La Sierra Leone inverse le recul de la vaccination à la suite de la COVID-19
Freetown - Bien que le premier cas de COVID-19 ne soit apparu que fin mars en Sierra Leone, à la fin avril, les taux de vaccination et l'utilisation des services de santé pour les enfants avaient diminué de façon inquiétante d'environ 19%.
Des mères comme Hawa Dumbuya avaient peur de se rendre dans un centre de santé pour des visites essentielles. Avec la menace de la COVID-19 et les rumeurs qui circulaient, elles pensaient qu'en se rendant dans des structures de soins, elles se mettraient elles-mêmes et leurs enfants en danger.
« J'avais peur qu'en allant au centre de santé, nous soyons exposés au coronavirus », reconnaît Dumbuya.
Le ministère de la Santé et de l'Assainissement a agi rapidement pour calmer les inquiétudes croissantes et faire reculer la tendance qui consistait à éviter les services de soins de santé essentiels pour les enfants.
Travaillant avec le personnel de l'unité de communication du district et en collaboration avec l'UNICEF et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le ministère a multiplié les messages de santé publique à travers les stations de radio. Les annonces informatives, diffusées dans tout le pays, ont incité les mères et les responsables des enfants à continuer d'emmener ces derniers dans les centres de santé pour les vaccinations de routine.
Ces messages ont rassuré les parents comme Dambuya, qui a pu emmener son bébé, né en mai, dans son centre de santé local et en a profité pour contrôler sa propre santé. « Venir pour l'accouchement a été une décision difficile à cause de la peur liée à la COVID-19, mais c'était bien que je sois amenée ici », dit Dambuya.
« Au fur et à mesure que nous en apprenions plus sur la maladie et sur les moyens de se protéger, cela m'a donné le courage de continuer à recourir aux services de santé tout en utilisant un masque et d'autres mesures préventives », dit-elle. « Je suis venue pour que mon enfant soit vacciné, et elle l'a été. On nous a rappelé, à nous les mères, de nous asseoir à distance et d'utiliser correctement notre masque. Les infirmières portaient elles aussi des masques. C'était donc rassurant. »
Le ministère a également veillé à ce que les vaccins soient disponibles au niveau du district sans interruption, ce qui aurait découragé les parents et les gardiens des enfants de fréquenter les structures de santé. Le ministère a pris des mesures très strictes pour garantir que toutes les vaccinations soient disponibles à toute personne qui en aurait besoin.
« Tout d'abord, nous nous sommes assurés qu'il y avait un stock suffisant de vaccins dans le pays. Ensuite, nous avons surveillé la distribution aux structures de santé publique. Nous avons également surveillé l'utilisation des services en collectant et en analysant les données et en fournissant un retour d'information aux districts sur leurs performances », explique Dr Tom Sesay, responsable du Programme élargi de vaccination du ministère.
La COVID-19 a imposé des défis de taille au maintien des services de vaccination et de soins de santé infantile. Le bureau de pays de l'OMS en Sierra Leone a intensifié son assistance technique, tout le personnel de vaccination étant déployé sur le terrain pour aider à intégrer les activités de vaccination dans la réponse à la COVID-19, en particulier dans les structures sanitaires.
Pour sensibiliser à la nécessité de maintenir la vaccination et les services de soins de santé infantile essentiels, l'OMS a également déployé des équipes de supervision intégrées et des consultants STOP polio, afin de tirer parti de leurs années d'expérience et de connaissances en matière de sensibilisation des communautés.
Dr Thompson Igbu, qui dirige l'équipe du Programme élargi de vaccination de l'OMS en Sierra Leone, souligne l'importance de cette continuité : « L'une des interventions de santé publique les plus rentables est la vaccination, car elle protège beaucoup d'enfants. En Sierra Leone, nous avons 12 antigènes dans le système de vaccination de routine. En fournissant régulièrement ce service à chaque enfant éligible, nous sommes en mesure de prévenir des maladies qui seraient survenues si ces enfants n'étaient pas protégés. »
L'antidote rapide aux angoisses accrues et aux perturbations du régime de vaccination de routine au sein du grand public porte ses fruits. Les taux de vaccination commencent à revenir aux niveaux d'avant la COVID-19, soit 90 % pour la troisième dose de vaccin pentavalent, qui est administrée à l'âge de 6 semaines, 10 semaines et 14 semaines. Le vaccin pentavalent protège contre la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, l'hépatite B et l'Haemophilus influenza type b (Hib).
L'étape suivante consiste à organiser des campagnes de vaccination de rattrapage pour les familles, avec toutes les mesures de prévention et de contrôle des infections : éloignement physique, masques faciaux, désinfectant pour les mains et lavage des mains.
Dr Igbu, comme tous les professionnels de la santé publique, sait trop bien comment la moindre interruption de la vaccination systématique des enfants peut avoir des répercussions négatives considérables sur les familles et les communautés. « Un enfant malade ne peut pas aller à l'école ou jouer de façon dynamique, et la personne qui s'occupe de lui doit prendre du temps sur son lieu de travail pour s'occuper de sa santé et acheter des médicaments », dit-il. « Cela contribue à augmenter les dépenses des ménages et réduit les ressources familiales qui seraient disponibles pour d'autres choses. Les épidémies peuvent se produire facilement. Si elles ne sont pas contrôlées, elles auront de nombreux impacts négatifs sur la société. »