Une charge virale indétectable, une meilleure santé des personnes vivant avec le VIH

Dépistage de la charge virale dans la province de Moundou
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Une charge virale indétectable, une meilleure santé des personnes vivant avec le VIH

« Le VIH/SIDA n’est pas une fatalité, c’est une maladie comme une autre qui nécessite de prendre sa santé en main » message que Dr Christian transmet à ses patients à la fin de chaque visite.

Un message fort qui accroche Hassan*, patient vivant avec le VIH depuis plus de 10 ans maintenant. Jeune commerçant de la trentaine, Hassan passe voir son médecin traitant à l’hôpital pour son rendez-vous avant de se rendre à sa boutique au grand marché de Ndjaména. Pour ce dernier la formule miracle est « de bien suivre le traitement ».

Comme dans plusieurs pays d’Afrique et du monde, l’épidémie du VIH persiste au Tchad. En 2021, on estime environ 110 000 personnes vivant avec le VIH, 3 300 nouvelles infections et 2 700 décès liés au Sida, qui ralentissent les progrès pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici 2030.

En réalité, les objectifs mondiaux pour la lutte contre le VIH stipulent que d’ici 2025, 95 % des personnes vivant avec le VIH connaitront leur statut sérologique, 95 % des personnes qui connaissent leur statut sérologique VIH ont accès à un traitement antirétroviral et 95 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable.

A ce jour, sur cet objectif des « 95-95-95 » le Tchad a néanmoins réalisé quelques progrès avec 85, 9% des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut, 83,4% qui sont sous traitement antirétroviraux et seulement 14,7% ayant une charge virale supprimée. Cette analyse nous montre que le troisième « 95 » qui concerne la suppression de la charge virale est plus en souffrance sur les progrès.

En effet, la charge virale (CV) définit le nombre de copies du virus dans le sang et lorsqu’elle est en dessous 50 copies/ml, on parle d’une charge virale indétectable. A ce stade, le patient retrouve un système immunitaire renforcé et le risque de transmettre l’infection à VIH est considérablement réduit. C’est alors l’idéal pour une personne vivant avec le VIH.

Afin, d’amener la majorité des personnes vivant avec le VIH et sous traitement antirétroviraux vers cet idéal, plusieurs efforts sont conjugués entre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les autorités sanitaires du Tchad et les autres partenaires techniques et financiers tel que le Fonds Mondial.

« Pour le moment les patients n’ont pas encore bien compris l’importance de la Charge Virale, peu d’entre eux respectent les rendez-vous pour le test de la charge virale alors qu’ils réclament souvent la numération des lymphocytes CD4 » déplore Dr Christian NGUEMADJITA du service des maladies infectieuses à l’hôpital universitaire de Bon Samaritain dans le district de Ndjaména sud.

D’après les recommandations de l’OMS, les patients du VIH doivent faire mesurer leur Charge Virale (CV) au moins 1 fois par an. Vue la faible demande de ces tests au Tchad, des campagnes sont organisées en collaboration avec les délégations sanitaires provinciales et les districts sanitaires pour évaluer l’efficacité des traitements antirétroviraux reçus par les patients

« Avec cette deuxième campagne de l’année 2022, nous avons pu réaliser les tests CV pour 400 patients à l’hôpital Bon Samaritain soit 100 patients de plus par rapport à la campagne de mars 2022 » se réjouit Dr Christian.

Compte tenu des stéréotypes et stigmates autour de cette maladie, la mobilisation durant ces campagnes est possible grâce aux conseillers psychosociaux parmi les groupes de patients vivant avec le VIH qui les sensibilisent de bouche à oreille.

L’hôpital Bon Samaritain dispose de cinq conseillers psychosociaux dédiés au programme VIH. Selon Dr Christian, les deux s’occupent des discussions lors de séances de distribution des antirétroviraux puis les trois autres travaillent sur le soutien psychosocial des patients à l’observance du traitement ARV surtout lorsqu’ils ont une charge élevée. Cette approche de service de proximité des prestataires de santé accroche la confiance des patients comme l’explique Hassan « je passe à l’hôpital tous les deux mois pour récupérer mes médicaments et je les prends chaque jour à 19h ».

Dans cette campagne de test de la charge virale, le bureau OMS du Tchad vise la couverture de 4 000 patients sur une durée de 25 jours de campagne dans la province de Logone occidentale et une couverture de 500 patients à l’Hôpital Universitaire Bon Samaritain de N’djaména. Avec un financement pour le renforcement du laboratoire, un suivi et une supervision formative des agents de santé ainsi que la mise en place d’un système d’achat des performances, l’OMS est aux côtés des autorités sanitaires du Tchad pour améliorer les services offerts aux patients ainsi que la demande de la charge virale.

D’ailleurs, une mise à échelle de ce type de campagne est prévue en 2023 afin de ne laisser personne de côté.

Il n’en reste pas moins qu’il faut redoubler d’efforts pour généraliser le traitement, en particulier pour les enfants et les adolescents. « Seul 30% des enfants reçoivent les traitements aux antirétroviraux contre 75% chez les adultes », a affirmé la Directrice de la santé publique du Ministère de la santé publique et de la prévention du Tchad.

Comme l’a mentionné la Directrice Régionale de l’OMS pour l’Afrique, à l’occasion du 01 décembre 2022, journée internationale de lutte contre le VIH, « les inégalités persistent dans les services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH. »

Afin de contribuer à corriger cette inégalité sur l’accès aux soins en faveur des enfants et adolescents, les bureaux régionaux de l’OMS, de l’ONUSIDA, du Fonds Mondial et les ONGs ont facilité un dialogue national qui soutient la volonté politique du Tchad pour une meilleure prise en charge du VIH chez les enfants & les adolescents.

Consultation avec un patient VIH  à l'hôptal Universitaire Bon Samaritain de N'djaména
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Ndéye Coumba DIADHIOU

Chargée de Communication
OMS Tchad
Email : coumbalay [at] gmail.com (coumbalay[at]gmail[dot]com)