Les décès dus aux maladies non transmissibles sont en hausse en Afrique
Accra/Brazzaville – Les maladies non transmissibles telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires et le diabète deviennent de plus en plus la principale cause de mortalité en Afrique subsaharienne, où elles étaient responsables de 37 % de la mortalité en 2019, contre 24 % en 2000, majoritairement à cause des faiblesses dans la mise en œuvre des mesures essentielles de lutte, notamment la prévention, le diagnostic et les soins. Ce constat est fait à la veille d’une réunion de haut niveau qui se tient au Ghana, à laquelle participeront des chefs d’État et des responsables de la santé. Le but de cette réunion est de trouver les voies et moyens pour accélérer les progrès dans la lutte contre les maladies non transmissibles.
En Afrique, entre 50 % et 88 % des décès survenus dans sept pays, pour la plupart des petits États insulaires, sont dus à des maladies non transmissibles, selon le Rapport 2022 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur le suivi de la lutte contre les maladies non transmissibles. Le rapport révèle encore que les maladies non transmissibles sont responsables de 100 000 à 450 000 décès chaque année dans sept autres pays – dont la majorité fait partie des pays les plus peuplés d’Afrique.
La charge croissante des maladies non transmissibles exercera une pression sur les services de traitement et de soins. Dans la Région africaine par exemple, le nombre de personnes vivant avec le diabète devrait atteindre 47 millions d’ici à 2045, alors qu’il était de 19 millions en 2019.
« La charge croissante due aux maladies non transmissibles constitue une menace grave pour la santé et la vie de millions de personnes en Afrique, car plus d’un tiers des décès survenus dans la Région sont dus à ces maladies. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que le nombre de décès prématurés imputables à des maladies non transmissibles augmente chez les personnes âgées de moins de 70 ans », a indiqué la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
« Des mesures concrètes doivent être prises pour lutter contre les facteurs de risque des maladies non transmissibles, qui sont pourtant des maladies évitables », a ajouté la Dre Moeti, qui s’exprimait aujourd’hui à Accra, à l’occasion du lancement de la Politique nationale de lutte contre les maladies non transmissibles du Ghana. Cette politique vise à réduire les facteurs de risque des maladies non transmissibles, à améliorer le diagnostic précoce, à renforcer la collaboration avec d’autres acteurs et à assurer un financement durable des programmes de prévention et de lutte au Ghana.
Les chefs d’État et les dirigeants de la santé réunis ce 12 avril dans le cadre du premier dialogue stratégique international sur les maladies non transmissibles et les objectifs stratégiques de développement devraient s’accorder sur une initiative qui permettra de stimuler les progrès vers l’atteinte des principaux objectifs de développement durable, et particulièrement de la cible visant à réduire d’un tiers, d’ici à 2030, le taux de mortalité due à des maladies non transmissibles. Les participants à la réunion s’accorderont également sur les voies et moyens pour accélérer les efforts en vue d’atteindre les principales cibles de la couverture sanitaire universelle, à savoir l’accès à des soins de santé de qualité, sûrs, efficaces et à un prix abordable.
Les progrès dans la lutte contre les maladies non transmissibles ont aussi été freinés par la pandémie de COVID-19 et par les perturbations que celle-ci a engendrées sur les services de santé essentiels. En effet, près de 80 % des pays de la Région africaine ont signalé une perturbation d’au moins un service de santé luttant contre les maladies non transmissibles entre mai et septembre 2021. Les pays s’efforcent de restaurer les services, mais nombre de ces services n’ont pas encore été pleinement rétablis.
L’une des manières essentielles de lutter contre les maladies non transmissibles consiste à réduire les facteurs de risque, notamment le tabagisme, l’usage nocif de l’alcool, une alimentation déséquilibrée et l’inactivité physique. Des investissements accrus dans le diagnostic, le dépistage et le traitement – tout en garantissant l’accès aux services de santé au niveau primaire, afin de favoriser le dépistage précoce – sont les autres mesures importantes qui peuvent contribuer à la réduction de la charge croissante due aux maladies non transmissibles.
L’OMS apporte une expertise technique aux pays pour qu’ils puissent concevoir et mettre en application des stratégies visant à réduire la charge évitable de morbidité, de mortalité et d’incapacité due aux maladies non transmissibles et pour suivre les progrès accomplis. En outre, l’Organisation a mis au point une série de mesures pratiques et un meilleur rapport qualité-prix que les pays peuvent appliquer au niveau des soins de santé primaires. Ces mesures portent essentiellement sur la promotion de la santé et la prévention des maladies et comprennent des initiatives telles que l’augmentation des taxes sur le tabac, la restriction de la publicité sur l’alcool, la reformulation des produits alimentaires avec moins de sel, de sucre et de matières grasses, la vaccination des jeunes filles contre le cancer du col de l’utérus, ainsi que le traitement de l’hypertension et du diabète.
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