Le Mali devient le premier pays à utiliser une nouvelle approche hybride de vaccination pour lutter contre le paludisme

• À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, le Mali devient le 20e pays africain à introduire le vaccin antipaludique.
• En 2023, le Mali comptait 3,1 % (soit 8,15 millions) des cas de paludisme dans le monde et 2,4 % (soit 14 328) des décès dus au paludisme dans le monde. Le pays faisait partie des 11 pays où le fardeau du paludisme est le plus lourd à l'échelle mondiale.
• L’approche hybride permettra aux enfants du Mali de recevoir les trois premières doses en fonction de l’âge, les quatrième et cinquième doses seront administrées de manière saisonnière avant la saison de forte transmission du paludisme.
Kalaban-Coro, Mali, 25 avril 2025 – À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, le Ministère de la Santé de la République du Mali, avec le soutien de Gavi, l’Alliance du vaccin (Gavi), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a lancé une approche inédite d’administration du vaccin antipaludique dont l’objectif est d’atteindre les enfants âgés de cinq à 36 mois.
Le Mali devient ainsi le 20e pays en Afrique à introduire le vaccin antipaludique dans son programme de vaccination de routine, avec l’appui de Gavi. Le pays est aussi le premier dans le monde à mettre en œuvre une approche hybride de vaccination, qui concerne l’administration des trois premières doses mensuelles tout au long de l’année en fonction de l’âge, suivie par les quatrième et cinquième doses administrées les années suivantes de manière saisonnière en mai ou en juin, avant le début de la saison de forte transmission du paludisme. L'administration saisonnière de doses de vaccin antipaludique est une approche stratégique, car elle permet d'aligner la période de protection vaccinale la plus élevée sur la période où le risque de paludisme est le plus élevé. Des données probantes, notamment des recherches menées au Mali, montrent que cette approche permet de maximiser l'impact.
Le vaccin R21/Matrix-M sera déployé initialement dans 19 districts prioritaires répartis dans cinq régions du pays, à savoir Kayes, Koulikoro, Mopti, Ségou et Sikasso. Le pays dispose actuellement de 927 800 doses du vaccin R21/Matrix-M pour son introduction.
Le Rapport 2024 de l’OMS sur le paludisme dans le monde montre que le Mali comptait 3,1 % (soit 8,15 millions) des cas de paludisme recensés dans le monde et 2,4 % (14,328) des décès dus au paludisme dans le monde en 2023, et qu’il était l’un des 11 pays où la charge de paludisme était la plus élevée au monde. Le Mali faisait partie des huit pays où le nombre de cas de paludisme a considérablement augmenté entre 2019 et 2023, avec une hausse de 1,4 million de cas, selon les données de l’OMS. La Région africaine supporte la plus lourde charge de paludisme dans le monde, avec environ 94 % de tous les cas et 95 % des décès notifiés.
Dans son discours de lancement, le Ministre de la Santé et du Développement social du Mali, Colonel Assa Badiallo Touré, a salué et remercié l’ensemble des parties prenantes, en particulier Gavi, le Fonds mondial, l’OMS et l’UNICEF pour leur accompagnement constant et sans faille tout au long du processus d’introduction du vaccin antipaludique dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV) de son pays.
« Ce processus d’introduction du vaccin antipaludique dans le PEV a été marqué par le déploiement d’immenses efforts par l’ensemble des parties prenantes. Je rends hommage à nos chercheurs pour leur rôle combien important lors des essais cliniques et dont les prouesses ont contribué à la recommandation des vaccins RTS, S et R21 par l’OMS. La réussite de l’introduction du Vaccin Anti Paludique est un défi que chaque acteur se doit de relever jusqu’à sa mise à l’échelle. Nous sommes tout à fait disposés à le mettre en œuvre dès cet instant pour le grand bonheur de la population malienne en vue de booster nos efforts dans la réduction des fardeaux de cette maladie ».
Gavi dirige le programme mondial de vaccination contre le paludisme, en collaboration avec les pays et les partenaires, et fournit des financements aux pays et aux partenaires tels que l’UNICEF et l’OMS en vue de l’achat, du transport et du déploiement des doses. Grâce au modèle de cofinancement de Gavi, qui est unique en son genre, les pays contribuent aussi au coût des programmes de vaccination, y compris contre le paludisme, en augmentant progressivement leurs contributions financières. L’avenir du programme mondial de vaccination antipaludique se trouve à un tournant décisif, car Gavi cherche à lever des fonds pour sa prochaine période stratégique de cinq ans, de 2026 à 2030.
