Atténuer l’impact de la COVID-19 sur les services de santé essentiels
Kampala – La pandémie de COVID-19 a mis à rude épreuve les systèmes de santé et a perturbé les services de santé essentiels en Afrique. Les pays œuvrent à restaurer et renforcer les services clés afin de mieux résister aux crises et garantir des soins de qualité. Regina Kamoga, Directrice exécutive de l’organisation ougandaise de santé Community Health and Information Network et présidente de l’Alliance ougandaise des organisations de patients (Uganda Alliance of Patients Organizations, UAPO), explique l’impact de la COVID-19 et propose des solutions pour restaurer les services de santé essentiels.
Quel est l’impact de la COVID-19 sur les patients ayant besoin des services de santé pour d’autres maladies ?
De nombreux gouvernements en Afrique ont pris des mesures pour combattre la propagation de la COVID-19. Cependant, certaines de ces mesures ont totalement perturbé la chaîne d’approvisionnement et le système de prestations de services de santé, dans la mesure où tous les efforts étaient concentrés sur la COVID-19. Les gouvernements ont détourné le personnel et les ressources des maladies prioritaires. Les patients malades du VIH/SIDA, de la tuberculose, du paludisme, du cancer, d’hypertension, de l’hépatite B, d’épilepsie, de la drépanocytose, de même que de problèmes de santé mentale, des maladies liées à la maternité ou à l’enfance, ont face fait à un risque accru de complications et de décès dû à l’impossibilité d’accéder aux soins à cause des restrictions de transport, des couvre-feux, et de la peur de contracter le virus dans les infrastructures sanitaires. La situation a empiré du fait de défis existants pour les systèmes de santé, parmi lesquels des ressources humaines inadaptées, des problèmes financiers, logistiques, d’infrastructures et de chaînes d’approvisionnement.
L’accès à la médication a été un problème majeur pour les patients avec des maladies chroniques dont la survie et la qualité de vie dépendent de médicaments, dans la mesure où pour certains il était impossible d’être réapprovisionnés, tandis que d’autres n’avaient pas de quoi payer les médications faute de revenus. D’autre part, acheter soi-même et stocker des antibiotiques et d’autres médicaments, pour ceux qui en avaient les moyens, présentait d’autres défis de sécurité médicamenteuse, dont la résistance antimicrobienne.
En Ouganda, des patients qui avaient récemment été diagnostiqués avec un cancer n’étaient pas en mesure de commencer leur traitement, tandis que d’autres ne pouvaient pas faire renouveler leur prescription pour leur traitement hormonal. Ceci a retardé le lancement des traitements et l’interruption des cycles de traitement a provoqué davantage de stress, d’anxiété, une progression de la maladie, des récidives du cancer et des morts prématurées.
Quelles sont les solutions ?
L’approche verticale initiale a très bien fonctionné là où le leadership était un facteur clé d’atténuation de l’impact de la COVID-19. Ceci a mené à ce que les gouvernements instaurent des confinements et d’autres mesures préventives, dont la distanciation physique, des confinements locaux, régionaux et nationaux, des quarantaines, le port du masque et le lavage des mains. La conclusion qui en a été tirée est que le manque d’engagement communautaire et d’implication des patients dès les premiers stades de la riposte à la COVID-19 était une omission majeure. Les systèmes communautaires doivent être urgemment renforcés.
Responsabiliser les patients à gérer eux-mêmes les maladies chroniques, surtout pendant une période aussi particulière au cours de laquelle ils n’ont pas accès aux centres médicaux aussi souvent que possible, est nécessaire tout en insistant sur l’instruction sanitaire et la télémédecine.
Un effort par les parties prenantes clés pour remédier aux besoins psychologiques de la population afin d’atténuer l’impact des problèmes de santé mentale résultant des défis posés par cette épidémie est requis et devrait être intégré à tous les aspects de la riposte.
Il est important de donner la priorité aux soins de santé en augmentant les budgets du secteur de la santé et en réduisant la dépendance au financement étranger. Les gouvernements doivent aussi accélérer la couverture médicale universelle à travers des programmes nationaux d’assurance santé afin de garantir que les populations vulnérables ont accès à des soins de santé sûrs et de qualité.
Quelle est l’importance de la communauté, en particulier lorsque nous observons un certain relâchement et une possible nouvelle hausse du nombre de cas ?
Le potentiel de l’engagement de la communauté dans la riposte à la COVID-19 n’a pas encore été pleinement exploité. Renforcer les structures communautaires, telles que le rôle des leaders politiques, religieux, culturels et les agents de santé, dans la mobilisation et l’implication des membres de la communauté pour efficacement répondre à la COVID-19 est inestimable.
En Ouganda, les agents de santé communautaires sont habituellement les premiers référents dans la communauté et la source d’informations sanitaires. On leur fait confiance, ils sont bien connectés et ont recours à des approches appropriées pour mobiliser et sensibiliser la communauté. Ils sont les mieux placés pour réfuter les mythes et les perceptions liées à la COVID-19 dans la communauté et s’attaquer au relâchement. Les impliquer dans la surveillance communautaire, la gestion et le suivi des cas est une garantie de succès.
Le ministère de la Santé a développé une stratégie nationale d’implication communautaire. Cette stratégie vise à renforcer les systèmes de santé communautaires existants pour des soins de santé primaires intégrés et centrés sur les gens. Son succès dépendra de la traduction de la théorie en action et de la participation de toutes les parties prenantes.
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