Surveillance conjointe de la consommation des antimicrobiens au Sénégal
Dakar – Le Sénégal a été le précurseur de la première formation conjointe en Afrique, sur la surveillance croisée de l’utilisation des antimicrobiens chez l’homme et l’animal avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Il s’agit là d’une primeur pour le développement d’un système de surveillance capable d’utiliser des données sur l’utilisation des antimicrobiens dans le cadre de l’approche « Une seule santé ».
Organisé sous la présidence du Haut conseil national de la sécurité sanitaire mondiale et des représentants sectoriels de l’initiative « Une seule santé », cet atelier pilote a misé sur le renforcement des connaissances et des capacités en vue d’une surveillance holistique de l’utilisation des antimicrobiens en santé humaine et animale.
La résistance aux antimicrobiens (RAM) demeure une grave menace pour la santé publique mondiale et est de fait un pilier majeur pour la sécurité sanitaire. Dr Vincent Sodjinou, Représentant par intérim de l’OMS au Sénégal rappelle que : « si nous n’y prenons pas garde, la RAM peut conduire une pandémie plus difficile à gérer que la COVID-19. L’initiative de la surveillance croisée offre une solution double pour le contrôle de l’utilisation des antimicrobiens pour la santé humaine, animale ».
Les orientations de l’OMS sur les activités intégrées de gestion des antimicrobiens recommandent la collecte régulière d'informations sur l’usage des antimicrobiens. Un tel dispositif, permet à toutes les parties intéressées d’évaluer les tendances, de procéder à des évaluations de risques et de communiquer sur ceux-ci.
Ainsi, les travaux ont conduit à l’identification d’axes de synergie mais aussi de spécificités entre les deux programmes de surveillance de manière à développer des activités conjointes comme l’analyse commune des données et la publication d’un rapport national sur la consommation des antimicrobiens au Sénégal. Les parties prenantes ont affiché une priorité pour le renforcement des mesures de prévention et de contrôle des infections et des activités à mener à moyen et long termes pour renforcer et pérenniser les programmes de surveillance de la prise des antimicrobiens en santé humaine et animale dans le pays.
Selon Dr Passoret Vounba, le Représentant de l’OMSA au Bureau régional de l’Afrique, « la surveillance croisée de l’utilisation des antimicrobiens est à la fois une source d’émulation et une priorité afin d’accélérer la mise en œuvre de la RAM. Nous comptons capitaliser les enseignements issus des travaux de Dakar afin de les répliquer pour en faire un modèle dans la sous-région ».
A l’issue de cet atelier, le Sénégal sera à même de générer et d’utiliser des données sur l’utilisation des antimicrobiens dans le cadre de la mise en œuvre de l’approche « Une seule santé ».
A moyen terme, le pays pourra organiser des activités de diffusion de ces données telles que la publication de rapports annuels sur l’usage des antimicrobiens en santé humaine et animale. Le rapportage des données de consommation d’antimicrobiens au niveau de la plateforme de monitorage Global Antimicrobial Resistance and Use Surveillance System (GLASS), renforcera la réponse du Sénégal à travers son plan d’action national de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens.
Le Haut conseil national de sécurité sanitaire mondiale « One Health » au Sénégal s’est engagé à porter la mise en œuvre des conclusions de cet atelier sur la surveillance croisée de la prise des antimicrobiens à travers son groupe de travail technique sur la résistance aux antimicrobiens.
Pour l’OMS et l’OMSA, cet atelier pilote servira de base pour l’organisation d’autres ateliers nationaux ou sous-régionaux sur la surveillance croisée de l’utilisation des antimicrobiens.