Journée mondiale de la sécurité des patients 2022

Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique

Le 17 septembre de chaque année, le monde entier célèbre la Journée mondiale de la sécurité des patients afin de sensibiliser le grand public à l’importance des soins centrés sur la personne et de prévenir les dommages causés aux patients.

Le thème retenu pour l’édition de cette année, à savoir la sécurité médicamenteuse, avec pour slogan « Les médicaments sans les méfaits », appelle expressément l’attention sur la nécessité d’améliorer les systèmes pour renforcer la sécurité médicamenteuse et lutter contre les pratiques dangereuses de médication. Les trois principaux domaines d’action sont les situations à haut risque, les transitions au cours de la prise en charge et la polychimiothérapie (qui est l’utilisation simultanée de plusieurs médicaments). La polychimiothérapie est particulièrement fréquente chez les personnes âgées souffrant de maladies chroniques.

Les erreurs de médication sont le plus souvent dues à la précarité des systèmes de médication et sont aggravées par le manque de professionnels de la santé qualifiés, ainsi que par les mauvaises conditions de travail et environnementales liées à la prestation de soins de santé de qualité. Par conséquent, les droits des patients à une médication sans préjudice peuvent être compromis par des pratiques inappropriées de prescription, de transcription, de délivrance, d’administration et de surveillance des médicaments.

Selon les estimations mondiales, les erreurs de médication sont à l’origine de plus de trois millions de décès chaque année, une situation aggravée par des systèmes de santé débordés pendant la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID‑19).  Environ un cas sur quatre de préjudices évitables liés à la médication est grave sur le plan clinique ou parfois mortel.


Si les données sont limitées pour le continent africain, il est généralement reconnu que l’ampleur des pratiques dangereuses de médication est élevée. Parmi les pays à revenu faible ou intermédiaire, ceux de la Région africaine présentent la plus forte prévalence de médicaments contrefaits et de qualité inférieure (18,7 %). 
La consommation excessive de médicaments à domicile, l’achat de médicaments en pharmacie sur la base des conseils d’amis et de parents plutôt que de professionnels formés et l’utilisation d’anciennes ordonnances pour acheter des médicaments en vue de traiter une maladie actuelle sont autant de pratiques courantes qui devraient être évitées. 


Il ressort d’une étude réalisée en 2021 qu’un répondant sur trois a reconnu avoir pratiqué l’automédication pour prévenir la COVID‑19.  Cette proportion est beaucoup trop élevée dans la mesure où ces pratiques non encadrées entraînent souvent des conséquences dangereuses du fait d’interactions médicamenteuses ou d’une administration, d’un dosage ou d’un choix de traitement inapproprié. Les conséquences impliquent les retards dans le traitement des maladies, la dépendance et les abus, le handicap et même le décès. 


La faiblesse des systèmes de médication et/ou les facteurs humains sont les principaux facteurs de pratiques dangereuses. De plus, de nombreux pays n’ont pas la capacité de détecter, d’évaluer et de prévenir les problèmes liés à la sécurité médicamenteuse.  Parmi les autres facteurs figurent la fatigue, l’inadéquation des connaissances et de la formation, le manque de personnel, les distractions au travail, la forte charge de travail et les ressources limitées. 


L’analphabétisme, les difficultés linguistiques, tout comme les croyances socioculturelles et religieuses y jouent également un rôle. 
D’après les estimations actuelles, 42 milliards de dollars É.-U. peuvent être économisés sur les dépenses de santé totales dans le monde si l’on évite les erreurs de médication.  La campagne « Les médicaments sans les méfaits » vise à réduire les préjudices graves évitables liés à la médication de 50 % à l’échelle mondiale au cours des cinq prochaines années, grâce à des activités et des interventions axées sur trois domaines : les patients et le public ; les professionnels de la santé ; les médicaments, les systèmes et les pratiques médicamenteuses. 


