Avoir accès aux soins pour vieillir en bonne santé

Avoir accès aux soins pour vieillir en bonne santé

Dakar – Haby Sanata Maiga, 80 ans résidente à Dakar a été malade en début d’année, et s’est vu refuser des soins médicaux dans plusieurs hôpitaux. « La raison qu’ils ont avancée était que mon assurance, et donc ma prise en charge, n’était pas optimale. C’est pourquoi, ils n’ont pas voulu me soigner ». Cette situation, qu’elle connait depuis qu’elle est à la retraite, est le quotidien de nombreuses personnes âgées. « En tant que personne âgée, quand tu n’as pas l’argent pour te soigner, tu peux mourir d’une simple maladie », déplore-t-elle.

Dans la Région africaine, les politiques de développement prennent rarement en compte les besoins, les intérêts, les préoccupations et les préférences des personnes âgées. Cela peut être assimilé à de l’âgisme, qui est un ensemble d’attitudes discriminatoires et/ou ségrégationnistes à l'encontre d’une personne en se basant sur l’âge. Une étude réalisée dans 6 pays de la Région africaine (Afrique du sud, Algérie, Ghana, Nigéria, Rwanda et Zimbabwe), dont les résultats sont publiés dans le rapport 2021 des Nations Unies sur l’âgisme, montre que plus de 85% de la population de plus de 60 ans en est victime.

Pour améliorer la situation défavorable que connaissent les personnes âgées, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appuie des structures comme le Réseau International Francophone des Aînés (RIFA), qui fait de la lutte contre l’âgisme une de ses priorités. Ndèye Marie Fall, présidente de la branche sénégalaise du RIFA, se réjouit de ce partenariat. « Nos initiatives sont pragmatiques et concourent au bien-être des personnes âgées. L’année dernière, par exemple, nous avons conduit une campagne contre la maltraitance des aînés ».

« Beaucoup trop d’aînés sont stigmatisés et maltraités. Et très souvent, les gens pensent bien faire et estiment qu’ils protègent la personne âgée », reconnait Mme Fall. « Notre stratégie ne se base pas sur la dénonciation mais plutôt sur la formation, l’éducation et la sensibilisation. »

Dans le cadre de son accompagnement aux pays, l’OMS conduit un plaidoyer de haut niveau et fournit un appui technique pour qu’ils disposent de plans et de stratégies nationales sur le vieillissement en bonne santé. L’OMS en fait une priorité et depuis 2016 s’est dotée d’un programme dédié. Dans ce cadre, l’Organisation a conçu des outils de formations pour les travailleurs de la santé afin de renforcer leurs capacités pour une meilleures prise en charge des personnes âgées dans les centres de santé. Les personnels de santé des pays comme le Cap Vert, le Burundi, le Gabon et le Cameroun ont déjà bénéficié de cette formation. À Maurice, la formation du personnel de santé a été couplée à un dialogue entre les partenaires pour renforcer les actions pour le bien-être des personnes âgées.

Au Sénégal, des centres de gériatrie, des hôpitaux de jour où les personnes âgées se rendent pour discuter entre elles et rencontrer des spécialistes, sont fonctionnels. Le pays dispose également d’un centre de formation qui accueille des travailleurs de la santé de sept pays. 

Toutefois, les soins et les services fournis aux personnes âgées restent à améliorer, s’accordent à dire les différents acteurs. « Nous avons constaté que dans beaucoup de pays de la Région, il n’existe pas de données sur la santé des personnes âgées », relève la Dre Françoise Bigirimana, Responsable du vieillissement en bonne santé au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. « Nous avons développé des outils de formation, renforcé les capacités des personnels de santé et procédé à la révision des normes et des orientations nationales pour qu’elles répondent aux besoins spécifiques des personnes de plus de 60 ans. »

Selon les prévisions des Nations Unies, la population des personnes âgées devrait tripler dans la Région africaine, passant de 55 millions en 2020 à 168 millions à l’horizon 2050. La croissance du nombre de personnes âgées dans Région devrait dépasser 200 % au cours des 30 prochaines années, dépassant de loin la croissance des populations âgées dans d'autres régions du monde, notamment en Europe. 

Pour se préparer à cette croissance démographique des personnes âgées, les États africains ont adopté en août 2021, le cadre régional sur le vieillissement en bonne santé. Des actions sont entreprises pour que 63 % des pays de la Région africaine puissent mettre en place ou renforcer, des programmes de soins adaptés aux personnes âgées et des interventions visant à créer un environnement favorable au bien-être des aînés d’ici à 2025.

« Depuis quatre ans, je vois petit à petit des changements. Le fait que les Nations Unies aient décrété une décennie de vieillissement en bonne santé et que l’OMS ait mis en place le programme « Villes amies des aînées », est une très bonne chose. Il y a bon espoir parce que des partenaires font un excellent travail », constate Ndèye Marie Fall toute optimiste. « De 60 à 100 ans, voire au-delà, il reste une vie à vivre ».
 

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Ndéye Coumba DIADHIOU

Chargée de Communication
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Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
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