JEE – RSI (2005): Exercice réussi pour la Côte d’Ivoire, Cap sur le PANSS 24-27
La Côte d’Ivoire a brillamment réussi son exercice d’évaluation externe conjointe (Joint External Evaluation - JEE) du règlement sanitaire international (RSI) 2005 réalisé du 4 au 8 décembre 2023. Le panel d’évaluateurs externes qui a conduit l’exercice, en collaboration avec l’équipe de la partie nationale, composée de 91 experts issus de divers ministères, institutions et services impliqués dans la mise en œuvre du RSI (2005), ainsi que des partenaires techniques et financiers, est arrivé à une conclusion qui donne de l’espoir. « L’évaluation externe conjoint du RSI (2005) a mis en évidence les progrès considérables accomplis par la République de Côte d’Ivoire, en matière de sécurité sanitaire et de réaction aux situations d’urgence de santé publique, au cours des dernières années », relève le rapport final qui a sanctionné cette mission en Côte d’Ivoire.
Le rapport des experts a évoqué plusieurs points forts, parmi lesquels la volonté politique démontrée par la Côte d’Ivoire dans la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire favorable à la mise œuvre du RSI (2005). « Le pays a ainsi fait preuve d’un engagement politique fort face à diverses urgences, notamment pendant la pandémie de COVID-19. Il a mis en place un leadership solide en établissant des structures de gouvernance stratégique, qui ont favorisé une coordination efficace ainsi qu’une implication des acteurs internationaux clés », souligne le rapport.
Le représentant du ministère ivoirien de la Santé, le Professeur Ekra Daniel, Directeur Général de l’Institut national d’hygiène public (INHP), Point focal RSI national, a exprimé sa satisfaction face à la mobilisation des acteurs nationaux et des partenaires. « C’est le lieu de renforcer les compétences nationales pour prévenir, détecter et surmonter les menaces de maladies infectieuses », a-t-il dit, avant d’indiquer que « cette seconde évaluation doit aboutir à un plan d’action national de sécurité sanitaire actualisé pour la période 2023-2027 ».
L’OMS, l’organisation qui encadre la mise en œuvre et le suivi évaluation du RSI a également exprimé sa satisfaction à travers les propos de Dr Fatim TALL, Cheffe du Bureau pays de l’OMS en Côte d’Ivoire. « L’exercice du JEE a été un succès certain au regard de la participation de l’ensemble des parties prenantes et je voudrais féliciter les experts nationaux pour leur intérêt marqué par leur assiduité et leurs contributions pertinentes. Nous avons essayé de coordonner l’ensemble des opérations, depuis l’évaluation interne pour faire de cette dernière étape, une vraie fête de la sécurité sanitaire dans le pays et nous y sommes arrivés », dit-elle.
L’exercice du JEE a permis aux points focaux nationaux de présenter les résultats de l’autoévaluation des dix-neuf (19) domaines techniques avec leurs cinquante-six (56) indicateurs. Ces présentations ont porté sur le niveau de mise en œuvre du RSI dans le pays ainsi que sur le rôle des acteurs nationaux selon l’approche « Une seule santé ». Un aperçu global des capacités du pays a été dressé, mettant en évidence les points forts, les aspects à renforcer ainsi que les meilleures pratiques et les défis pour chaque domaine. Ce qui a permis ainsi d’attribuer des scores à chaque indicateur et de proposer des mesures prioritaires visant à relever les défis identifiés.
Les discussions ont, tour à tour, porté sur (i) l’analyse de la situation de chaque domaine technique en se fondant sur les documents de référence, les informations recueillies lors des visites de terrain et les contributions des participants ; (ii) l’adoption ou l’amendement des scores pour aboutir à une validation consensuelle et avec le plus d’objectivité possible ; et (iii) l’identification et la hiérarchisation de mesures prioritaires réalistes afin de faciliter la planification et le renforcement des capacités essentielles du RSI (2005) en vue d’améliorer la sécurité sanitaire au niveau national.
