Dialogue national sur le financement de la santé : Mobiliser plus d’argent pour tendre vers la CSU, le Burundi s’y engage!
Dans le cadre de l’amélioration de la santé et du bien-être du Burundi, tel que prôné dans la stratégie sectorielle de santé, le pays a organisé le premier dialogue national sur le financement de la santé en présence de l’ensemble des acteurs du secteur. Les échanges, qui ont été très riches, ont porté essentiellement sur l’amélioration de l’accès à des soins de santé de qualité et à moindre coût aux populations, et cela quel que soit leur revenu ou leur position géographique. Car, une société en santé, un système de santé robuste constituent des gages d’un développement économique humain durable. Mais cette condition est pour l’instant loin d’être remplie au Burundi, malgré les efforts louables du pays pour que la population bénéficie des conditions sanitaires adéquates. En effet, il ne peut y avoir de système de santé solide et résilient, de couverture sanitaire universelle sans un financement suffisant géré avec transparence, efficacité, équité et efficience.
Comment donc mobiliser davantage d’argent pour le compte de la santé ? Comment instaurer une bonne gouvernance sanitaire afin que les ressources générées soient utilisées équitablement pour le bien-être de la population ? C’est autour de ces différentes préoccupations, et bien d’autres encore, que le Gouvernement burundais a convié, du 12 au 14 février 2024, d’éminentes personnalités du domaine de la santé (politique, administration) et partenaires au développement, à travers le Dialogue national sur le financement de la santé, afin de réfléchir sur les voies et moyens pouvant aider à mobiliser la cagnotte nécessaire pour faire face aux grands défis sanitaires auxquels le pays est confronté.
Sous le thème « Accroissement des ressources pour le financement de la santé au Burundi », ces assisses étaient organisées en collaboration avec l'Union africaine, l'AUDA-NEPAD, la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) et bien entendu le Groupe des partenaires financiers de la santé (GPFS) dont l’OMS assure le lead. Elles s’inscrivaient dans le cadre de la déclaration ALM (African Leaders Meeting). En effet, en 2019, les chefs d'État africains se sont réunis lors du Sommet de l'Union africaine (UA) pour lancer l'engagement de l'Afrique en faveur de soins de santé durables. La déclaration et ses 10 engagements constituent une feuille de route pour les pays afin de mobiliser les ressources nationales pour la santé et d'utiliser les ressources existantes de manière plus efficace.
Ainsi, le Burundi s’est engagé à réaliser la couverture sanitaire universelle avec l'objectif d'améliorer l'accès aux soins de santé pour tous.
Pour ce faire, le pays s’est engagé à mobiliser plus de ressources financières nécessaires et suffisantes pour financer le secteur de la santé dans son ensemble et garantir l'accès et l'utilisation des soins et services de santé à toutes les couches de la population.
Cependant, le Burundi reste confronté à plusieurs défis liés au financement durable des soins de santé.
Bien que les dépenses de santé aient augmenté au cours de la dernière décennie, elles restent inférieures à ce qui est considéré comme suffisant pour fournir des soins de santé de base complets et la dépendance à l'égard des financements extérieurs qui reste importante. Dans le budget 2023/24, 7,35 % du budget a été alloué à la santé, ce qui est inférieur à l'engagement de référence de 15 %, fixé dans la déclaration d'Abuja de 2001. Par ailleurs, selon les comptes de la santé, les depenses allouées à la santé par habitant sont autour de 30 dollars alors que la norme de l’OMS est de 112 dollars. C’est pour ce faire que le Gouvernement du Burundi a convoqué ce dialogue national de haut niveau, placé sous la présidence du Vice-Président du Pays, afin de mobiliser les parties prenantes nationales dans la perspective d’évaluer conjointement les progrès, identifier les défis et dégager un consensus sur des priorités viables en matière de réforme du financement de la santé qui accéléreront les progrès vers un financement national durable et efficace de la santé au Burundi.
