Le paiement mobile renforce l’efficacité des campagnes de vaccination en RDC
Kinshasa – En 2020, le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique a fait preuve d’innovation en introduisant les systèmes de transfert d’argent mobile dans la mise en œuvre de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP).
Pilotée dans trois pays au départ, la RDC, où l’initiative connait un succès, a rejoint le trio dans le dernier trimestre de 2020. Avec la mise en place de ce mode de paiement, les campagnes de vaccination réalisent de meilleures couvertures.
En RDC, le programme de paiement mobile a été lancé par le ministère de la Santé Publique, de l’Hygiène et de la Prévention en novembre 2020 et le début des paiements digitaux de masse est intervenu en mai 2022 lors de la campagne de vaccination contre la polio.
Depuis, 17 campagnes de vaccination ont utilisé ce mode de paiement. En mars 2023, près de 16 000 agents de terrain ont reçu leur paiement mobile à la suite de la campagne de vaccination contre la polio dans six provinces.
« Avec le paiement main en main, il était difficile de percevoir son dû en cas de déplacement ou d’absence. Ce qui n’est pas sans conséquence », relève Marie Claire Pungu, relais communautaire à Kinshasa. « L’argent n’est pas l’objectif ultime mais, reconnaissons-le, c’est une source de motivation supplémentaire », souligne-t-elle.
Son travail de relais communautaire consiste à mener des activités de sensibilisation, d'information, d'éducation et de communication sur certaines maladies, pour susciter de meilleures pratiques de santé en vue de se faire vacciner.
Jusqu’en 2022, les agents de terrain pouvaient attendre jusqu’à sept jours voire plus, pour pouvoir rentrer en possession de leur dû. Ceci s’expliquait par le fait qu’il fallait convoyer l’argent dans la localité et le paiement main en main ou « Maboko banque » se faisait contre apposition de signature accompagnée des pièces d’identité justificatives. Avec le paiement mobile ce délai est réduit à 2 heures ou au plus une journée.
L’une des raisons principales qui justifie l’adoption du transfert d’argent mobile est le fait que les paiements en espèces posent des défis opérationnels allant du risque de détournement et de fraude jusqu’à des retards dans le paiement des agents de terrain et aux risques sécuritaires liés au transport physique de sommes importantes, sans oublier les coûts administratifs élevés, en particulier les coûts de transport des fonds vers le lieu de distribution, ainsi que les processus de justification des dépenses.
« Le paiement mobile crédibilise le travail de l’OMS, limite les risques de fraude, motive les acteurs et nous permet d’être plus efficace et de donner plus de résultats sur le terrain », explique Pierre Lessimi, chargé des opérations au Bureau de l’OMS en RDC. « Il donne une situation en temps réel des paiements, garantit la transparence des opérations et nous permet d’être efficient dans le rapportage. »
Le processus est simple. En RDC, les agents de terrain sont enregistrés sur la plateforme appelée Dimagi (Commcare) et dès la fin de la campagne de vaccination, leur dû est disponible dans leur portefeuille électronique.
« Les agents de terrain sont motivés de recevoir la totalité de leur perdiem et cela favorise leurs interventions lors des activités de masse en rapport avec la lutte contre les maladies évitables par la vaccination », souligne le Dr Eddy Makengo, Médecin coordonnateur provincial du Programme Elargi de Vaccination (PEV) à Kinshasa.
De trois pays en 2020, 28 pays de la Région africaine sont passés au paiement mobile en 2023, avec près de 1,5 millions d’agents de terrain enrôlés dans 23 pays et plus de 760 000 agents payés lors de campagnes de polio dans 15 pays. Le paiement digital a prouvé qu’il est le mode de paiement du futur qui allie efficacité dans les campagnes, transparence et la motivation des prestataires de terrain.
Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, avec l’appui de la Fondation Bill & Melinda Gates, s’est engagé à faire de l’utilisation de moyens de paiement numériques l’un des axes spécifiques de l’appui opérationnel qu’il fournit aux 47 pays de la Région, conformément à la Stratégie mondiale pour la santé numérique.
En RDC, comme dans beaucoup de pays de la Région, tout le territoire n’est pas totalement couvert par un réseau de téléphonie mobile. Dans ces « déserts », le paiement en espèces demeure la seule alternative pour rémunérer les prestataires de terrain, avec tous les risques et tracasseries que cela comporte.
« Les acquis de ce système de paiement digital en RDC sont très encourageants, en dépit des contraintes, nous couvrons 99 % du pays, avec une réduction significative des délais de paiement, améliorant ainsi la redevabilité, avec, à la clé, la transparence et la fiabilité », a déclaré Dr Boureima Hama Sambo, Représentant de l’OMS en RDC. « Tous les Congolais où qu’ils soient sur le territoire national doivent être protégés contre les maladies évitables par la vaccination. Nous avons l’obligation de ne laisser personne de côté. ».