Brahim Amine Mahamat : la prise en charge des enfants, mon destin
N’Djamena – Brahim Amine Mahamat, 49 ans est un agent de santé communautaire à N'Djamena, la capitale du Tchad. Mécanicien d’usine qu’il était, il n'aurait jamais imaginé travailler dans le domaine de la santé mais tout a basculé en ce mois de juin 2011, quand une épidémie de choléra a été déclarée dans le pays. L’une des stratégies de riposte du Tchad était l’engagement communautaire. Ainsi, chaque leader communautaire devait désigner un membre de sa communauté pour participer à la sensibilisation.
« La santé, elle m’est tombée dessus par le plus grand des hasards », confie Brahim qui s'est alors retrouvé sur le terrain pendant six mois pour conscientiser les populations sur les bonnes pratiques. Une expérience qui a éveillé en lui une passion pour la santé publique. En 2019, après plusieurs formations, il est devenu agent de santé communautaire, rattaché au centre de santé d'Abena à N’Djamena.
Brahim qui n’avait que le niveau de la classe de seconde voulait faire plus pour la santé de sa communauté. « Aujourd’hui, j’ai repris le chemin de la connaissance. Je suis inscrit en 1ère année en tant qu’agent technique de santé dans un institut de la place », explique-t-il.
Les ASC comme Brahim ont été d’une aide précieuse lors de l’introduction le 25 octobre 2024, de trois vaccins notamment contre le paludisme, le pneumocoque et le rotavirus. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appuyé le niveau central dans l’élaboration des modules des formations et les districts à former les agents de santé et les ASC sur l’introduction des nouveaux vaccins y compris la sécurité vaccinale et la mobilisation communautaire.
Selon Brahim, depuis l’introduction des nouveaux vaccins, les activités se sont intensifiées entre la sensibilisation, les conseils aux parents et la vaccination. « Avec cette nouvelle dynamique, nous recevons jusqu’à 80 enfants alors qu’habituellement, nous recevions entre 25 et 30 enfants par jour », souligne-t-il. « Nous avons même la chance de rattraper des enfants qu’on avait perdus de vue. Le vaccin contre le paludisme motive vraiment les mamans. »
La routine de ce père de famille se résume à arranger la salle, positionner les outils et le matériel, recevoir les mamans, vacciner les enfants et pour finir mettre le registre à jour.
Brahim réserve toutefois, une grande partie de son travail aux conseils pour les parents notamment sur l’importance pour les enfants de prendre les vaccins de routine et pour les parents de respecter les rendez-vous sanitaires. « Les enfants qui sont vaccinés et ayant un carnet à jour, sont protéger contre les maladies évitables par la vaccination », précise Brahim qui souligne également que les parents réduisent par la même occasion leurs dépenses en matière de santé. « Quand nous recevons un enfant dont l’âge oscille entre 6 et 59 mois, nous prenons sa taille, son poids et procédons à une pesée et une utilisation d’un périmètre brachial pour déterminer si l’enfant est malnutri. Nous vérifions également si l’enfant ne souffre pas d’une manifestation d’œdèmes qui nécessite une prise en charge spécifique. Nos différentes analyses permettent aux parents de réduire les visites chez le médecin » a-t-il détaillé.
Brahim est fier de son parcours. Il se sent utile et apprécié de la communauté. « En route, des mamans m’interpellent avec gaieté et reconnaissance. Elles racontent aux autres mamans que je suis l’infirmier qui prend en charge leurs enfants au centre de santé », raconte-t-il gaiement. « Si je jette un coup d’œil d’où je viens, je suis extrêmement fier. Je me dis que je pose des actes qui changent le comportement de la population et permettent de sauver des vies. »
Malgré les défis, comme le non-respect des rendez-vous par certains parents ou le déni de certaines maladies, Brahim reste motivé et optimiste. Il est convaincu que la sensibilisation et la vaccination sont essentielles pour la santé publique. Son objectif est clair : contribuer au bien-être des communautés, participer à la prévention et à la prise en charge des maladies de l’enfant.