Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique
La santé bucco-dentaire reste un aspect négligé des soins de santé et du bien-être centrés sur la personne.
Les affections bucco-dentaires telles que les caries dentaires, les maladies des gencives et les pertes de dents restent répandues dans la Région africaine de l’OMS et touchent environ 44 % de la population. Malgré les mesures innovantes prises par notre équipe régionale, la Région africaine est, parmi les six Régions de l’OMS, celle qui a enregistré la plus forte augmentation du nombre de cas d’affections bucco-dentaires majeures au cours des 30 dernières années.
La bonne nouvelle est cependant que l’on peut éviter la plupart des affections bucco-dentaires en contrôlant les facteurs de risque communs, par exemple en évitant de consommer du tabac et de l’alcool, en adoptant une alimentation saine pauvre en sucres libres et en se brossant les dents avec un dentifrice fluoré deux fois par jour.
La négligence de la santé bucco-dentaire dans la Région africaine de l’OMS est manifeste dans le niveau de sous-investissement en faveur de cette forme de santé. Par exemple, la moitié des pays de la Région africaine de l’OMS ne disposent pas de politiques de santé bucco-dentaire. En 2019, plus de 70 % des pays de la Région ont consacré moins d’un dollar des États-Unis par personne et par an aux coûts de traitement des soins bucco-dentaires.
De plus, la Région africaine souffre d’un déficit chronique de personnel de santé bucco-dentaire. Par exemple, la Région compte seulement 0,33 dentiste pour 10 000 habitants, soit un dixième de la moyenne mondiale.
Notre équipe régionale continue d’investir dans le renforcement des capacités des pays en matière de promotion de la santé bucco-dentaire et de lutte contre les affections bucco-dentaires ; notre équipe intègre ces activités dans les efforts de prévention et de maîtrise des maladies non transmissibles qui sont déployés au niveau des systèmes nationaux de prestation de services de santé afin de converger vers la couverture sanitaire universelle.
Nous félicitons le Burkina Faso, le Lesotho, le Mali, le Nigéria et la Sierra Leone pour l’élaboration et la mise en œuvre de leurs politiques nationales de santé bucco-dentaire en 2023.
Nous saluons également le travail de plus de 4400 professionnels de la santé et acteurs communautaires dans 11 pays prioritaires pour le noma[2] qui ont profité du cours en ligne de l’OMS sur le noma, en 2023, pour renforcer leurs capacités de promotion de la santé bucco-dentaire, de détection et de contrôle des stades précoces du noma, ainsi que leurs capacités d’orientation-recours de cas de noma.
Nous nous réjouissons de la résilience des plus de 5800 agents de santé et agents non médicaux qui, au 29 février 2024, avaient suivi le cours en ligne sur la santé bucco-dentaire destiné aux agents de santé communautaires.
Nous reconnaissons que ces activités de renforcement des capacités ont été possibles grâce à l’appui fourni par la Borrow Foundation, Hilfsaktion Noma e.V., la Harvard School of Dental Medicine, des centres collaborateurs de l’OMS et d’autres experts.
Nous reconnaissons aussi l’appui apporté par l’Université de Pennsylvanie et par l’Université de Nairobi à la réunion de plus de 70 délégués issus du monde universitaire et de ministères de la santé qui s’est tenue sur le thème « Des bases factuelles aux politiques : accélérer la mise en œuvre des stratégies régionales et mondiales de santé bucco-dentaire dans la Région africaine de l’OMS ». Les délégués ont échangé sur un ensemble de recommandations concrètes visant à accélérer la création, la diffusion, l’application, le suivi et l’évaluation de politiques et programmes de santé bucco-dentaire fondés sur des bases factuelles dans la Région, conformément aux stratégies mondiales et régionales de l’OMS sur la santé bucco-dentaire.
Des progrès ont certes été réalisés, mais nous devons faire plus.
À l’occasion de la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire 2024, nous lançons un appel aux parties prenantes multilatérales et bilatérales, ainsi qu’au secteur non sanitaire et au secteur privé, pour qu’ils se joignent aux ministères de la santé pour mettre en place une riposte multisectorielle à l’épidémie silencieuse de maladies bucco-dentaires qui sévit dans la Région.[1] Bénin, Botswana, Burkina Faso, Cabo Verde, Guinée-Bissau, Kenya, Libéria, Maurice, Mozambique, Namibie, Niger, Rwanda, Sénégal et Tchad.
[2] Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Congo, Éthiopie, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal et Togo.
En savoir plus :
Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. Santé bucco-dentaire.