Présentation de l’équipe de l’OMS — Dre Messeret Shibeshi, responsable de la vaccination
Avec plus de 20 années d’expérience dans l’organisation de campagnes de vaccination de masse et dans la planification des interventions rapides en Afrique, Dre Messeret Shibeshi, responsable de la vaccination à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), fournit un appui à 20 pays d’Afrique de l’Est et australe pour le déploiement de vaccins d’importance vitale contre la COVID-19.
Titulaire d’un doctorat en médecine et d’un master en épidémiologie des maladies transmissibles, Dre Shibeshi a d’abord travaillé comme professeure associée de pédiatrie à l’Institut des sciences de la santé de Jimma, en Éthiopie, son pays natal. Après avoir rejoint l’OMS en 1997, elle a été en poste en Éthiopie, au Ghana et au Kenya, où elle a prêté assistance à sept pays africains, avant d’être affectée aux opérations couvrant l’Afrique de l’Est et australe depuis Harare (Zimbabwe).
D’où vous vient votre engagement pour ce travail ?
Mon rêve était de me spécialiser en pédiatrie, mais le fait d’apprendre que la plupart des enfants en Éthiopie et en Afrique meurent de maladies à prévention vaccinale a marqué un tournant pour moi. J’ai pris une nouvelle direction et, grâce à l’OMS, je suis passée de la médecine clinique à la santé publique, en m’employant essentiellement à la prévention des maladies à une plus grande échelle.
J’ai le privilège d’être en première ligne des efforts de l’OMS pour lutter contre les flambées épidémiques de maladies à prévention vaccinale, d’œuvrer à la mise en place des mesures de riposte dans les pays, et d’appliquer ces enseignements à la lutte contre la COVID-19.
Si nous n’intervenons pas rapidement dans les situations d’urgence, chaque heure peut nous coûter plus de vies précieuses et alourdir la charge déjà écrasante qui pèse sur nos systèmes de santé publique. Il est donc crucial de fournir un appui à nos pays afin qu’ils puissent mettre en œuvre des programmes de vaccination qui élargissent la couverture vaccinale. Une telle démarche demande des efforts, aussi bien pour stimuler l’adoption du vaccin que pour réduire la réticence face à la vaccination.
De quoi êtes-vous le plus fière ?
L’expérience non négligeable que nous avons engrangée en matière d’introduction de nouveaux vaccins et de mise en place des mesures de prévention des épidémies a été extrêmement utile au moment de coordonner le déploiement des vaccins contre la COVID-19. L’action menée de concert avec nos partenaires dans le cadre du partage des outils approuvés par l’OMS et de la diffusion des lignes directrices de l’Organisation s’est avérée tout aussi essentielle.
La vaste expérience de l’Afrique qui permet d’accéder aux enfants non vaccinés grâce à l’initiative du Bureau régional de l’OMS Afrique Reach Every Child (Atteindre chaque enfant) (désormais adaptée à la vaccination à toutes les étapes de la vie) s’est avérée utile pour améliorer progressivement la couverture vaccinale des enfants en Afrique. Les résultats obtenus ont été consolidés par l’expérience acquise au cours des campagnes de vaccination contre la poliomyélite, la rougeole, la fièvre jaune et la méningite, ainsi que par l’introduction de nombreux nouveaux vaccins.
Grâce à ces précieux efforts, nous avons pu prêter assistance aux pays en vue de l’élaboration de leurs plans nationaux de déploiement et de vaccination contre la COVID-19, lesquels plans font office de feuille de route pour accorder la priorité aux populations à haut risque et pour garantir la distribution équitable des vaccins, indépendamment du lieu où se trouvent les populations.
D’une manière générale, cette approche a permis à l’OMS de remplir son mandat principal, à savoir jouer un rôle de chef de file et faire en sorte que les pays relèvent l’immense défi auquel ils sont confrontés, le but étant d’inverser la courbe de la pandémie de COVID-19.
Quels sont les principaux défis liés au déploiement des vaccins contre la COVID-19 en Afrique ?
Les vaccins contre la COVID-19 ne représentent que l’un des axes de la riposte, mais les contraintes liées à l’approvisionnement en vaccins menacent gravement la santé et le bien-être des populations du continent.
Je tiens à me faire l’écho de l’appel lancé par l’OMS aux pays qui ont déjà vacciné leurs populations à haut risque, en les invitant à partager leurs doses excédentaires. De nombreux pays africains sont en difficulté et nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre la fin de l’année 2022 pour protéger uniquement les groupes exposés à un risque élevé. N’oublions pas que le monde est interconnecté et que si l’Afrique est à la traîne, cela aura des répercussions sur le reste du monde.
Compte tenu de l’incertitude liée aux approvisionnements, nous devons adopter une approche flexible dans le déploiement des vaccins et maintenir nos équipes en état d’alerte afin de fournir un appui continu aux pays. Des retards supplémentaires dans les opérations de vaccination ne feront qu’accentuer l’apparition de nouveaux variants du virus.
Cela dit, sans le Mécanisme COVAX, bon nombre de pays africains ne disposeraient même pas de la faible quantité de doses qu’ils ont reçues jusqu’à présent.