Des femmes africaines défendent le droit à la santé

Cette année, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, le monde entier célèbre l'événement sous le thème « Je suis de la Génération Égalité : Levez-vous pour les droits des femmes ». C'est l'occasion de réfléchir aux progrès accomplis, d'appeler au changement et de célébrer les femmes qui jouent un rôle essentiel dans leurs communautés et dans le monde. 

Nous vous présentons deux femmes, l'une de Côte d'Ivoire et l'autre du Zimbabwe, qui font un travail remarquable pour aider les jeunes à accéder à des informations et des services de santé essentiels. Vimbai, une jeune femme de la ville de Marondera, dans l'est du Zimbabwe, travaille avec des adolescents vivant avec le VIH pour s'assurer qu'ils reçoivent des soins appropriés. Près de 1,5 million (89 %) des 1,6 million d'adolescents vivant avec le VIH dans le monde vivent en Afrique subsaharienne.

En Côte d'Ivoire, Ephrasie Coulibaly Kambou, 28 ans, dirige un réseau de jeunes militants qui ont participé à une campagne ayant conduit le ministère de la santé du pays à publier une directive sur la gratuité des services de planning familial pour les adolescents. La grossesse et la délivrance des adolescentes sont associées à une mortalité et une morbidité très élevée. 62% des décès liés à des avortements pratiqués dans des conditions dangereuses surviennent en Afrique.

Voici le portrait de ses deux femmes battantes.

Vimbai, 21 ans, en guerre contre le VIH
Le sida reste l'une des principales causes de décès chez les adolescents dans la plupart des pays les plus touchés par l'épidémie. Au Zimbabwe, un service de santé adapté aux adolescents appelé Zvandiri, qui signifie "comme je suis" en shona, est un programme de pair à pair d'Africaid, une organisation à but non lucratif, qui contribue à améliorer la qualité des soins de santé pour les adolescents dans le pays. Pour aider les adolescents séropositifs à gérer leurs soins de santé, les Community Adolescent Treatment Supporters (CATS) les reçoivent à domicile, dans des cliniques, dans des groupes de soutien et par le biais de plateformes SMS. Vimbai est l'une de ces CATS.
©WHO/AFRO
Vimbai, 21 ans, travaille à plein temps comme conseillère pour les pairs à Zvandiri. Elle ne connaît que trop bien les défis d'une adolescente séropositive : « Mon père est mort quand j'avais trois ans, puis mon frère est mort quand j'avais sept ans. Quand j’ai eu neuf ans, j’ai également perdu ma mère. Je ne suis pas sûre pour mon père, mais mon frère et ma mère sont morts de maladies liées au sida. J'ai été mise sous traitement quand j'avais 11 ans. Personne ne me l'a dit - ils pensaient que j'étais trop jeune pour comprendre le fait que j'étais séropositive. Lorsque mon statut a été révélé, j'ai perdu tous mes amis - les gens que je croyais être mes amis à l'époque ne voulaient pas être vus en ma compagnie. Pour beaucoup d'adolescents, c'est très difficile ».
©WHO/AFRO
Vimbai fait des visites à domicile. Elle utilise un jeu de cartes de conseil pour expliquer la thérapie antirétrovirale (ART) et réfère les personnes concernées vers les services appropriés. Elle fournit, à domicile, des conseils sur les traitements antirétroviraux et leur suivi aux parents des adolescents et conseille les jeunes lors des visites de routine à la clinique. Elle travaille en partenariat avec le personnel des établissements de santé pour planifier, contrôler et évaluer les services disponibles pour les adolescents.
©WHO/AFRO
Vimbai et les autres CATS de Zvandiri participent à un programme de pair à pair qui change la vie et contribue à améliorer l'adhésion des jeunes aux médicaments antirétroviraux. La fin de l'épidémie de sida ne se fera qu'avec l'implication significative des adolescents dans les programmes et les politiques, en veillant à ce qu'aucun d'entre eux ne soit laissé pour compte.
Ephrasie, 28 ans, défenseur de la santé sexuelle et reproductive des jeunes
En 2019, le ministre de la Santé de la Côte d'Ivoire a émis une directive visant à offrir des services de planning familial gratuits aux adolescents de 15 à 24 ans, dans tous les centres de santé scolaires et universitaires ainsi que dans les centres publics. Cette directive fait suite aux campagnes menées par plusieurs organisations travaillant dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive en Côte d'Ivoire. Parmi elles, le « Réseau des jeunes ambassadeurs pour la santé reproductive et le planning familial » qu'Ephrasie Coulibaly Kambou dirige depuis 2016.
©Ephrasie personal collection
Mme Kambou fait le plaidoyer pour un changement de politique sur les questions de santé sexuelle et reproductive, et en particulier sur l'accès des adolescents et des jeunes aux services de santé sexuelle et reproductive. Elle bat également campagne pour une meilleure information et un meilleur accès aux services de planning familial.
©Ephrasie personal collection
Les membres de son association et elle se concentrent sur les jeunes filles, et spécifiquement sur les thématiques de l'hygiène menstruelle et de la prévention des grossesses précoces. Ils fournissent des informations de santé publique dans les communautés. Ils ont organisé des camps d'été au cours des trois dernières années, rassemblant 200 jeunes qui ont été sensibilisés au planning familial et à la santé sexuelle et reproductive.
©Ephrasie personal collection
« Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés sont les tabous sur les questions de sexualité dans nos communautés », explique Mme Kambou, qui est elle-même issue d'une famille où le sexe est un sujet tabou. Après plusieurs années de sensibilisation, elle affirme qu'il y a un changement progressif dans l'attitude des communautés vis-à-vis de l'éducation à la santé sexuelle et reproductive. « Aujourd'hui, la vision des gens de ma communauté est en train de changer. Pas seulement pour moi, mais aussi pour les autres jeunes qui travaillent dans mon organisation. Nous ne sommes plus considérés comme des personnes qui encouragent leurs amis à avoir des relations sexuelles, mais plutôt comme des personnes qui ont pu obtenir de bonnes informations et qui les partagent avec leurs pairs. Aujourd'hui, nous sommes en mesure de réunir les parents pour discuter des questions de sexualité ».
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Bakano Otto

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Ameyo Bellya Sékpon

Chargée de communication en appui aux pays francophones
Bureau régional Afrique de l’OMS
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