À l’OMS, nous œuvrons de concert avec les États Membres pour mettre en œuvre le Plan d’action mondial pour la sécurité des patients 2021-2030. Une stratégie et une feuille de route régionales pour la sécurité des patients sont en cours d’élaboration pour éclairer la mise en œuvre.

Parmi les faits marquants notables figure le soutien à la mise en place effective des autorités nationales de réglementation pharmaceutique en renforçant les capacités de réglementation et en encourageant l’harmonisation et la coopération en matière de réglementation. Le renforcement des systèmes de réglementation permet d’éliminer les obstacles qui entravent l’accès à des produits médicaux sans danger, efficaces et de qualité. 

L’OMS a mis au point des outils grâce auxquels les États Membres peuvent mener des analyses comparatives concernant les autorités nationales de réglementation afin de cerner leurs forces et de concevoir des plans pour pallier les insuffisances. Le Ghana, le Nigéria et la République-Unie de Tanzanie ont déjà atteint le niveau de maturité 3, ce qui indique que leurs systèmes de réglementation fonctionnent bien et qu’ils intègrent les éléments nécessaires pour une performance stable. Ces pays sont ainsi moins vulnérables aux produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés.

Jusqu’à présent, 39 États Membres ont établi des listes de médicaments essentiels liées aux guides thérapeutiques normalisés, tandis que 25 ont mis au point des formulaires médicaux nationaux qui fournissent des orientations sur la sélection des médicaments à acheter, ainsi que sur les bonnes pratiques en matière de prescription et de délivrance. 

Les efforts visant à renforcer le rôle des technologies sanitaires dans la prise de décisions concernant la médication, y compris les initiatives visant à réduire la résistance aux antimicrobiens, ont permis à huit pays de bénéficier d’un accompagnement pour la mise en œuvre de programmes de gestion responsable centrés sur les antimicrobiens au niveau national comme au niveau des établissements de santé.

L’OMS soutient aussi l’amélioration générale des mesures de lutte anti-infectieuse, notamment la sécurité en cas d’injection, dans tous les États Membres.
L’appel à l’action de la campagne mondiale est « INFORMEZ-VOUS. VÉRIFIEZ. DEMANDEZ. » Les patients, leurs aidants et les professionnels de la santé (par exemple le personnel infirmier, les médecins, les pharmaciens) sont ainsi encouragés à contribuer activement à des pratiques et à des processus d’utilisation des médicaments plus sûrs.


Dans le cadre des efforts déployés par l’OMS dans la Région africaine en vue de la couverture sanitaire universelle et de l’atteinte des objectifs de développement durable, la sécurité des patients sera une priorité dans les interventions suivantes :
•    FAIRE PRENDRE CONSCIENCE de la charge importante que représentent les préjudices dus aux erreurs de médication et aux pratiques dangereuses, et PLAIDER pour que des mesures soient prises au plus tôt dans le but de renforcer la sécurité médicamenteuse.
•    ASSOCIER les parties prenantes et les partenaires à l’action menée pour éviter les erreurs de médication et limiter les préjudices qu’elles causent.
•    DONNER LES MOYENS aux patients et aux familles de jouer un rôle actif dans l’usage sans danger des médicaments.
•    APPLIQUER PLUS LARGEMENT le programme de l’OMS « Sécurité des patients – un défi mondial : les médicaments sans les méfaits ».
•    PROMOUVOIR la recherche opérationnelle pour éclairer la prise de décision et l’adoption de mesures relatives à la médication, avec une meilleure sécurité médicamenteuse liée aux comportements.


À l’occasion de cette Journée mondiale de la sécurité des patients, j’exhorte l’ensemble des parties prenantes à s’engager pleinement à l’atteinte des objectifs du Défi mondial pour la sécurité des patients : les médicaments sans les méfaits, lancé par l’OMS, et à accélérer les interventions nécessaires pour promouvoir des pratiques de médication sans danger. On ne saurait trop insister sur la nécessité de disposer de données et d’informations précises pour éclairer la prise de décision future et l’optimisation des traitements afin d’obtenir de bons résultats thérapeutiques dans la Région.

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