Journée Mondiale Sans Tabac: Sétif, ville sans Tabac

Journée Mondiale Sans Tabac: Sétif, ville sans Tabac

La ville de Sétif a abrité la célébration officielle de la journée mondiale de lutte contre le tabac, le 31 mai 2014, sous le thème « Augmenter les taxes sur le tabac». Cette journée d’étude et de sensibilisation, a été organisée par le Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière (MSPRH), la Direction de la Santé et de la Population (DSP) de la Wilaya en collaboration avec le Bureau de l’OMS en Algérie. Parmi les participants à cette manifestation, les membres du Comité d’experts de lutte anti-tabac, les représentants de la Direction Générale des Impôts et les représentants de la Direction Générale des Douanes Algériennes.

Selon le représentant du Ministre de la Santé le Dr. Y. Tarfani, Directeur des Maladies Non Transmissibles, les études menées au niveau national ont permis d’établir que l’addiction au tabac touche, en Algérie, 15 % de la population âgée de 15 à 75 ans et 9,2% de la tranche d’âge 15-19 ans, ce qui place l’Algérie parmi les pays à consommation moyenne. C’est une situation qui doit conduire, a-t-il ajouté, à une "nouvelle impulsion" dans la lutte contre le tabagisme et à la mise en œuvre d’une "feuille de route" nationale et intersectorielle dans l’optique de ramener le taux des personnes dépendantes à moins de 10%.

Le Dr. Bah Keïta, Représentant de l’OMS en Algérie, a relevé, dans son allocution d’ouverture, que le tabagisme provoque un décès toutes les six secondes. Près de 50% des fumeurs meurent prématurément à cause des maladies liées à la consommation du tabac.

Le tabac entraîne aussi des coûts considérables pour les familles, les entreprises et les gouvernements ». Le Dr. B. Keita a indiqué que les études des taxes de 50% permettrait à l’ensemble des pays de réduire de 49 millions le nombre des fumeurs au cours des trois prochaines années et de sauver en fin de compte 11 millions de vies.

Le Pr. Salim Nafti, Président du Comité d’Experts de lutte antitabac, a souligné dans son intervention et tout au long des échanges et des débats que la prévention par la sensibilisation contre les méfaits du tabagisme constitue un élément fondamental pour venir à bout de ce fléau.

Une stratégie impliquant tous les secteurs et fondée entre autres sur l’application stricte de la législation interdisant le tabac dans les lieux publics, renforcerait les efforts et acquis réalisés dans la lutte contre le tabagisme en Algérie.

Plusieurs communications relatives aux dangers avérés du tabac, aussi bien pour ceux qui fument que pour leur entourage, ont été faites lors de cette rencontre qui a réuni des praticiens, des psychologues affectés aux cellules de proximité pour l’écoute et des membres d’associations venus des wilayas d’Annaba, Khenchela, Bejaïa, Jijel et Batna.

Eclairage

Dr.S. Bouaoud vous êtes responsable de la lutte antitabac au service d’Epidémiologie et de Médecine Préventive au CHU de Sétif, quels sont les actions que vous menez, justement pour réduire la consommation du tabac qui reste assez élevée à Sétif?

Les résultats de l’enquête de prévalence réalisée en 2014, a fait ressortir un taux de 28% de fumeurs chez les populations scolarisées, 11% en milieu universitaire (Faculté de médecine) ,18% en milieu hospitalier et 26 % dans le milieu du travail (industriel). Nos actions reposent sur l’information, l’éducation et la communication (IEC) dans les différents milieux concernés par nos enquêtes, notamment auprès de la population générale de la wilaya de Sétif. Nous réalisons également des formations pour le personnel de santé. Nous avons formé 60 médecins depuis 2010. Ces formations sont soutenues par la mise en place de consultation d’aide à l’arrêt du tabac justement pour une meilleure prise en charge des fumeurs au niveau des consultations spécialisée. Nous travaillons dans un cadre global en impliquant l’ensemble des intervenants notamment la société civile qui est très active au niveau de la wilaya et nous nous appuyons également sur l’application de la règlementation en vigueur.

Vous êtes Président du Comité d'experts pour la lutte contre le Tabac, quels sont les points forts de l'expérience algérienne?

Depuis le 1er septembre 2006, les pays mettent et en place des lois antitabac innovatrices . L’Algérie est le premier Etat maghrébin qui a ratifié la convention de lutte anti tabac en mars 2006.
Au rythme actuel, la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti Tabac (CCLAT) pourrait permettre de sauver 200 millions de vies d’ici à 2050. Toutefois, pour que le traité triomphe, une coordination internationale continue entre les avocats de la santé publique, les agents du gouvernement, les organisations non gouvernementales et les citoyens concernés est essentielle.
En Algérie les résultats de l’enquête nationale de santé dans le cadre du projet Tahina a étudié les habitudes tabagiques d’un échantillon de la population dont l'âge est compris entre 35 et 70 ans. Sur l’ensemble de la population enquêtée, 11,22% consomment actuellement du tabac avec fumée. Le maximum de fumeurs est trouvé dans la tranche des 40-44 ans (13,61%). Chez les hommes 63,03% des fumeurs ont moins de 45 ans et 16,64% sont âgés de plus de 65 ans. La proportion des femmes fumeuses est plus importante en milieu urbain par rapport au milieu rural (0,63% vs 0,05%).

Et les plus jeunes ?

Deux enquêtes menées en milieu scolaire à Alger et à Sétif vont nous apprendre à quel âge on commence à fumer et les mesures à prendre pour éviter que les enfants ne commencent cette fâcheuse habitude. Ces enfants qui sont les premières victimes du tabagisme passif doivent être protégées non seulement en milieu scolaire mais également dans les domiciles contre le tabagisme de leurs parents.

Comment sont organisées les consultations de sevrage?

Commencer à fumer est facile, s’arrêter est plus difficile car le fumeur est dépendant de la nicotine. Si les consultations de tabacologie constituent un élément important du traitement de la dépendance, pratiquement il n’existe en Algérie que de rares consultations d’aide au sevrage comme celles pratiquées au CHU Mustapha, ouverte depuis le 31 mai 2004. La mise en place de formations sont nécessaires aussi bien pour les médecins que pour les pharmaciens, les sages femmes, les dentistes et tous les professionnels de santé. La mise en place de ces consultations intégrées dans les activités de soins de base, avec un équipement léger et dirigées par des médecins généralistes préalablement formés sont susceptibles d’apporter une aide significative aux fumeurs motivés. Dans les grandes lignes, l’Algérie applique les différents articles de la CCLAT même s’il reste beaucoup de choses à faire. Première cause de décès évitables dans le monde, le tabagisme doit être combattu par tous et pas seulement par les professionnels de santé.

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Directeur de la publication: 
Dr. B Kéita Représentant de l’OMS en Algérie

Rédaction:
Staff technique

Conception:
L. Chibout /HPR 

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