte de la RCA. Ainsi du 16 au 21 novembre s’est tenue une campagne de vaccination qui a permis de protéger 10 914 enfants dans la commune de Bangassou. Au niveau national, le pays prévoit de vacciner 1 240 840 enfants de 6 à 59 mois lors des prochaines journées nationales de vaccination prévues du 8 au 16 décembre 2023. 

Sur le terrain, l’équipe cadre de district bénéficie du soutien de l’OMS dans le domaine de la surveillance épidémiologique, la communication des risques et l’engagement communautaire. « Nous apportons notre expertise dans le cadre des investigations des cas suspects, des prélèvements et leur transmission à l’institut pasteur de Bangui », indique le Dr Jean Pierre Banga-Mingo, chef du sous-bureau OMS de Bangassou. L’Organisation appuie également la mobilisation communautaire et la communication à travers des caravanes motorisées regroupant une trentaine de partenaires multisectoriels. Le but est de sensibiliser et d’éveiller la conscience des communautés sur cette épidémie de la rougeole essentiellement due à la faible couverture vaccinale. 

Des efforts sont également en cours pour renforcer la coordination locale, l’élaboration du plan de riposte opérationnel et la vaccination en vue de freiner l’expansion de l’épidémie. « Le défi majeur aujourd’hui, reste la promptitude dans la réponse à cette épidémie. Seule la vaccination à l’échelle de la communauté est le moyen le plus efficace de contenir l’épidémie », explique le Dr Aymard Desnos Namssenmoh, médecin chef du district sanitaire de Bangassou.

En plus de cet appui dans la riposte à l’épidémie de rougeole, l’OMS a également fourni cinq tonnes de médicaments, de matériel médical et des équipements de protection individuelle pour améliorer l’offre des soins de santé et mieux préparer les formations sanitaires du district de Bangassou à répondre promptement aux urgences sanitaires et à sauver des vies.     

En plus de la rougeole, le district sanitaire de Bangassou fait face épisodiquement à des cas de la variole du singe. De nombreux cas de morsure de chiens y sont également enregistrés. 

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René Koundou IFONO

Chargé de communication

OMS - République Centrafricaine

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