Soutenir « le grand rattrapage » des enfants zéro dose et sous-vaccinés en République démocratique du Congo 

Soutenir « le grand rattrapage » des enfants zéro dose et sous-vaccinés en République démocratique du Congo 

Kinshasa – La République démocratique du Congo (RDC) lance ce jour, la deuxième phase des Journées nationales de vaccination (JNV), une vaste campagne de vaccination contre la poliomyélite dans 15 provinces du pays. La campagne qui se déroule du 10 au 12 août cible plus de 14 millions d’enfants âgés de 0 à 59 mois. 

Avec le soutien de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), du Fonds des Nations unies pour l’Enfance (UNICEF), de Gavi, l’Alliance du vaccin, de la Fondation Bill & Melinda Gates et des autres partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la polio (IMEP), la RDC veut atteindre davantage d’enfants zéro dose et sous-vaccinés. Cette campagne s’inscrit dans le cadre de l’effort mondial pour stimuler la vaccination des enfants dans plus de 100 pays, après plus de trois ans de la pandémie de COVID-19 qui a perturbé les services de vaccination et fait reculer les taux de couverture vaccinale. 

Le Responsable pays de l’alliance Gavi pour la RDC, Cyril Nogier, revient sur l’importance de la vaccination dans la protection des enfants contre les maladies mortelles, et le rôle clé joué par Gavi, l’Alliance du vaccin, aux côtés de l’OMS, du gouvernement et des autres partenaires, pour parvenir à cet objectif. 

Quel est le sens du slogan « le grand rattrapage » (The Big Catch Up) pour Gavi, l’Alliance du vaccin, dans le contexte de la République démocratique du Congo ?

Ce slogan est assez évocateur pour le bailleur Gavi, l’Alliance du vaccin. La pandémie de la COVID-19 a entraîné une interruption des services de santé, une réduction de la demande de vaccination, une baisse générale des taux de vaccination dans plus de 100 pays dont la RDC. On estime à 25 millions, le nombre d'enfants n'ayant pas été vaccinés rien qu'en 2021. Ce chiffre culmine à 734 000 en RDC, représentant le nombre d’enfants zéro dose, c’est-à-dire, n’ayant pas reçu leur première dose du vaccin pentavalent. La RDC reste aussi le principal foyer des cas de poliovirus circulant dérivé de la souche vaccinale (cDVPD) de type 1 et 2. 

Il s’agit à présent pour nous, grâce à un plan de rattrapage et des stratégies appropriées, de voir comment nous pouvons atteindre davantage d’enfants zéro dose et d’enfants sous-vaccinés, c’est-à-dire ces enfants n’ayant pas reçu leur troisième dose de pentavalent, en mobilisant les ressources nécessaires pour planifier au mieux les interventions qui vont permettre de couvrir ces populations cibles. C’est un gros effort qui est demandé au pays et aux partenaires, dans un contexte marqué par des épidémies récurrentes de maladies graves comme la rougeole, la polio, Ebola pour ne citer que celles-ci, pour contenir ces épidémies, réduire la mortalité et la morbidité des enfants, booster plus globalement la couverture vaccinale mais aussi, éviter une dissémination des souches virales qui entrainent la maladie dans d’autres pays. 

Depuis 2022, la RDC totalise 869 cas de poliovirus circulant (cDVPD) de type 1 et de type 2 soit, 50 % des cas de la Région africaine. Pourquoi la RDC reste-il un pays hautement prioritaire pour vos interventions ? 

La RDC est un pays hautement prioritaire pour Gavi, l’Alliance du vaccin, car elle fait partie des pays que Gavi appelle les pays à haut impact. Ils sont au nombre de cinq à savoir : l’Inde, le Pakistan, le Nigéria, l’Éthiopie et la RDC. Ce sont des pays à très forte population et dont le nombre d’enfants zéro dose et sous-vaccinés reste très élevé. 

Beaucoup d’efforts ont déjà été consentis par le pays pour vacciner les enfants et augmenter l’équité dans la vaccination. Cela s’est fait ressentir notamment à travers le plan Mashako, mis en place en 2019, qui a connu un fort succès. Il a démontré que grâce au leadership, à la coordination du ministère de la santé publique, hygiène et prévention au niveau central, provincial, grâce à la coordination des partenaires techniques et financiers, à une planification claire et à un programme de redevabilité à tous les niveaux, on peut obtenir des résultats pertinents, rapidement. 

Le modèle de Gavi, est d’appuyer les pays dans la fourniture des vaccins, le renforcement des systèmes de santé, l’assistance technique tant que les pays restent sous un seuil de richesse (niveau de PNB par an et par habitant) au-delà duquel, les pays deviennent inéligibles à l’appui de Gavi. Il y existe par ailleurs, des modalités de transition de l’appui de Gavi sur plusieurs années pour rendre les pays, les systèmes de vaccination résilients et durables, sur le long terme.