Les experts ont également souligné quelques défis majeurs qui restent à relever, pour lesquels ils ont formulé trois à cinq actions prioritaires pour chacun des dix-neuf domaines techniques. Parmi ces défis majeurs, nous pourrions en citer trois, notamment la nécessité de (i) renforcer les systèmes d’alerte précoce et dresser la cartographie des risques, à travers la mise en place d’une surveillance basée sur les évènements et d’un système de surveillance électronique interopérable et interconnecté selon l’approche « Une seule santé » ; (ii) mettre en place une stratégie de développement des ressources humaines prenant en compte l’équité et l’égalité entre les genres en contexte d’urgence sanitaire ; enfin (iii) mettre en place un service spécialisé dans la gestion et la prise en charge des expositions aux produits chimiques et radiologiques.
Les partenaires présents à cette évaluation ont donné parfois une impression de goûts inachevés, parfois ils ont affiché leurs satisfactions ou encore leur optimisme quant à l’évolution positive de la situation dans les années à venir.
« Au titre des scores, nous avons ensemble noté les progrès importants réalisés par le pays depuis la dernière édition du JEE en 2016. Il faut noter que plusieurs capacités ont récolté des scores jugés faibles, du fait parfois de détails qui seront rapidement corrigés afin de permettre de refléter le véritable niveau atteint par le pays », déclare Dr Ané Ambroise, Coordonnateur des Urgences au Bureau pays de l’OMS en Côte d’Ivoire.
« Les scores, de notre point de vue, ont été surestimés par les participants du pays. Ceci pourrait s’expliquer de deux façons : soit à cause d’une mauvaise compréhension des indicateurs, soit à cause de l’adjonction de nouveaux indicateurs dans le JEE. Nous pensons que les scores sont dans l’ensemble au niveau du pays, car dans de nombreux domaines, beaucoup restent à faire, entre autres l’absence de plan multirisque CREC, la non-mise à jour du plan de contingence, la non-prise en compte de certains domaines clés, l’absence de documentation des acquis, etc. », explique, pour sa part, Dr Diarrassouba Mamadou, Responsable de la gestion des urgences en santé publique au Bureau du CDC Atlanta à Abidjan.
Le chemin jusqu’à la prochaine évaluation externe du RSI est encore long. Ils n’ont aucun doute sur leur soutien et leurs appuis multiples et multiformes vis-à-vis des autorités nationales. Cependant, les partenaires pensent qu’une meilleure synergie d’idée et d’action pourrait être bénéfique au pays. « Pour les actions à venir, le CDC pense qu’il faut encourager tous les acteurs à travailler selon l’approche une seule santé, à savoir renforcer la plateforme une seule sante pour travailler de façon plus inclusive avec toutes parties prenantes sans à priori ; renforcer la coordination du GHSA pour une meilleure collaboration entre partenaires au développement et éviter les duplications ; renforcer les réunions de coordinations et de partage d’informations, et enfin encourager les partenaires à collaborer et travailler ensemble afin d’optimiser les ressources pour un meilleur impact ».
Tout en réitérant sa disponibilité et son engagement pour fournir au pays la guidance nécessaire dans le processus visant à mettre en œuvre les recommandations issues du JEE qui vient d’être bouclée, l’OMS rappelle « qu’une des étapes clé reste l’élaboration du PANSS, document maitre, qui devra servir de boussole pour la mise en œuvre du JEE dans le pays. Nous ne serons pas seuls en tant qu’OMS ; nous appellerons à la synergie de tous les partenaires afin que, dans une vision UNE SEULE SANTÉ, nous tracions les sillons d’un système de sécurité sanitaire robuste et résilient pour ce pays qui a démontré toute la volonté politique requise. Les initiatives existent avec la prochaine soumission au Pandemic Funds, et l’OMS jouera pleinement son rôle de premier plan ».
On se souvient que la dernière EEC a eu lieu en novembre 2016. Elle avait concerné les 19 domaines thématiques requis par le RSI 2005 et avait permis d’identifier les lacunes et les actions prioritaires en vue de renforcer la capacité du pays à prévenir, détecter et réagir de manière appropriée à toute urgence de santé publique. Le Plan d’Action National de Sécurité Sanitaire (PANSS 2018-2022), basé sur l’approche « une seule santé », a été élaboré à l’issue de ce processus. Ce plan qui est d’ailleurs venu à échéance depuis 2022, doit être révisé pour couvrir la période 2023 – 2027 en cohérence avec le Plan national de développement sanitaire (PNDS).
L’exercice de l’évaluation externe conjointe (ou Joint External Evaluation – JEE) a bénéficié du financement de l’OMS à travers les fonds canadiens CANGIVE.
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