Les communautés engagées dans la lutte contre la tuberculose au Gabon

Les communautés engagées dans la lutte contre la tuberculose au Gabon

Libreville - Albertine, 39 ans, est une commerçante vivant à Libreville. Guérie aujourd’hui de la tuberculose, elle se rappelle avoir longtemps négligé les symptômes. « Avant le diagnostic, j’avais des douleurs dans la poitrine et je toussais beaucoup. Je me sentais tout le temps fatiguée et j’avais perdu beaucoup de poids sans aucune raison apparente », confie-t-elle. Après une dure période rythmée par une fatigue persistante et des difficultés à respirer, les examens médicaux ont révélé qu’elle souffrait de la tuberculose.

La tuberculose est un défi majeur au Gabon. Depuis 2021, le pays est classé parmi les 30 nations ayant le plus lourd fardeau de tuberculose à l'échelle mondiale. Face à la gravité de la situation, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a soutenu le gouvernement gabonais dans l’adoption d’approches innovantes dans la lutte contre la maladie. En 2023, le pays a enregistré 6760 cas de tuberculose.

Entre 2020 et 2022, une initiative a été conduite avec l’implication des communautés dans cinq régions sanitaires sur les 10 que compte le pays. L’approche communautaire inclut la sensibilisation de la population, la référence des personnes soupçonnées atteintes de la maladie et la recherche des malades irréguliers dans leur traitement ou les perdus de vue.

Dans le cadre de cette initiative, le gouvernement gabonais, en partenariat avec l'OMS et le Fonds mondial, a mobilisé plusieurs services de santé dont le Programme national de lutte contre la tuberculose, le Programme national de lutte contre le VIH-sida et le Service national de l'éducation pour la santé, qui ont collaboré avec les associations communautaires pour assurer une approche globale. « Le succès de cette expérience au Gabon témoigne de la force de la coordination, du pouvoir de la solidarité et de l’efficacité de l'engagement communautaire dans la lutte contre la tuberculose », relève Jocelyn Mahoumbou, Directeur du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT).

Lors des séances de sensibilisation, le personnel de santé venait en appui aux relais communautaires. « C’est lors d'une campagne de sensibilisation dans ma communauté que j'ai réalisé que les symptômes que je ressentais pourraient être liés à la tuberculose », se rappelle-t- Albertine. Avec l’accompagnement de l’agent de santé communautaire de sa zone, elle a été orientée vers le centre de santé de Nzeng-Ayong, dans le 6ème arrondissement de Libreville, pour le diagnostic et éventuellement des soins appropriés. « Le diagnostic a été un choc, mais l’envie de recouvrer la santé a pris le dessus sur mes craintes, surtout la stigmatisation. Le soutien des professionnels de la santé a été un atout inestimable », indique la jeune dame. 

Grâce à cette initiative dans les cinq régions sanitaires concernées, 980 sujets contacts de patients tuberculeux ont été examinés dont 81 enfants de moins de 5 ans. Cinquante-cinq (55) cas  présumés ont été identifiés et après des analyses, 17 cas ont été confirmés positifs à la tuberculose. Ces patients ont été orientés vers les centres de traitement pour une prise en charge adéquate. Ceux n’ayant pas de signes présomptifs de la tuberculose ont été mis sous traitement préventif et ceux qui présentaient des signes ont été orientés vers les centres dédiés pour passer le test de diagnostic rapide pour la détection de la tuberculose.

La stratégie mise en place impliquait aussi que des équipes de relais communautaires rendent visite, chaque semaine, à six ménages ayant un cas de tuberculose avec l'accord préalable du malade, pour échanger avec les autres membres de la famille. « Certaines portes restaient fermées au début. Les gens craignaient la stigmatisation. Mais peu à peu, nous avons gagné leur confiance en établissant une connexion humaine et ils ont commencé à se sentir à l'aise. La population a compris que nous sommes là pour aider, non pas pour juger », souligne Gérald Allogho, agent de santé communautaire dans la commune d’Owendo.

Les agents de santé communautaires, maillon clé de cette initiative, ont créé un lien de confiance avec les malades et leurs familles. Le respect de la conformité au traitement et le suivi thérapeutique étaient assurés. « La tuberculose était devenue une menace quotidienne. Nous devions agir et cette expérience pilote a été notre lueur d'espoir », a confié Cindy Obone, infirmière à l'hôpital de Nkembo de Libreville. « Chaque visite de maison était une opportunité de changer une vie. »

Dans le cadre du projet, l’OMS a soutenu la formation de 28 travailleurs de la santé pour une meilleure prise en charge des cas. L’Organisation a également facilité l’enrôlement, la formation et le déploiement d’une cinquantaine de relais communautaire.

« L’idée était de créer un engagement communautaire fort pour briser la chaîne de transmission de la tuberculose et la stigmatisation », indique la Dre Ghislaine Asseko Nkone, Point Focal tuberculose au bureau de l’OMS au Gabon. « Nous avons réussi à réduire significativement le risque de transmission. Les communautés se sont mobilisées, les contacts ont été identifiés, orientés et suivis de près. C’est une victoire collective », se réjouit-t-elle.

L’OMS soutient le pays dans la mobilisation de ressources additionnelles afin d’étendre l’initiative aux cinq autres régions sanitaires restantes afin de couvrir tout le pays. « C'est prometteur. Mobilisons des ressources, étendons cette activité et continuons de changer des vies. »

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Abdoul Aziz Maïga

Spécialiste en communication
OMS Gabon
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Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
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