Comptes nationaux de la santé : le Congo lance la collecte des données et des annuaires des statistiques sanitaires pour l’exercice 2019/2020
Lancement ce vendredi 03 septembre 2021 dans la salle des réunions du siège de l’Association des Conférences Episcopales de la Région de l’Afrique Centrale (ACERAC) à Brazzaville, l’atelier sur la collecte des données pour l’élaboration des comptes nationaux de la santé exercice 2019/2020.
Placée sous le patronage du Ministre de la Santé et de la Population, M. Gilbert MOKOKI, qui avait à ses côtés Mme la Conseillère à la santé à la Présidence de la République, Dr Yolande VOUMBO MATOUMONA, la cérémonie officielle y relative s’est déroulée en présence des cadres du Ministère en charge de la santé, des partenaires techniques et financiers, des représentants des Agences du Système des Nations Unies, notamment l’OMS, l’UNICEF et le FNUAP. La cérémonie a été essentiellement ponctuée par trois allocutions : i) celle du Représentant de l’OMS au Congo lue par le Dr Hamadou NOUHOU ; ii) de la Représentante de l’UNICEF, Madame Chantal UMTONI et, iii) du Ministre de la Santé et de la Population, Monsieur Gilbert MOKOKI.
Définissant l’objectif de l’activité en objet, le Ministre en charge de la santé a indiqué que « la présente cérémonie a pour but de sensibiliser l’ensemble des acteurs impliqués, notamment les entreprises publiques et les partenaires techniques et financiers, les Fondations, les ONGs et les Associations œuvrant dans le domaine de la santé. Ces acteurs vont être visités dans les prochains jours pour le démarrage effectif de la collecte des données des comptes de la santé ».
Evoquant les trois premiers précédents exercices déjà réalisés par le Congo dans ce cadre et concernant les années allant de 2012 à 2018, M. MOKOKI a souligné que ces expériences ont été fort instructives et, a-t-il poursuivi, « j’ose croire qu’au-delà du fait qu’elles permettent de disposer des données financières sans discontinuité, vont aussi contribuer au renforcement des capacités de nos cadres et à l’amélioration de la qualité des résultats attendus ».
Abordant l’importance de cet exercice, il a affirmé que l’analyse des comptes de la santé a révélé qu’environ deux-tiers des subventions de fonctionnement étaient octroyés aux hôpitaux généraux et que, parallèlement, « très peu de ressources étaient allouées aux formations sanitaires de base, notamment les centres de santé intégrés et les hôpitaux des districts sanitaires. Ces informations, a ajouté M. MOKOKI, illustrent à elles seules notre intérêt et l’importance que le Ministère de la santé et de la population accorde à l’élaboration des comptes de la santé ».
Toujours dans cette optique, le Ministre en charge de la santé a signifié que l’intérêt porté sur ce sujet est d’autant plus grand, que bon nombre d’aspects méritent d’être éclaircis dans le financement des centres de santé, des hôpitaux et autres formations sanitaires qui pratiquent le recouvrement des coûts depuis de nombreuses années.
M. MOKOKI, a également fait remarquer que la collecte des données requises ne saurait être envisagée de façon optimale sans une sensibilisation appropriée des acteurs impliqués dans la dépense de santé. D’où, la nécessité pour l’élaboration des comptes de la santé des exercices budgétaires des années 2019 et 2020 pour les animateurs des administrations publiques et privées, des entreprises, des fondations, de mettre à la disposition des agents de collecte les données recherchées.
Pour la Représentante de l’UNICEF, Mme Chantal UMTONI, exercice de nature ardue et pointue, l’élaboration des comptes nationaux de santé exige que les données employées soient aussi complètes, exactes et uniformes que possible, afin de non seulement disposer des informations fiables, mais aussi pour pouvoir procéder à la comparabilité avec les autres pays. Cela permet en outre de pouvoir évaluer le financement de leur système de santé et surtout pour assurer de l’équité et la solidarité. Elle a mis l’accent sur le fait d’avoir des informations nationales fiables sur les sources de financement et l’utilisation des fonds destinées à la santé, afin d’adopter des politiques pertinentes basées sur des données factuelles et un impact sur l’accès aux services sociaux de base, notamment aux services de santé pour les populations les plus vulnérables dont les enfants représentent une part importante.