Une initiative saluée par le Représentant de l’OMS. Félicitant le Gouvernement burundais pour l’organisation de cet important évènement, Dr. Xavier CRESPIN, a souligné que : « le financement de la santé est une fonction essentielle de tout système de santé. Ainsi il doit être conçu à travers une stratégie nationale de financement solide, cohérente, efficiente, équitable et pérenne ». Le chef de file du GPFS, a mis l’accent sur certains aspects qui sont des préalables pour garantir une meilleure qualité de soins aux populations. Il s’agit de la gouvernance, le transfert de compétences, la réorganisation du système assurance maladie et la fidélisation du personnel de santé. Des aspects qui ont reçu un écho favorable lors des discussions pendant les trois jours meublés de présentations, de sessions d'experts et des travaux de groupe.
Les principales thématiques techniques abordées étaient alignées sur les quatre objectifs de l'ALM : Plus d'argent pour la santé, Plus de santé pour l'argent, Equité et protection financière, et Leadership, gouvernance et coordination du financement de la santé. Ces 4 domaines ont fait l’objet d’échanges dans des panels composés de membres du Gouvernement, de représentants des agences du SNU, de la société civile, du secteur privé et des ONGs.
D’enrichissants échanges ont été menés autour des défis et perspectives pour la mobilisation des ressources nationales pour le financement de la santé au Burundi, du renforcement du système de santé et gestion rationnelle des ressources disponibles, de l’équité dans l'accès aux soins et la protection financière, de la gouvernance, leadership et coordination du système de financement de la santé. Ces discussions techniques ont été conclues par la présentation d’une série de pistes de solutions pour soutenir le Burundi dans sa marche vers l'augmentation des ressources domestiques pour le secteur de la santé, à l'attention du gouvernement du Burundi. Au nombre de celles-ci, nous pouvons citer, entre autres :
- Finalisation et adoption de la stratégie nationale de financement de la santé en intégrant les recommandations du présent dialogue ;
- Instauration de la loi instituant l’assurance maladie obligatoire en vue d’accélérer les progrès vers de la couverture sanitaire universelle au Burundi ;
- Accroissement de la proportion du budget de l’Etat alloué à la santé en vue d’atteindre au moins les 15% de la Déclaration d’Abuja d’ici 2030 ;
- Création des conditions favorables à une participation accrue du secteur privé dans le financement de la santé ;
- Amélioration de l’allocation des ressources en fonction des besoins prioritaires pour la santé de la population tout en privilégiant les interventions sanitaires préventives et promotionnelles à haut impact ;
- Renforcement de la participation et l’engagement communautaire dans l’offre de service de santé et la promotion de la couverture du risque maladie ;
- Mise en place d’une loi hospitalière en vue d’améliorer la motivation et la rétention du personnel de santé ;
- Renforcement des mécanismes existants de coordination interministérielle et multisectorielle et de prise de décision, de suivi de l’exécution des financements et de contrôle, etc.
Ces engagements pris seront développés dans un plan d'action dont la mise en œuvre sera supervisée conjointement par le gouvernement du Burundi et ses partenaires, la Commission de l'Union africaine et le secrétariat de l’EAC.
Clôturant les travaux de ce dialogue national sur le financement de la santé, le Vice-Président du Burundi, SE Prosper BAZOMBANZA, s’est réjoui de la tenue de ces assises qui a permis de générer des idées novatrices pour accroître les fonds alloués à la santé en vue de tendre vers la couverture sanitaire universelle.
Il a en outre réaffirmé l’engagement du Gouvernement en faveur de la mobilisation des ressources nationales pour la santé dans le cadre de la mise en œuvre des quatre objectifs de l’ALM et les 10 engagements de la Déclaration ALM qui fournissent des orientations de haut niveau sur les domaines sur lesquels concentrer les réformes du financement de la santé.
Notons que ce dialogue national de haut niveau a connu la participation effective du Ministre de la santé publique et de la lutte contre le Sida, de celui en charge de la solidarité, des représentants du Ministère des finances, de la Défense et de la Jeunesse et d’autres organes étatiques et du secteur privé intervenant dans le domaine de la santé au Burundi.