Au Burkina Faso, des structures sanitaires jadis fermées reprennent service dans la Boucle du Mouhoun

A man carrying medical boxes
OMS Burkina Faso/Kabore Laurette
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Au Burkina Faso, des structures sanitaires jadis fermées reprennent service dans la Boucle du Mouhoun

Gossina – A la suite du déguerpissement forcé de son village par des groupes armés non identifiés, Leila D* avait trouvé refuge chez sa sœur dans le village de Niaré, où elle était dorénavant en sécurité. Un répit de courte durée pour la jeune déplacée interne qui souffrira de douleurs pelviennes quelques semaines plus tard.

Dans cette localité de la région de la Boucle du Mouhoun, aucune structure de soins n’était plus fonctionnelle. « Quand le CSPS a fermé, on faisait de l’automédication ou nous consultions des tradipraticiens » affirme la jeune femme originaire de Kougny, un village classé parmi les zones à défis sécuritaires dans cette région du Burkina Faso.

Selon le rapport du Centre d’opérations et de réponse aux urgences sanitaires (CORUS) sur la fonctionnalité des formations sanitaires, le Burkina Faso comptait 485 structures sanitaires fermées, saccagées ou fonctionnant à minima au 31 décembre 2023. Un vrai défi pour le système de santé du pays. Un défi double pour près de 2.062.534 personnes déplacées internes (PDI) et communautés hôtes déjà affectées par la situation sécuritaire, selon les données du CONASUR datant du 31 mars 2023.

Dans les zones jadis inaccessibles du fait de la situation sécuritaire, le pays a entamé la réouverture progressive des structures de soins. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) accompagne le Burkina Faso dans cet élan, avec les financements de partenaires tels que la Direction générale pour la protection civile et les opérations d'aide humanitaire européennes de la Commission européenne (DG-ECHO).

Jusqu’à la réouverture du CSPS de Niaré, le cas de Leila D* n’était pas une exception dans le District sanitaire de Toma, encore moins dans les zones privées de structures sanitaires par la crise sécuritaire au Burkina Faso. Quand bien même il y aurait eu une structure sanitaire pour l’accueillir, elle n’aurait pas eu les moyens de payer pour ses soins. « Je suis surtout contente de la gratuité de la consultation et des médicaments, car je suis une personne déplacée interne sans ressources » témoigne Leila D* avec une pointe de soulagement une fois la consultation terminée.

C’est donc avec meilleure mine qu’elle quitte le Centre de santé, son paquet de médicaments entre les mains. « Ces médicaments et matériels médicotechniques ont été acheminés par voie aérienne dans les zones difficiles d’accès avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé et les financements de ECHO » indique Dr Patrice Nana, Chargé des urgences sanitaires pour l’OMS dans la région. Un obstacle de moins pour Leila D* et les autres malades venus consulter dans les cinq CSPS réouverts avec l’appui de l’OMS. « Sans ces médicaments, il leur aurait été quasi impossible de suivre leur traitement jusqu’à terme » rajoute Dr Nana.

Dans chacun des cinq CSPS, une vingtaine de personnel de la réserve sanitaire constitués d’infirmiers, de sage-femme/maïeuticiens, d’agents itinérants de santé et de personnel de soutien déployés avec l’appui de l’OMS grâce aux fonds de ECHO sont également à l’œuvre. Dans les tentes médicalisées et les bâtiments rénovés avec le concours du projet, ces agents de santé effectuent les consultations, traitent les maladies, conseillent ou vaccinent.

« Les affections les plus courantes que nous traitons sont la pneumonie, les affections de la peau et le paludisme. Nous recevons en moyenne une vingtaine de malades par jour, un chiffre qui peut aller à la hausse en fonction des saisons » indique M. Issa S*, l’infirmier chef de poste du CSPS de Gossina, qui fonctionne 24/7.

Entre les mois de mai 2023 - début de l’intervention - et avril 2024, M. Issa et ses 104 autres collègues répartis dans les CSPS de Gossina, de Niempourou, de Tissi, de Saoura et de Niaré auront permis à près de 21 203 PDI et populations hôtes d’avoir à nouveau accès aux soins de santé.

Dans les zones inaccessibles par les acteurs conventionnels de la santé, une cinquantaine d'agents de santé à base communautaire (ASBC) conduisent des sensibilisations communautaires, animent des causeries éducatives et procèdent à la vaccination des tous petits. En sus des formations/recyclages, ces agents communautaires ont été dotés en kits de prise en charge intégrée des maladies de l'enfant (PCIME), en crédits de communication et en carburant pour renforcer la stratégie de soins et la transmission des données du niveau communautaire.

Pour les femmes enceintes qui n’arrivent pas à joindre le CSPS, 25 accoucheuses villageoises ont été préparées à prendre le relais « Grâce à la formation reçue du projet, je sais maintenant que lors des accouchements, je dois me désinfecter les mains et porter du matériel de protection comme des gants » témoigne maman Mariam D*, l’une des accoucheuses traditionnelles du village. « J’ai appris beaucoup de nouvelles choses lors de la formation. Par exemple, j’ai appris à systématiquement rechercher les signes de danger chez la femme et le nouveau-né. J’ai aussi appris à éliminer les déchets biomédicaux issus de l’accouchement. » ajoute-t-elle.

Pour soutenir le personnel déployé sur le terrain, le projet a également prévu un conseiller en accès humanitaire, qui facilite la circulation des acteurs de la santé. « Accompagner le Burkina Faso dans la réouverture des structures sanitaires fermées, saccagées ou fonctionnant à minima est l’une de nos priorités » s’est réjoui le Dr Sonia Ouedraogo, chargée des urgences sanitaires au Bureau-pays de l’OMS au Burkina Faso. « Chaque structure sanitaire remise en service est une bouffée d’oxygène pour ces populations vulnérables et démunies qui ont à nouveau accès aux soins de santé de base. Nous prenons également à cœur les questions de santé mentale, d’où la présence d’un conseiller en soutien psychosocial et santé mentale pour le personnel et les patients » précise-t-elle.

*Les noms originaux ont été changés pour préserver leur anonymat.

A medical center under renovation
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Francine M. TCHOUTA

Spécialiste de la Communication

Bureau de l'OMS au Burkina Faso

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