Le Bénin renforce sa riposte à la COVID-19 en augmentant le dépistage
Cotonou – Le premier cas de COVID-19 du Bénin a été diagnostiqué le 16 mars 2020 au Laboratoire des fièvres virales hémorragiques de Cotonou. L’établissement était alors le seul à effectuer des tests. Au maximum 300 par jour.
Au début de la pandémie, le Bénin, comme beaucoup de pays africains, ne pouvait pas réaliser les tests à la hauteur de ses besoins. Durant des mois, les gouvernements du continent ont augmenté leurs capacités de diagnostique, ce qui est essentiel pour comprendre l’échelle et la dynamique des infections ainsi que pour ajuster les mesures de santé publique face au virus.
Le Bénin est ainsi passé d’un seul laboratoire dans la capitale économique Cotonou, à 13 laboratoires capables d’effectuer des tests, soit au moins un dans chacun des 12 départements. Le pays se place par ailleurs parmi les 12 pays de la Région Afrique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui réalisent plus de 10 tests pour 10 000 habitants par semaine.
La riposte du Bénin à la COVID-19 se décline en une série de stratégies. Un numéro d’appel gratuit a d’abord été créé en avril 2020 afin d’informer et d’orienter les populations vers les centres de tri et de dépistage qui ont peu à peu été ouverts sur l’ensemble des 77 communes du pays. Des sites de dépistage ont été installés à l’aéroport et aux frontières, et des équipes de dépistage mobiles se rendent désormais dans les institutions administratives et les entreprises.
Le Bénin effectue plus de 7900 tests par semaine, soit plus de 222 000 tests au total depuis le début de la pandémie, selon Dr Ange Dodji Dossou, directeur national de la médecine hospitalière de la République du Bénin.
« Un réseau de dépistage a été mis en place avec pour mission de détecter, de donner l’alerte et de traquer les suspicions de cas COVID-19 sur l’ensemble du territoire national », explique Dr Ange Dodji Dossou.
En avril dernier, le gouvernement, en collaboration avec l’OMS, a renforcé la capacité de diagnostique du Laboratoire des fièvres virales hémorragiques de Cotonou, pour en faire un établissement de référence. Une coopération avec l’Institut Pasteur de Dakar et l’Institut de virologie de l’hôpital universitaire Charité de Berlin a permis de franchir un cap en matière de tests au Bénin.
« Cela a propulsé le Laboratoire des fièvres virales hémorragiques de Cotonou parmi les 47 laboratoires nationaux de référence de dépistage de la COVID-19. Au début de la pandémie de COVID-19, seuls deux laboratoires étaient capables de confirmer le virus sur le continent Africain, à savoir l’Institut Pasteur de Dakar et celui de Johannesburg », explique Dr Mamoudou Harouna Djingarey, représentant résident par intérim de l’OMS au Bénin.
Une aide de 30 millions de dollars de la Banque mondiale à travers le Projet REDISSE, ainsi que l’appui de plusieurs autres partenaires locaux et internationaux, ont permis de moderniser et d’équiper le Laboratoire des fièvres virales hémorragiques de Cotonou en matériels de pointe, ainsi qu’une dizaine d’établissements de santé existants, et de transformer cinq d’entre eux en centres de traitement et de soins intensifs des cas sévères de la COVID-19, poursuit Dr Djingarey.
De plus, l’OMS et ses partenaires ont également fournit des réactifs, des kits d’extraction, de prélèvement, des équipements de protection individuelle (EPI), afin d’augmenter les capacités de tests des laboratoires du Bénin.
Au Laboratoire des fièvres virales hémorragiques de Cotonou, il est possible d’obtenir le résultat d’un test PCR en six heures, grâce aux quinze machines ‘qPCR’ que l’établissement a reçu.
Avec 2557 cas de COVID-19 enregistrés et 41 décès, le Bénin a circonscrit la progression du virus sur son territoire. « Dans le contexte africain, où nous avons plus de cas asymptomatiques, seul le dépistage de masse permettra aux gouvernements des pays touchés d’évaluer qualitativement la progression du virus et de collecter des informations fiables pour informer les stratégies de riposte », explique Dr Ange Yadouleton.
Les progrès réalisés dans le volet laboratoire doivent bénéficier au pays au-delà de cette pandémie, dans la lutte contre d’autres formes de grippe, de fièvres virales hémorragiques et d’autres affections prioritaires, espère le représentant résident par intérim de l’OMS au Bénin.
« Notre objectif est que ces laboratoires de dépistage soient maintenus opérationnels pendant la période post-COVID-19 et au-delà en vue de diagnostiquer d’autres maladies prioritaires et d’intégrer le réseau de surveillance mondiale de la grippe, l’alerte, le dépistage précoce et une réponse efficace en cas de nouvelles épidémies au Bénin ».