« Un Conseil interministériel prendra bientôt les décisions utiles pour la promotion de la santé mentale, y compris la pédopsychiatrie »
« Il est de plus en plus admis, grâce aux travaux sur l’Observation du Bébé que la compréhension du fonctionnement psychique du bébé, de ses relations avec ses parents, avec l’entourage, la compréhension de ses réactions face à des situations anormales et l’utilisation de ces informations sont essentielles pour des soins promotionnels, préventifs et curatifs de qualité ».
C’est ainsi que s’est exprimé le Représentant de l’OMS à l‘ouverture du 9e Congrès International sur l’Observation du Bébé selon Esther Bick, qui s’est tenu du 29 octobre au 03 novembre 2012 à Dakar. 300 participants, enseignants, chercheurs, praticiens médicaux et paramédicaux de la santé mentale et d’autres disciplines, de 22 pays d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et d’Asie y ont pris part.
Selon le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, la méthode d’Observation du Bébé selon Bick, à laquelle un grand nombre de professionnels de la santé et de la petite enfance ont adhéré, vise à accroître l’attention à accorder aux bébés et aux jeunes enfants ; elle contribue aux efforts mondiaux pour l’atteinte de l’OMD 4 portant sur la réduction de 2/3 le taux de mortalité des enfants de 5 ans. La réalisation de cet objectif constitue une urgence de santé publique en Afrique au sud du Sahara où survient la grande majorité des décès des nourrissons du fait de l’insuffisance des soins qui leur sont donnés.
C’est pour combler ce gap, que l’OMS et ses partenaires recommandent la continuité des soins qui consiste à atteindre chaque mère et chaque jeune enfant, dans chaque district, avec un ensemble limité d’interventions prioritaires à savoir les soins prénatals, les soins du nouveau-né, l’alimentation appropriée du nourrisson, la vaccination, la prise en charge des maladies infantiles courantes, y compris la pneumonie et la diarrhée et l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide.
La cérémonie d’ouverture du Congrès a été présidée par le Pr Awa Marie Coll Seck, Ministre de la Santé et de l’Action sociale, en présence du Représentant de l’OMS, du Représentant du Ministère des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, du Directeur général de la Santé, du Représentant de la Cellule d’Appui à la Protection de l’Enfance, du Représentant de l’Agence Nationale de la Case des Tout Petits, du Chef du Service de Gynécologie-Obstétrique du CHU de Dakar, du Représentant du Maire de la Ville de Dakar, de Mr Johan Verkammen, Ambassadeur de Belgique au Sénégal, de Mr Christian Saelens, le Délégué de Wallonie-Bruxelles à Dakar.
Pour le Ministre de la Santé et de l’action sociale, la tenue du congrès sur l’Observation du Bébé est très opportune compte tenu des situations complexes que les sociétés africaines traversent en ce moment du fait de la mondialisation, des mutations et des crises en cours. Dans ce contexte, le développement psychique des enfants doit retenir toute l’attention des spécialistes qui doivent dépister chez eux les troubles précoces et mener les interventions nécessaires afin de protéger cette couche vulnérable mais précieuse pour l’avenir de notre continent.
Selon le Pr Awa Marie Coll Seck, le Gouvernement tiendra, dans les prochains jours, un Conseil interministériel qui prendra les décisions utiles pour la promotion de la santé mentale, y compris la pédopsychiatrie, selon une approche multisectorielle et pluridisciplinaire.
En plus des deux structures de pédopsychiatrie existantes à Dakar, le ministère de la Santé et de l’Action sociale procédera sous peu à la mise en service du nouvel hôpital pour enfants de Diam Niadio et d’autres unités pédopsychiatriques à travers le pays et élaborera un Paquet de services intégrés pour la santé et le bien-être des enfants.
De son côté, Son Excellence l’Ambassadeur de Belgique, Mr Johan Verkammen, a indiqué que le Sénégal, en acceptant d’accueillir le Congrès International sur l’Observation du Bébé, qui se tient pour la première fois en Afrique, a confirmé sa tradition d’ouverture et de carrefour et donné un signal fort de la volonté politique des autorités nationales d’améliorer la prise en charge de la petite enfance, dans un contexte social marqué par la transition de la tradition vers la modernité.
