Burundi : des progrès pour réduire la mortalité due au choléra
« Un beau matin, j’ai commencé à avoir la diarrhée et des vomissements. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je ressentais une forte fatigue et des douleurs », raconte Geoffroy Havyarimana, sur son lit au Centre de traitement du choléra (CTC) de Bujumbura. Le trentenaire, originaire du quartier Kamenge dans la capitale Burundaise, avant de se rendre au CTC, comme il soupçonnait le choléra, il a commencé à boire beaucoup d’eau comme recommandé lors des séances de sensibilisation.
Le 1er janvier 2023, le Burundi avait déclaré une épidémie de choléra, qui plus d’un an après, reste toujours active. Depuis 12 districts sanitaires sur les 49 que compte le pays ont été affectés, mais actuellement un seul district sanitaire, celui de Bujumbura, continue de rapporter des cas. Le choléra a toujours été endémique au Burundi. Les provinces les plus souvent affectées sont situées le long du lac Tanganyika et de la rivière Rusizi.
« Cette situation est due à certains facteurs liés aux conditions environnementales déplorables qui sévissent dans la plaine de l’Imbo plus spécialement sur le littoral du lac Tanganyika », explique le Dr Parfait Shingiro, Chef de service Information Sanitaire et communication du Centre des Operations d’Urgence de Santé Publique (COUSP). « Dans cette partie du pays, la nappe phréatique est assez proche du sol, rendant très difficile la construction de latrines adéquates. »
Par ailleurs, la localité de Gatumba, située à 15 km à l’Ouest de Bujumbura, est souvent affectée par de graves inondations causant des débordements des contenus des latrines qui se déversent dans le Lac Tanganyika. En raison du manque de points d’eau potable dans la zone, les ménages sont obligés de boire l’eau polluée du lac. A ces facteurs s’ajoutent d’autres d’ordres socio-écologiques relatifs à la surpopulation rendant ainsi les conditions d’hygiène et d’assainissement très précaires.
Des conditions favorables au choléra, une maladie que le pays s’efforce de contenir tout en limitant les décès. Selon le rapport de situation (SITREP) en date du 10 mars 2024, le pays a enregistré, depuis le début de l’épidémie déclarée en janvier 2023, un cumul de 1456 cas dont 10 décès. Soit un taux de létalité estimée à 0,7 %.
Le maintien du taux de létalité en dessous de 1 %, tel que recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), est le résultat des actions menées dans divers domaines notamment la détection précoce et la prise en charge rapide des cas. Pour se faire, le Gouvernement a installé des CTC dans les 9 localités qui constituent la « ceinture du choléra » pour une prise en charge adéquate. « La prise en charge médicamenteuse est gratuite et dans certains cas, suivant l’ampleur de l’épidémie, les patients bénéficient également d’une prise en charge nutritionnelle pour éviter la propagation de la maladie », indique le Dr Severin Bihorubusa, Médecin traitant au CTC de Bujumbura, qui a une capacité de 30 lits.
En plus de ces dispositions pratiques pour contenir l’épidémie, le Burundi s’est doté d’un plan stratégique multisectoriel pour l’élimination du choléra d’ici à 2030. Ce plan, appuyé par des partenaires, a pour objectif de réduire de façon considérable la morbidité liée au choléra.
L’OMS soutient le pays à travers des interventions de riposte relatives aux dons de médicaments pour la prise en charge des cas, aux formations des travailleurs de la santé, à la mise en œuvre des approches pour l’amélioration de l’hygiène et de l’assainissement dans les localités affectées, au renforcement de la détection et le référencement rapide des cas et au plaidoyer pour un accès à l’eau potable dans les zones qui en sont dépourvues.
« La lutte contre le choléra est une lutte multisectorielle. Pendant que nous soutenons la prise en charge des patients pour éviter les décès, nous renforçons aussi les mesures de prévention comme l’assainissement et l’hygiène pour contenir l’épidémie », déclare le Dr Jim Thierry Ntwari, Chef d’équipe pour la préparation et la riposte aux urgences sanitaires du Bureau de l’OMS au Burundi. « La sensibilisation et l’engagement communautaire sont des piliers que nous prenons en compte. »
Geoffroy, guéri, est sur le point de quitter le CTC de Bujumbura. Maintenant, il maîtrise les comportements à éviter pour se protéger de cette maladie. « Désormais, je vais faire attention à ce que je mange et surtout à l’eau que je bois. Si je ne trouve pas de l’eau potable, je vais en acheter avec mon argent », dit-il. « J’ai aussi entendu dire qu’il existe un vaccin contre le choléra. Pourquoi ne pas alors se faire vacciner pour être à l’abri de cette maladie ? »
OMS Burundi
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Bureau régional pour l'Afrique
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