Pointe-Noire – Le Ministère de la Santé et de la Population et la Préfecture de Pointe-Noire, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Congo, ont organisé, le 24 janvier 2024, un atelier de restitution des résultats de l’enquête épidémiologique pilote sur la fréquence des affections mentales à Pointe-Noire. Cet événement a mis en lumière l’urgence d’améliorer les services et soins de santé mentale dans ce département.

Avec une population estimée à près de 1,5 million d’habitants, Pointe-Noire ne dispose que d’un seul psychiatre, et les infrastructures dédiées à la prise en charge des maladies mentales sont quasi inexistantes. Selon l’enquête, réalisée du 30 mai au 6 juin 2024, 504 cas de troubles mentaux ont été recensés. Cette étude, fruit de la collaboration entre le Programme National de Santé Mentale (PNSM) et l’OMS, met en lumière les défis auxquels le département est confronté : insuffisance de services spécialisés, errance des malades mentaux et absence de données à l’échelle nationale.

Le Professeur agrégé Alain MOUANGA, Chef de service de psychiatrie au CHU de Brazzaville, a présenté les résultats de cette enquête en insistant sur le profil sociodémographique des personnes affectées et sur l’urgence de construire une infrastructure dédiée à la prise en charge de ces patients.

Présidée par le Ministre de la Santé et de la Population, Professeur Jean-Rosaire IBARA, en présence du Préfet de Pointe-Noire, M. Alexandre Honoré PAKA, et du Représentant de l’OMS au Congo, Dr Vincent Dossou SODJINOU, cette restitution a réuni les cadres du ministère, les autorités locales, les représentants de la société civile et divers partenaires techniques et financiers locaux.

Dans son discours, M. le ministre en charge de la Santé a rappelé que « la santé mentale et le bien-être sont essentiels pour permettre à chacun de réaliser son plein potentiel et de participer activement à la vie communautaire ». Il a réitéré l’engagement du Gouvernement renforcer l’intégration de la santé mentale dans les priorités nationales, à travers le plan stratégique national 2024-2026, aligné sur le Plan national de développement sanitaire (PNDS) et les engagements internationaux.

Un moment clé de l’atelier a été la remise symbolique du rapport de l’enquête par le Représentant de l’OMS Congo au Ministre de la santé et de la population ainsi qu’au Préfet. Ce rapport servira de base pour guider les prochaines étapes, notamment la réhabilitation du service de psychiatrie de l’hôpital de référence A. SICE et la construction d’un centre psychiatrique moderne dans l’arrondissement 6 (Ngoyo), sur un terrain de 6 hectares, récemment attribué à la préfecture de Pointe-Noire.

Le Dr Vincent SODJINOU, Représentant de l’OMS Congo, a salué les efforts du Gouvernement congolais, tout en soulignant les défis structurels persistants : « Partout dans le monde, les inégalités sociales et économiques, les crises de santé publique et les discriminations exacerbent les souffrances des personnes atteintes de troubles mentaux. Ces individus restent souvent sans accès à des soins de qualité, subissant stigmatisation et violations de leurs droits humains ». 

« L’OMS réaffirme sa disponibilité à accompagner la République du Congo dans la mise en œuvre de politiques plus robustes, l’intégration de la santé mentale dans les soins de santé primaires et le développement d’un modèle de prise en charge communautaire adapté », a-t-il ajouté.

Cet atelier marque une étape cruciale dans la prise de conscience et l’action en faveur de la santé mentale à Pointe-Noire en particulier et au Congo en général.

La construction future du centre psychiatrique, premier du genre dans le département, apparaît comme une lueur d’espoir pour les malades et leurs familles. « Comprendre et améliorer les soins de santé mentale dans le département de Pointe-Noire constituent le début d’une solution durable », a affirmé le Préfet du département de Pointe Noire, M. Alexandre Honoré PAKA, dans son allocution.

Avec cette dynamique, Pointe-Noire pourrait devenir un modèle pour d’autres départements du Congo en matière de prise en charge des maladies mentales.