Auparavant, le Délégué de Wallonie-Bruxelles à Dakar, Mr Christian Saelens, a souligné la vulnérabilité actuelle de la petite enfance en Afrique, liée aux bouleversements qui sont en cours sur les plans économique et socio-culturel. Ce qui justifie, selon lui, la priorité accordée à l’enfance et à la jeunesse dans la coopération entre la Wallonie-Bruxelles et le Gouvernement du Sénégal. La revalorisation du patrimoine culturel national, le renforcement des structures de protection des mineurs, l’éducation et la formation professionnelle, des jeunes handicapés visuels en particulier, constituent les principaux axes de cette coopération.
Suite à la cérémonie d’ouverture, les travaux du 9e Congrès International sur la méthode d’Observation du Bébé selon Bick se sont poursuivis par des panels et des ateliers thématiques. Le premier panel sur le thème «L’Observation du Bébé selon Bick : un nouveau paradigme pour la formation de spécialistes en santé mentale au Sénégal » a enregistré une forte participation. Présidé par le Dr Omar Ndoye du Service de Psychiatrie du CHU de Fann à Dakar et Président du Comté d’Organisation du 9e Congrès International sur l’Observation du Bébé, le panel a été introduit par le Dr Idrissa Bâ Chef du Bureau de la Santé mentale au ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Présentant le Groupe sénégalais de formation à l’Observation du Bébé, le Dr Bâ a précisé que sa mise en place, en 2009, a bénéficié du soutien de Wallonie-Bruxelles, dans le cadre du Projet Renforcement du dispositif de soins en santé mentale pour les bébés, et a eu comme cadre d’intervention le Village d’Enfants SOS de Dakar, la Clinique Gynécologique du CHU Le Dantec et la Chaire de Psychiatrie du CHU de Fann. Selon le Dr Bâ, la méthode représente une nouvelle opportunité pour la formation des spécialistes de la santé mentale de l’enfant au Sénégal et en Afrique. En effet, elle permet d’affiner leurs capacités en ce qui concerne la communication corporelle et émotionnelle des bébés et contribue à la revalorisation des professionnels de la petite enfance.
A l’issue de la formation, deux expériences pilotes d’Observation du Bébé ont été mises en oeuvre à Dakar. Les Observateurs ont été surpris par la facilité de recrutement des bébés et par la disponibilité, la collaboration dont leurs parents ont fait montre, malgré les nombreuses sollicitations et même l’intrusion dans leur intimité familiale que l’exercice a nécessité durant deux années et demi, y compris la période de la grossesse avancée. Non seulement la faisabilité de la méthode d’Observation du Bébé, développée en Europe, a été démontrée dans le contexte socio-culturel africain, mais aussi, les craintes sur la possibilité de son application dans un environnement social où la grossesse est un secret bien gardé et où le bébé doit être protégé du « mauvais oeil » ont été balayées.
Ces expériences ont fait du Sénégal le pionnier dans le domaine de l’application de la méthode d’Observation du Bébé sur le continent africain et l’organisation du 9e Congrès International sur l’Observation du Bébé à Dakar constitue une reconnaissance de la contribution de l’ADDOBB au développement de la santé publique dans les pays en voie de développement de plus en plus exposés aux changements violents que les familles vivent avec le passage d’une culture traditionnelle à une culture occidental.
Un autre résultat important engrangé par le Groupe sénégalais de formation à l’Observation du Bébé est la création, en juillet 2012, de l’Association Dakar pour le Développement et l’Observation du Bébé selon Bick (ADDOBB) qui regroupe des psychiatres, pédopsychiatres, psychomotriciens, infirmiers d’Etat, enseignants, assistants sociaux, etc. La naissance de l’ADDOBB est on ne plus opportune dans le nouveau contexte social de la plupart des pays d’Afrique où le maternage qui était si vivace a tendance à disparaître, surtout en milieu urbain, et où la nucléarisation des familles et des logements réduisent la satisfaction des besoins vitaux des tout-petits.