En ce moment, le pays fait face à plusieurs épidémies telles que la rougeole, la poliomyélite, le choléra, etc. Quelle est la place de la collaboration avec l’OMS et les autres partenaires pour adresser ces défis en termes de vaccination ? 

L’OMS est un partenaire clé avec lequel Gavi travaille depuis plusieurs années, au niveau global, régional et des pays dont la RDC. Au niveau du pays nous travaillons aussi, au niveau central, provincial, jusqu’aux aires de santé où les interventions sont mises en œuvre en appui au PEV [Programme élargi de vaccination], avec le financement de Gavi et des autres partenaires, pour renforcer le système de vaccination, mettre en œuvre les campagnes et atteindre les enfants zéro dose et sous-vaccinés. 

L’OMS continuera à jouer sa partition en tant que conseiller auprès du gouvernement congolais et donnera son appui technique aux côtés des autres agences du système des Nations Unies, les ONG internationales et des partenaires clés de la société civile car, le pays a récemment reçu l’approbation de Gavi pour le Fonds accélérateur de l’équité (FAE). 

Ce financement vise à atteindre les enfants zéro dose et sous-vaccinés dans 11 provinces sur les 26 ayant notamment le plus grand nombre d’enfants zéro dose. 4 provinces sont fortement priorisées. Il s’agit de la Tshopo, du Maniema, de la Mongala et du Kasaï qui ont totalisé plus de 50 000 enfants zéro dose en 2022. Ces provinces représentent ainsi, la plus grosse subvention de Gavi à travers tout son portefeuille. C’est une enveloppe globale de 59,7 millions de dollars américains que le pays devra mettre en œuvre d’ici à fin 2025. 

L’objectif de ce fonds, à travers de nouvelles interventions tant sur la génération de la demande, l’offre de soins et l’engagement politique, est de  permettre d’atteindre 50 % de la cohorte d’enfants zéro dose dans ces provinces et  aussi de réduire annuellement de près de 35 % le nombre d’enfants zéro dose en RDC entre 2023 et 2025. 

Aussi, permettra-t-il au pays d’exécuter son plan de travail, élaboré au cours d’un processus long et complexe de planification sous le leadership du Ministère de l’hygiène, santé publique et prévention avec l’appui technique des partenaires dont l’OMS, qui ont tous un rôle clé à jouer dans l’augmentation et le maintien de la demande de vaccination et l’amélioration de la qualité des soins à travers différents mécanismes.

En outre, ce plan viendra compléter l’investissement déjà réalisé par Gavi, l’Alliance du vaccin, au niveau du pays dans le renforcement du système de santé. Nous souhaitons aujourd’hui passer à l’échelle. Et, le FAE fait partie d’un plan plus large, le plan de rattrapage élaboré par le pays qui vise à faire vacciner au total près de 7 millions d’enfants zéro dose et enfants sous-vaccinés pour la période 2023-2025 afin de combler les gaps des enfants manqués au plus fort de la pandémie de COVID-19. 

Quelles sont les perspectives à court et moyen termes pour Gavi, l’Alliance du vaccin dans le pays ? 

Pendant la pandémie de COVID-19, une pause a été marquée en ce qui concerne l’introduction de nouveaux vaccins. Le pays a récemment soumis auprès de Gavi, une demande pour l’introduction du vaccin contre le paludisme. C’est un nouveau vaccin qui a été homologué et recommandé après avoir démontré son efficacité, sa faisabilité et la possibilité de mise à l’échelle dans 3 pays : le Ghana, le Kenya et le Malawi dans le cadre du Programme de mise en œuvre du vaccin antipaludique (MVIP), coordonné par l’OMS et financé par Gavi, l’Alliance du vaccin, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et Unitaid. 

Pour cette première phase de l’introduction de ce nouveau vaccin, 300 000 enfants recevront 4 doses de vaccins contre le paludisme sur la période 2024-2025. Comme c’est un nouveau vaccin et que le schéma vaccinal est plus complexe que les autres déjà connus, le rôle de Gavi sera aussi d’appuyer l’introduction de ce vaccin au niveau du pays à travers une assistance technique ciblée. C’est un vaccin très important. A travers ce dernier, nous espérons sauver de nombreuses vies car, le paludisme reste un problème majeur de santé publique en RDC. Cependant, notons que le vaccin est une approche supplémentaire aux autres mesures de prévention qui existent déjà, pour réduire la mortalité liée au paludisme dans un pays comme la RDC. 
 

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