Commentant ce déploiement historique, la Dre Sania Nishtar, Directrice générale de Gavi, a indiqué que : « Gavi salue l’engagement du Gouvernement du Mali à sauver des vies et à réduire considérablement les effets dévastateurs du paludisme sur les familles, sur les communautés et sur les hôpitaux. Avec le déploiement du vaccin antipaludique dans 20 pays et la livraison de plus de 24 millions de doses, un financement et des investissements constants sont essentiels pour garantir que ce nouvel outil essentiel atteigne équitablement toutes celles et tous ceux qui en ont besoin. Tant que des ressources sont disponibles, Gavi promet de poursuivre son engagement et son soutien à la lutte contre l’une des maladies les plus mortelles en Afrique. Nous sommes fiers de participer à cette avancée capitale. »
L'UNICEF joue un rôle essentiel dans la distribution et la livraison des vaccins, en assurant un approvisionnement régulier en vaccins de bonne qualité pour les enfants dans le besoin dans les régions où le paludisme est endémique, tout en soutenant les gouvernements et les communautés locales dans la création d'une demande fondée sur des données probantes pour la lutte contre le paludisme, y compris en matière de vaccination.
« L’introduction du vaccin antipaludique marque une étape cruciale pour les enfants et le peuple maliens », a déclaré le Dr Pierre Ngom, Représentant de l’UNICEF au Mali. « Nous attendions ce moment depuis longtemps. Après 35 années de recherche-développement dévouée, le vaccin antipaludique offre enfin un nouvel outil puissant pour protéger nos enfants contre cette maladie mortelle. Bien que ce vaccin soit une avancée, il ne s’agit pas d’une solution autonome. L’UNICEF soutient les efforts de mobilisation communautaire du gouvernement au Mali pour s’assurer que la vaccination complète les mesures de prévention du paludisme qui existent déjà. Les jeunes bénévoles qui utilisent U-Report jouent un rôle décisif dans cet effort, en utilisant des outils numériques tels que des chatbots pour entrer en contact avec les communautés, promouvoir la vaccination et lutter contre la désinformation. »
L’OMS a coordonné l’évaluation pilote du vaccin antipaludique RTS,S/AS01 au Ghana, au Kenya et au Malawi par l’intermédiaire du Programme de mise en œuvre du vaccin antipaludique (MVIP), cofinancé par Gavi, le Fonds mondial et la Facilité internationale d’achat de médicaments (UNITAID). Entre 2019 et 2023, plus de deux millions d’enfants ont reçu le vaccin, ce qui a permis de réduire de 13 % la mortalité chez les enfants en âge d’être vaccinés. Ces données ont soutenu la recommandation et la préqualification par l’OMS des deux vaccins antipaludiques actuels.
« Le vaccin antipaludique est l’une des avancées les plus importantes en santé publique ces derniers temps – un ajout primordial aux outils de lutte contre le paludisme pour protéger les enfants contre cette maladie mortelle et consolider nos efforts visant à alléger la charge du paludisme », a déclaré le Dr Patrick Kabore, Représentant de l’OMS au Mali.
Le vaccin complète les mesures de prévention du paludisme déjà prises et appliquées par le Gouvernement du Mali, qui comprennent l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, la chimioprévention du paludisme saisonnier, le traitement préventif intermittent pendant la grossesse et la pulvérisation d’insecticide à l’intérieur des habitations.
Vaccination contre le paludisme en Afrique
L’introduction du vaccin antipaludique au Mali à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme intervient quelques semaines après que l’Ouganda ait réalisé le plus grand déploiement de vaccin antipaludique jusqu’à présent du point de vue des districts et de la population cibles.
Depuis 2023, plus de 24 millions de doses de vaccin antipaludique ont été livrées sur le continent africain et les pays intensifient progressivement leurs programmes. Le rythme du déploiement sur le continent souligne la forte demande des pays pour un nouvel outil dans la lutte contre l’une des maladies les plus mortelles en Afrique. Selon le Rapport 2024 sur le paludisme dans le monde, les 20 pays africains qui ont introduit le vaccin représentent plus de 70 % de la charge mondiale du paludisme.
