Quarante-cinq minutes d’échanges avec la famille B. dans la Commune de Matam
Conakry (Guinée), 25 août 2015 (OMS): Après plus plusieurs jours sans aucun nouveau cas confirmé, la Guinée était en train d’espérer enfin que l’épidémie vivait ses derniers instants. Vendredi 07 août dernier, une information remet en route le compteur macabre de la Maladie à Virus Ebola (MVE). Un nouveau cas vient d’être notifié. Il faut aller sur place et remonter toute la chaîne.
Ce jour 13 août, l’équipe de mobilisation sociale et engagement communautaire de l’OMS s’est rendue dans la famille B. pour une séance de sensibilisation suite à la confirmation de 02 nouveaux cas dans la même famille. Voici le récit de cette séance fort enrichissante à plusieurs égards.
La concession de la famille B. se trouve dans une ruelle restreinte. Le quartier est baptisé Hèrèmakönö-Mosquée, ce qui veut dire en langue Maninka « en attendant le bonheur ». Il est près de 9 heures du matin et la zone s’anime de plus en plus. Concertations entre les équipes OMS sur le terrain avec les responsables du quartier sous le leadership du chef de secteur. L’Agent de Santé Communautaire (ASC) qui officie dans le quartier pour le compte de l’OMS procède aux présentations d’usage et nous fait un résumé de la situation.
Emmanuel B., le premier malade, a été transporté le 02 août au Centre de Traitement Ebola (CTE) ou il est décédé quelques heures après. Le 12 août, c’est un autre enfant dans la famille, Georges, qui a présenté les signes de la maladie et qui a été transféré au CTE ou il a été testé positif Ebola. Dans la nuit, la maman de Georges B. se sentait mal. A son tour elle a été amenée ce jour 13 août au CTE de Nongo, pour être prise en charge. Elle est décédée Quelques jours plus tard. Hélas !
Cet état des lieux nous donne une situation précise de ce qui se passe dans cette famille qui compte aujourd’hui selon les informations recueillies quelque 121 contacts. Pourquoi 121 ? Ce chiffre trouve sa justification dans les ramifications de la famille. Il y a au moins 04 concessions qui abritent d’autres membres et proches de la même famille, dans le même carré.
La séance de sensibilisation sur la Maladie à Virus Ebola dans la famille B.
Pour cette activité importante, l’équipe OMS de la Commune de Matam est conduite par le Consultant en communication-mobilisation sociale M. Joseph KoÏvogui, renforcé par le médecin de la commune, Dr. Almamy Konaté. Une fois dans la cour familiale, le Chef de secteur introduit l’objet de la visite. Joseph KoÏvogui salue et remercie les membres de la famille pour cette opportunité d’échanges. Les thématiques développées portent sur les notions essentielles relatives à la MVE. D’abord les signes, sur lesquels il mettra l’accent, ensuite la notion de contact et les responsabilités que ce dernier doit assumer, les cas suspects et quand devient-on un cas suspect, le malade d’Ebola enfin. A chaque étape, le Consultant en communication donne l’occasion aux membres de la famille de poser des questions. A chaque étape également il demande à plusieurs membres de la famille de répéter les messages afin qu’ils les fixent dans leur mémoire. Ne dit-on pas que la répétition est pédagogique ? Voilà une application opportune du dicton.
Dans cette séance fort éducative, il y a les parents, les grands-parents et même les plus jeunes, les très jeunes. C’est la vraie famille africaine élargie. Les questions viennent surtout des plus jeunes. Durant la rencontre, ce sont eux qui sont les plus prompts à répondre aux questions et à répéter les messages de sensibilisation. Un des jeunes demande : que faut-il faire quand une personne est décédée dans la famille suite à la MVE ? Le Consultant appuyé par le médecin profite de cette interrogation pour rappeler les comportements à promouvoir. NE PAS TOUCHER, éviter tout contact physique avec les personnes suspectes ou qui présentent les signes de la MVE. Dr. Konaté ajoute que TOUT DECES DANS CETTE SITUATION D’EPIDEMIE DOIT ETRE SIGNALE, afin que les équipes d’interventions mettent en place les mesures dont la désinfection des locaux et l’enlèvement du corps, pour éviter tout risque pour les autres membres de la famille. En tout état de cause il faut APPELER LE 115.
A cet instant de la discussion, le chef de famille Michel André B., intervient : « Hier dans la nuit mon épouse ne se sentait pas bien. Elle se plaignait de maux de gorge. Elle buvait beaucoup d’eau et a commencé à vomir. Elle a dit qu’elle allait attendre pour voir si son état de santé allait s’améliorer. Vers 05 heures du matin nous avons appelé les équipes d’urgence qui l’ont conduite au Centre de santé. M. … B. précise. Nous n’avons rien touché, tous les objets (linge, bols, assiettes,…) ont été traités à l’eau de javel. J’ai personnellement dormi dans la même chambre que mon épouse, mais pas sur le même lit, précise-t-il ».
La séance de sensibilisation menée en langue locale Soussou, s’achève après 45 minutes et encore une fois l’occasion est donnée aux membres de la famille de poser des questions sur des points qu’ils aimeraient mieux éclaircir. Comme au moment d’introduire l’équipe OMS dans la famille B., le chef de secteur conclue la visite en remerciant les uns et les autres pour leur collaboration et participation à la séance. Les derniers mots sont comme le veut la tradition des bénédictions et pour la famille et pour l’équipe de sensibilisation. Une fois sortis de la cour de la concession, les membres de l’équipe font une évaluation rapide de la visite dans la famille B.
Le 14 août, l’équipe de mobilisation sociale-engagement communautaire de l’OMS refera le même exercice avec les concessions voisines et ainsi de suite pour couvrir l’ensemble du quartier de Hèrèmakönö-Mosquée. Demain également, le quartier tient une Assemblée Générale, une autre opportunité pour Joseph KoÏvogui et son équipe de toucher plus de leaders. C’est entre autre ce type d’actions que les équipes de mobilisations sociale-engagement communautaire, mises en place par l’OMS, mènent sur le terrain et maillent ainsi le territoire national en mettant l’accent sur les zones touchées ou à risque. C’est un véritable travail de fourmi au quotidien qui requiert beaucoup de doigté, l’engagement réel des leaders à tous les niveaux et la collaboration des familles affectées par la MVE.
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Pour plus d’informations, veuillez-vous adresser à:
Dr Mohammed BELHOCINE, Représentant de l’OMS en Guinée, Cel : (+ 224) 622 72 68 84 E-mail : belhocimo [at] who.int (belhocimo[at]who[dot]int)
Dr Mamoudou Harouna Djingarey, Représentant adjoint de l’OMS, Cel : (+ 224) 624 82 73 86; E-mail : djingareyh [at] who.int (djingareyh[at]who[dot]int)
Contacts médias
M. Konaté Issiaga, Promotion de la Santé et Communication, Tel : (+224) 62 59 70 42 ; E-mail: konatei [at] who.int (konatei[at]who[dot]int)
Koné Soulyemane, Promotion de la Santé et Communication, Tel : (+ 224) 622727168 ; E-mail : koneso [at] who.int (koneso[at]who[dot]int)
Rodrigue Barry, Communication et Plaidoyer, Equipe Inter-pays Afrique de l’Ouest, Tel: (+224) 62854 44 99 ; E-mail : barryr [at] who.int (barryr[at]who[dot]int)
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Ci-dessous:
01. Au premier plan Joseph Koivogui, consultant en mobilisation sociale
02. La famille B. lors de la séance de d'information
03. L'équipe de mobilisation sociale à Heremakono-Mosquée