« Nous émettons le vœu de voir la collecte des données se dérouler dans les meilleures conditions et que le rapport des comptes nationaux de la santé aide le gouvernement à prendre des actions vigoureuses et adaptées pour améliorer le financement du système national de santé », a dit en substance Mme UMTONI, qui a conclu son propos en remerciant l’institution GAVI, « principal donateur qui finance cet exercice dans le cadre du soutien au renforcement du système de santé à travers le programme dit RSS ».
Dans son allocution lue au nom du Dr Lucien A. MANGA, le Dr Hamadou NOUHOU a déclaré saisir l’opportunité de cette tribune pour saluer l’initiative de cette rencontre, expression on ne peut illustrative de la volonté manifeste du Ministère de la santé d’aller de l’avant au regard des enjeux du développement sanitaire du Congo, en maintenant le cap sur la protection financière des populations. « La problématique du financement de la santé interpelle, et l’exercice qui est lancé ce jour ne peut être pertinent, que s’il permet de circonscrire les réponses aux questions suivantes : i) Quel est l’impact du financement de la santé sur la réduction de la pauvreté ? ii) Quel est l’impact du financement de la santé sur l’accroissement du PIB ? iii) Le financement de la santé est-il équitable ? Est-il efficient ? Est-il économique ? », a indiqué le délégué du Représentant de l’OMS au Congo.
Dr NOUHOU a poursuivi son propos en soulignant que les comptes de santé sont un outil puissant de plaidoyer et de prise des décisions pour mobiliser plus de financement public pour accélérer le chemin vers la couverture santé universelle.
Il a rappelé que les dépenses de santé sont en nette augmentation ces dernières années au niveau de la Région africaine, dont le Congo, à cause de la transition démographique, de l’émergence de certaines maladies, de l’évolution des technologies. Malheureusement l’évolution de la tendance du financement public de la santé au niveau des Etats membres est en recul sur la période 2014-2017.
Le Congo est l’un des rares pays de la sous-région qui élabore régulièrement des comptes de la santé qui permettent de suivre les tendances du financement public de la santé. Le Gouvernement a fait beaucoup d’efforts dans ce cadre., Cependant, il existe encore des défis persistants auxquels il faut faire face. Les comptes nationaux 2016-2018 montrent que les ménages ont supporté près de la moitié des dépenses de santé (47%) contre le 40% pour l’Etat.
Cette situation, d’une part, expose la population aux dépenses catastrophiques, et d’autre part, ne permet pas de pérenniser la revitalisation des Districts Sanitaires en cours limitant ainsi l’accès pour la population aux soins et services de santé de qualité. « Pour l’exercice 2019-2020…, le processus devrait permettre de passer en revue comptable, notamment les efforts accomplis par le gouvernement en matière de financement de la santé et servir de bases factuelles dans l’adoption nous le souhaitons en 2022, d’une stratégie de financement de la santé avec le soutien des partenaires techniques et financier », a dit en substance le Dr NOUHOU, tout en rassurant « que l’OMS et les autres partenaires sont engagées comme depuis 2010 à accompagner le processus d’élaboration des comptes de santé pour la période 2019-2020 en apportant l’appui multiforme attendu ».
Rappelons que le Ministère en charge de la santé du Congo a déjà réalisé trois éditions de Comptes nationaux de la santé. La première publiée en 2012 couvrait les exercice 2009/2010 ; la seconde concernait les exercices 2012, 2013, 2014 et 2015 ; la troisième avait examiné les exercices 2016, 2017 et 2018.