Lutte contre le paludisme : un nouvel engagement
Du 4 au 7 mars 2024 s’est tenue à Yaoundé, une Conférence ministérielle sur le paludisme. Les assises ont débouché sur une Déclaration forte. Retour sur les assises de la capitale camerounaise.
Quatre jours d’activités intenses, une déclaration ferme, un objectif : éradiquer le paludisme. La Conférence ministérielle de Yaoundé sur le paludisme du 4 au 7 mars 2024, est visiblement un tournant dans la lutte contre le paludisme. Un moment de plaidoyer et haut niveau et un engagement des politiques face à cette pandémie. Durant quatre jours, des représentants des 11 pays africains (Burkina Faso, Cameroun, Ghana, Mali, Mozambique, Niger, Nigéria, Ouganda, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Soudan) les plus touchés par le paludisme et l’Inde, ont pensé des stratégies. Les assises de Yaoundé se sont tenues autour du thème : « Lutter contre le paludisme dans les pays les plus durement touchés par la maladie ». Aux noms de leurs pays respectifs, les ministres et chefs de délégation présents à Yaoundé, se sont, à la fin des travaux, formellement engagés à mener une action concertée afin que plus personne ne meure de cette maladie.
Les pays réunis à Yaoundé sont collectivement responsables de plus de 70 % de l’incidence mondiale du paludisme et de 73 % de la mortalité palustre mondiale. En 2022, environ 166 millions de cas de paludisme et 423 000 décès imputables à la maladie sont survenus dans ces 12 pays. Comme pour redire que la malaria constitue un problème majeur de santé publique en Afrique sub-saharienne en particulier, étant donné que cette région est à l'origine de plus de 90% de décès enregistrés sur le continent.
L'engagement pris par leurs représentants à travers la Déclaration de Yaoundé repose sur sept différentes actions : renforcer la volonté politique pour l'augmentation des ressources nationales consacrées à la lutte contre le paludisme ; assurer l'utilisation de l'information à des fins stratégiques ; fournir de meilleures orientations techniques ; renforcer la coordination et l'action multisectorielles ; renforcer les systèmes de santé nationaux; établir des partenariats fondés sur la collaboration pour la mobilisation des ressources, la recherche et l'innovation et garantir l'existence d'un mécanisme efficace de responsabilisation concernant le paludisme.
Parce que la Déclaration de Yaoundé est un engagement politique en actions et en ressources financières, toutes ces actions devraient permettre – tel est le souhait des participants à cette rencontre internationale de haute importance – d'inverser les tendances actuelles de la maladie et de mettre fin aux décès dus au paludisme d'ici 2030.
C'est d'ailleurs l'objectif poursuivi par cette Conférence ministérielle sur le paludisme ouvert par le Premier ministre, chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute au nom du président de la République du Cameroun, Paul Biya. Cette haute représentation démontre à suffisance, la détermination du pays hôte, exprimée au plus haut sommet, de mettre le paludisme hors de nos frontières. En effet, selon les chiffres du Ministère camerounais de la Santé publique, avec un taux de prévalence de 26,1% en 2022, plus de 2 millions de cas et 1756 décès dus au paludisme en 2023, le Cameroun fait partie des 12 pays ayant le plus lourd fardeau dans le monde. Ce n'est donc pas un hasard si l'Organisation Mondiale de la Santé et ses partenaires ont choisi le Cameroun pour ce grand momenat.
L’un des temps forts de cette Conférence est aussi sans doute la diffusion du message du Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé. Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, tout en saluant cette initiative et a appelé à une mobilisation des ressources pour éradiquer le paludisme.
À travers deux sessions portant sur les thématiques : « situation, progrès et défis concernant le paludisme » et « stratégie et riposte pour prévenir la mortalité palustre en Afrique », les différents intervenants et participants ont tablé sur les voies et moyens à adopter pour l'éradication du paludisme en Afrique. Le continent compte à lui seul 11 pays sur les 12 les plus impactés au monde par cette maladie.
Au cours des dernières décennies, parmi les engagements en faveur de la lutte contre le paludisme figurent notamment la Déclaration d’Abuja de 2000, qui appelait les chefs d’État de l’Union africaine à allouer au moins 15 % de leurs budgets publics à la santé, ainsi que l’Agenda 2063 de l’Union africaine axé sur la couverture sanitaire universelle (CSU). La Déclaration d’Astana de 2018, le Sommet de Kigali de 2021 sur le paludisme et les maladies tropicales négligées et le Sommet de l’Union africaine de 2023 à Addis-Abeba ont également préconisé l’affectation de ressources et le renforcement des systèmes de santé afin de garantir une approche inclusive, concrète et efficace pour améliorer la santé physique et mentale des populations.
La Déclaration de Yaoundé de mars 2024 est un tournant majeur dans la lutte contre le paludisme, au regard de l’engagement politique aux sommets des Etats qu’elle a suscitée.