Surmonter la peur d'Ebola dans les communautés marginalisées

L’accès à toutes les communautés est essentiel dans la lutte contre le virus Ebola. Les Batwa en RDC sont des chasseurs-cueilleurs qui se déplacent fréquemment et vivent dans des camps provisoires en forêt. Leur mode de vie itinérant et leur statut d'étranger les éloignent des structures sanitaires et les exposent aux maladies, plus particulièrement au virus Ebola. Les équipes de l'OMS chargées de l'engagement communautaire travaillent aux côtés du ministère de la Santé de la RDC pour s'assurer que les Batwa comprennent comment se protéger contre Ebola et pour les encourager à se rendre dans les établissements de santé dès l'apparition de tout symptôme.

© Junior Diatezua Kannah
À Mangango, dans l'est de la RDC, une petite communauté de Batwa a finalement accepté de se faire vacciner contre le virus Ebola après un travail de persuasion qui a duré de longs mois par l'équipe de communication des risques de l'OMS et ses partenaires. Esther Mugeni a plus de 80 ans. Elle a emmené son petit-fils se faire vacciner. En tant qu'aînée du village, elle est une figure très respectée de la communauté, et la vaccination de sa famille est un exemple pour les autres. « Je pense que le vaccin est bon pour mon petit-fils et pour notre santé », dit Esther. « Après tout, c'est mon petit-fils. Il a pleuré, mais je n'ai pas eu peur. J'ai été vaccinée aussi. Je suis très heureuse parce que mes enfants et mes petits-fils ont été vaccinés ».
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A l’instar d'autres membres de sa communauté, Esther était sceptique au début. Elle ne croyait pas que les Batwa pouvaient mourir d'Ebola, pensant que leur médecine traditionnelle pouvait les sauver. Huguette Muluhirwa, de l'équipe de communication des risques de l'OMS, a essayé de persuader Esther et sa communauté de l'importance de se faire vacciner. « Il y a eu beaucoup de résistance ici », dit Huguette. « Les chefs de village avaient des réserves sur le vaccin. Mais nous les avons aidés à comprendre. Nous avons réussi à les persuader de se faire vacciner eux-mêmes, pour convaincre la communauté à en faire autant ». Les anciens de la communauté ont été convaincus grâce au soutien du pasteur local, qui a accepté d'être vacciné le premier.
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L'hygiène, et en particulier le lavage des mains, est cruciale pour prévenir la propagation du virus Ebola. L'OMS a installé une station de lavage des mains dans la communauté. Au début, les Batwa étaient opposés à toute discussion portant sur Ebola. L'équipe de communication des risques a donc dû adopter une approche indirecte. « Nous leur avons d'abord parlé du lavage des mains pour prévenir d'autres maladies, sans parler directement d'Ebola », dit Huguette. « Puis, plus tard, quand nous avons eu le soutien du pasteur, nous sommes allés leur parler d'Ebola. »
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Une station de lavage des mains a été installée dans le camp des Batwa en août mais il aura fallu attendre novembre pour que la communauté fasse suffisamment confiance aux agents de santé pour accepter de parler directement d'Ebola, puis d'être vaccinée. Dans une région où les gens ne font pas le lien entre le lavage des mains et la propagation des maladies, l'OMS a mené une campagne massive pour encourager une meilleure hygiène des mains, afin de prévenir non seulement Ebola, mais aussi de nombreuses autres maladies.
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Huguette et un délégué du ministère de la Santé ont dialogué avec plusieurs communautés de la même région, dont les Batwa. Ce dialogue leur a permis de comprendre pourquoi les gens étaient réticents à se faire vacciner et à envoyer les gens dans des centres de traitement d'Ebola lorsqu'ils étaient malades. Ils craignaient d'être rejetés par leur communauté s'ils étaient traités dans un centre de traitement Ebola. Ils ont également dit avoir entendu des rumeurs selon lesquelles ils ne seraient pas pris en charge et ne recevraient pas assez de nourriture dans les centres de traitement.
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Huguette a persuadé les dirigeants locaux d’effectuer une visite dans un centre de traitement Ebola en sa compagnie et avec des membres de la communauté, pour qu’ils constatent par eux-mêmes que les rumeurs étaient infondées. « Nous les avons emmenés au centre de traitement d'Ebola et ils ont pu parler avec les malades à propos des soins qu'ils recevaient », explique Huguette. Elle explique que la communauté Batwa est confrontée à des risques spécifiques en raison de son mode de vie, qui consiste notamment à manger de la viande de brousse provenant de la forêt, un vecteur commun d'Ebola. Ils doivent également être prudents lorsqu'ils font du commerce. « Nous leur avons conseillé d’être prudents avec les visiteurs et autour des zones infectées de la région, car une promiscuité se crée entre les populations à travers le commerce et l'agriculture. »
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Après quatre mois de travail de l'équipe de communication des risques, la communauté Batwa a finalement accepté d'être vaccinée contre Ebola. L'équipe leur a montré des photos de communautés Batwa dans d'autres régions de la RDC en train d'être vaccinées contre Ebola. Cela a permis de les rassurer sur le vaccin. Plus de 120 personnes ont ainsi été vaccinées.
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Chaque membre de la communauté ayant été vacciné reçoit un certificat. Ils les conservent tous dans la maison de leur pasteur pour plus de sécurité, car elle est plus durable que leurs propres habitats réalisés avec des feuilles de palmier. « Le jour de la vaccination, ils étaient très heureux », dit Huguette Muluhirwa. L'équipe de l'OMS chargée de la communication des risques et ses partenaires ont été heureux de voir leurs mois de travail récompensés. « Le changement de comportement est un processus », dit Huguette. « Peu importe le temps que cela prend, nous n'abandonnons pas ».
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