En plus des données du Programme de mise en œuvre du vaccin antipaludique au Ghana, au Kenya et au Malawi, les premiers résultats obtenus dans des pays tels que le Cameroun montrent que l’introduction du vaccin antipaludique est prometteuse, tout comme l’impact positif de ce vaccin sur les familles et les communautés. D’autres pays devraient introduire le vaccin cette année et, d’ici à la fin de 2025, treize millions d’enfants supplémentaires en Afrique devraient être protégés par le vaccin antipaludique. Au cours de sa prochaine période stratégique allant de 2026 à 2030, Gavi entend aider les pays à transposer à une plus grande échelle ces programmes, en protégeant pleinement 50 millions d’enfants supplémentaires avec quatre doses du vaccin antipaludique – en attendant que des fonds suffisants soient disponibles.
Note aux rédactions
• Contenu multimédia du déploiement du vaccin antipaludique au Mali, photos et b-roll compris, ici : https://weshare.unicef.org/Share/7dm5j3ewypdfxme206c0741xtpgmlm6t
• Pourquoi l’approche de vaccination hybride au Mali ? La transmission du paludisme au Mali est très saisonnière et la majorité des cas survient entre juillet et décembre. Grâce à l’approche de vaccination hybride, les enfants reçoivent les trois premières doses tout au long de l’année en fonction de l’âge et les quatrième et cinquième doses au cours des années suivantes, selon la saison, juste avant le début de la saison de forte transmission. Les données factuelles montrent que l’administration saisonnière du vaccin antipaludique peut accroître l’impact dudit vaccin, car la période de plus grande efficacité du vaccin coïncide avec la période de plus grand risque de paludisme.
• Pourquoi les enfants, pas les adultes ? Les enfants de moins de cinq ans sont les plus exposés au risque de décéder de causes liées au paludisme et représentent plus de 75 % des décès dus à cette maladie dans le monde. Contrairement aux adultes, les jeunes enfants n’ont pas eu la possibilité de développer une immunité partielle pendant des années d’exposition, ce qui les rend particulièrement vulnérables au paludisme.
- Sûreté et efficacité du vaccin antipaludique : Les vaccins RTS,S/AS01 et R21/Matrix-M sont préqualifiés et recommandés par l’OMS pour prévenir le paludisme chez l’enfant. Ces vaccins sont efficaces et sans danger.
Lors des essais cliniques de phase 3, les deux vaccins ont réduit de plus de moitié le nombre de cas de paludisme au cours de la première année qui suit la vaccination, une période où les enfants sont exposés à un risque élevé de maladie et de décès. Une quatrième dose administrée au cours de la deuxième année de vie a rallongé la protection.
Les deux vaccins réduisent les cas de paludisme d’environ 75 % lorsqu’ils sont administrés de manière saisonnière dans les zones de transmission saisonnière élevée – où la moitié des décès dus au paludisme chez l’enfant surviennent.
Les vaccins ciblent P. falciparum, le parasite du paludisme le plus mortel et le plus répandu en Afrique. Pour en savoir plus sur le vaccin, cliquez sur le lien https://www.who.int/fr/news-room/questions-and-answers/item/q-a-on-rts-s-malaria-vaccine .
- Programmes adaptés : administrer quatre ou cinq doses de vaccin signifie trouver des moyens d’atteindre de façon systématique les personnes les plus à risque dans chaque pays. La plupart des pays intensifient la vaccination selon une approche progressive, en mettant en œuvre des stratégies adaptées qui fonctionnent le mieux pour leurs propres contextes et défis. Voici quelques exemples :
En décembre 2024, avec le soutien de Gavi et des partenaires, le Nigéria, pays où la charge de paludisme est la plus élevée au monde, a commencé un déploiement progressif du vaccin antipaludique dans les États de Kebbi et de Bayelsa où la prévalence du paludisme est particulièrement élevée. Plus de 800 000 doses de vaccin devraient être distribuées au cours de cette première phase, une étape cruciale pour réduire les effets dévastateurs de la maladie.
Au Tchad, Gavi a soutenu l’intégration du vaccin antipaludique dans le cadre d’un triple déploiement ambitieux et novateur de vaccins contre trois maladies mortelles chez l’enfant, à savoir le paludisme, la pneumonie et la diarrhée – en maximalisant l’impact et l’efficacité dans les milieux à faibles ressources.
Dans des contextes de fragilité au Soudan et en République démocratique du Congo, le déploiement a été intégré dans d’autres plans de riposte.
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